Avec la signature de GARDENJIA, Memorial Records est un « nouveau » label italien qui avait su rentrer dans mon estime. Malheureusement, le soufflé va bien vite retomber avec ce second promo. Il s’agit du premier album d’UNCONVENTIONAL DISRUPTION, groupe milanais existant depuis 2007. D’emblée, la bio est un tantinet prétentieuse. Le groupe dit avoir été formé pour créer du matériel « frais, nouveau et sous-accordé », bref du Math-Metal (qualifié de « sick ») tout ce qu’il y a de plus banal. Certes en 2009, à la sortie de leur premier EP In A Life Of Death To Nothing le Djent venait tout juste d’exploser mais bon… Après avoir reçu « des réactions positives de toute la scène underground » (toute ? il doit bien y avoir un village qui a résisté à l’envahisseur non pas romain mais milanais), le groupe a continué à créer des « killer » riffs dans une recherche « du mix parfait entre complexité technique, groove et violence ». Et leur seul but depuis le début est « d’apporter aux masses la violence musicale ». Certes.

L’intro de Flood To Euthanasia simplement nommée "Introduction to Euthanasia" démarre par des pleurs et cris féminins et là je tiens déjà une bonne vanne style « signe d’un album qui va vous faire pleurer ». UNCONVENTIONAL DISRUPTION pratique un Math-Metal mâtiné de Deathcore bien brutal et lourd, sorte de mix entre BURNING SKIES, du Djent et le MESHUGGAH le plus sombre voire des trucs Brutal-Death un peu foufous genre WORMED. Rien de franchement novateur jusque là, y compris pour le chant qui fait penser au trouzemille chanteurs deathcore avec un chant mi-death mi-gueulé, ou à quelques occasions à un Patrick Mameli qui s’essayerait au grunts Slam Death. Hormis quelques gruik-gruiks bien gras les growls et hurlements deviennent bien vite rébarbatifs, et ce n’est pas tout. Le groupe italien (*sic*, encore) ne fait qu’aligner blasts et plans syncopés brutaux et lourds, en plus de quelques breakdowns deathcore bien attendus. Autant dire que même si c’est rentre-dedans à souhait ça devient bien vite lassant, c’est archi-répétitif d’autant que ça sonne déjà-entendu à la base. Certains morceaux comme "Don’t Be Afraid to Kill A Dead Man" paraissent donc interminables même si aucun ne dépasse 4 minutes trente. Et pour emballer le tout inutile de dire que nous avons affaire à une prod particulièrement surgonflée qui étouffe les tympans…

UNCONVENTIONAL DISRUPTION essaie de se sortir de la mélasse « Brutal-Math-Deathcore » en se la jouant alambiqué avec le renfort de quelques sweepings ("Honor of Disgust"), mais on a pas vraiment envie de tendre la main pour l’aider. Desfois ça marche, comme pour le début de "Charge of Hypocrisy" qui envoie bien, ou les breakdowns efficaces de "Insect’s Grin", mais Flood To Euthanasia est un disque pas franchement inspiré, presque monocorde, qui en plus trouve le moyen de balancer un sempiternel lead Thordendalien ("Don’t Be Afraid to Kill A Dead Man"). On peut saluer l’effort du groupe pour créer quelque chose de résolument violent, écrasant et rentre-dedans sur une base Math-Metal, mais il faut bien plus qu’une grosse poignée de riffs syncopés appuyés et des lignes de chant bordéliques pour convaincre. En un peu moins de 31 minutes, Flood To Euthanasia fait surtout office de défouloir dans une scène Deathcore/Djent critiquée pour son côté aseptisé, mais UNCONVENTIONAL DISRUPTION est hélas loin d’être un groupe véritablement digne d’intérêt. En tempérant sa brutalité, en travaillant un peu plus ses compositions et ses arrangements, et en réglant un peu mieux les manettes de mixage, peut-être que la formation milanaise pourra sortir du lot…


Rédigé par : ZeSnake | 11.5/20 | Nb de lectures : 11601