« I wanna talk to the boss, right now ! »

Ouais, maintenant c’est comme ça que les groupes s’adressent à VS pour se faire chroniquer leur album. Et difficile de ne pas répondre à la demande lorsqu’un groupe commence son album de cette manière. Et UNCOLORED WISHES a bien raison de vouloir se faire entendre, car leur musique est de qualité et le groupe trop peu connu. Formé en 2004 (initialement sous le nom SYNOPSIS), les 5 Lyonnais ont déjà un album à leur actif, World Under Control, datant de 2006 et chroniqué en ces pages par Shaka. 6 années séparent donc World Under Control de leur second méfait, Fragrance, apparemment prêt depuis 2011, mais ce n’est qu’aujourd’hui que je reçois le CD promo de leur second méfait, sorti par le biais de Pervade/Manitou.

D’emblée, il va être difficile de classer UNCOLORED WISHES dans une case précise. C’était il me semble déjà le cas avec World Under Control (que je ne connais pas) et Fragrance va enfoncer le clou. Le groupe cite sur son facebook des influences comme RAMMSTEIN, MARILYN MANSON, PORCUPINE TREE et SYSTEM OF A DOWN. Ça vous parle ? Ben c’est pas tout à fait ça. Disons plutôt que UNCOLORED WISHES pratique sur une base Metal progressif un melting-pot de divers éléments incluant des passages plus sympho, électroniques ou divers styles de Metal, allant du prog mélodique vers des trucs plus extrêmes. Nous ne sommes pas en présence de Metal foufou, de Circus-Metal ou de trucs plus barrés avec changements de plans à foison, UNCOLORED WISHES gardant une ligne directrice tout au long de Fragrance et restant même plutôt accessible pour un style difficile à définir. Au final je pense surtout à du DEVIN TOWNSEND avec un chant plus heavy, qui aurait remplacé les relents de SYL par du Metal un peu théâtral comme certains morceaux de THERION ou encore les projets de Snowy Shaw. Le résultat est plutôt original, très personnel, et bien évidemment très bonnard et sympathique.

Les 10 morceaux de Fragrance s’enchaînent sans temps mort. UNCOLORED WISHES ne part pas dans tous les sens et les morceaux restent très contrôlés, avec des structures simples. Ce qui n’empêche pas l’incursion de quelques éléments faisant l’originalité du projet, notamment ces claviers très variés, ou d’autres petits trucs comme un passage narratif au début de l’épique "Sakountala" (une lettre de Camille à Paul Claudel). Et des morceaux forts sont présents, comme l’excellent "Stars & Stripes On Iwo Jima" avec son refrain entraînant et ses claviers cosmiques, "Fragrance" et ses divers violons, le plus progressif "Red Doll Romanov" avec un superbe chant clair, et surtout le final détonant avec le SOADesque "Spiritual Food" et surtout le génial "Hudson Lowe". Le tout toujours porté par la voix de Marc, qu’on pourra trouver irritante, mais pourtant n’étant pas fan de ce type de chant je trouve qu’il sied très bien à la musique de UNCOLORED WISHES.

Bref, si vous cherchez du Metal progressif un peu heavy et un peu barré (mais pas trop), Fragrance est un album fait pour vous. UNCOLORED WISHES semble ne pas se lâcher totalement, en faisant une musique colorée et ambitieuse qui reste pourtant bien dans les clous, presque timorée par moments. Mais les compos et les arrangements sont là, avec des musiciens qui maîtrisent leur sujet très personnel, avec notamment un jeu de batterie parfait (porté par une bonne prod). Pas fait pour toutes les oreilles, ou plutôt fait pour des oreilles averties, Fragrance est un album au minimum sympathique, au plus très prometteur car à mon avis le groupe est encore capable de mieux. Bon album quoi qu’il en soit.


Rédigé par : ZeSnake | 14.75/20 | Nb de lectures : 13333