Récemment, lors d’une discussion à propos de Devin Townsend, mon bon camarade Georges me confiait fort à propos cette pensée particulièrement intéressante : « Je n’ai jamais accroché à ce qu’il faisait, mais aujourd'hui, c’est devenu impensable de dire ça : Devin Townsend, c’est comme Jacques Brel, personne ne dit jamais : « J’aime pas Jacques Brel », on n’a presque pas le droit de penser ça. ».

Il en va un peu de même avec les groupes « des origines », ceux-là même qui ont participé de près ou de loin à l’émergence puis à l’essor d’un style aujourd’hui devenu aussi culte que tentaculaire, en l’occurence le metal extreme suédois. Il suffit de lire le CV des membres d’Unanimated pour comprendre que ces gars-là ont baigné dans le chaudron magique. Formé en 1988, ses membres ont traîné leurs guêtres à clous dans des formations telles que Entombed, Dismember, Desultory ou encore Merciless, tous parmi les pères fondateurs du genre. Auteur de deux albums sortis respectivement en 1993 et 1995, la formation revient aujourd’hui, quatorze longues années plus tard, grossir les rangs des grands anciens surfant sur la vague inévitable du revival.

Alors bien sûr, le résultat ne saurait être mauvais. Putain, ce serait malheureux, vu le background affiché par les quatre Scandinaves ! On y retrouve même avec une certaine satisfaction ce riffing si caractéristique qui doit autant au black qu’au death, et qui a fait les beaux jours de groupes comme Dissection. La performance du combo ne semble aucunement poussive, certains riffs font mouche et nous ramènent immanquablement au bon souvenir du temps où, tu te souviens, j’avais pas de boulot, toi non plus, et on avait que ça qu’à foutre de picoler des bières en écoutant des disques.

C’était bien. Les photos nous font toujours marrer, de même que les anecdotes d’époque.

« In The Light Of Darkness », c’est un peu comme essayer à 40 piges de refaire la fête avec ses amis de l’époque où on en avait 25, en tentant de retrouver exactement le même état d’esprit. Dans le meilleur des cas, ça va marcher vingt minutes sur la soirée et le reste du temps on risque de se faire un peu chier, voire de revenir à la maison avec le vin triste et un gros coup de cafard. Le revival thrash nous a amené ces dernières années tellement de groupes de merde ou de reformations dispensables qu’on a envie de dire aux patriarches suédois : « Merci les gars, c’est vraiment sympa mais cette fois-ci on va plutôt se la jouer à la sécurité, et réécouter les vieilleries ». Sinon, les (nouveaux) disques de vieux riffs vont commencer à s’entasser, on ne distinguera plus le bon grain de l’ivraie, et tout le monde en fera les frais. Entre un futur incertain et une légende encore intacte, le choix est vite fait.


Rédigé par : Rahahaaz | 14/20 | Nb de lectures : 11613