ULVER, ah… ULVER : typiquement le genre de nom qui peut difficilement laisser indifférent. Il faut dire que depuis ses débuts, la bande à Garm s’est amusée à nous triturer le cerveau et à nous embrouiller menu à chaque sortie, la nouvelle étant toujours quasiment 100% différente de la précédente. Leur discographie est tellement éparpillé aux 4 coins de différentes scènes musicales qu’il est même difficile de dire « j’aime ULVER ». Oui, mais t’aimes quoi ? les disques Metal ? ceux plus électro ? ceux plus ambiant ? ceux plus expérimentaux ? tous ? naan, c’est pas possible ça… On peut adorer un disque comme on peut vivement en détester un autre, ce qui est mon cas (et attention, les lignes qui vont suivre représentent MON point de vue très tranché, alors merci d’avance de ne pas me tomber dessus pour de simples divergences de goûts les plus pures, absolues et inamovibles). Bergtatt est superbe, The Marriage Of Heaven And Hell est excellent et bien ficelé, Blood Inside est un quasi chef-d’œuvre ("Blinded by Blood" est une des plus belles pièces musicales qu’il m’ait été donné d’entendre). A côté de ça, Nattens Madrigal est une horreur tout simplement inaudible (même si les compos sont bonnes), Perdition City est franchement surestimé (de l’Electro/IDM sans grand intérêt), Shadows Of The Sun m’ennuie profondément. Et au niveau des EP et autres « soundtracks », il y a à boire et à manger, entre le génial A Quick Fix Of Melancholy et le bien bon Metamorphosis, et entre les lénifiants Silence Teaches You How To Sing et Silencing The Singing. Et il y a de bonnes choses dans Svidd Neger tout autant que Lyckantropen Themes est désespérément vide. Bref…

Pour son nouveau disque longue-durée, Wars Of The Roses (rien à voir avec le film de Danny DeVito excellent au demeurant), ULVER nous embrouille encore. C’est un disque de quoi cette fois-ci ? d’Electro ? d’ambiant ? Avantgarde ? Atmospheric Drone Jazz ? tout à la fois ? Bon allez, on va dire que c’est de la « Ulver Music », ça ira plus vite. A l’écoute du single/morceau d’ouverture "February MMX", je me suis dit que cet album allait le faire, il s’agit tout simplement d’un excellent titre d’ULVER avec un Garm au top, des sonorités avant-gardistes prenantes et une basse entraînante. Mais la suite est beaucoup plus variée et connaît quelques hauts et bas. ULVER expérimente encore, et il va falloir y trouver son compte. "September IV" présente des mélodies superbes, Garm est au top et la fin électro assez bizarre fait son effet. "England" est un très bon morceau porté par un piano très bien amené et par un jeu de batterie parfait. Les ambiances quasi « religieuses » fonctionnent à merveille tout au long du disque. Mais malheureusement, les autres morceaux sonnent assez creux, notamment "Norwegian Gothic" malgré les violons, et "Providence" dont le chant féminin est joliment placé tout comme le piano, mais la sauce ne prend pas. "Island" est également très vide. L’album se clôt d’ailleurs par une longue pièce de 15 minutes, "Stone Angels", avec des spoken-words sans intérêt mais avec des sonorités éthérées en fond assez prenantes, amenant une ambiance assez apocalyptique et cristalline sur la fin. Du mi-figue mi-raisin du début à la fin, entre les vocaux toujours inégalables de Garm et les sonorités électro maîtrisées, et entre de gros passages à vide avec des expérimentations sans grande saveur.

Wars Of The Roses est au final un peu léger dans sa globalité, un peu trop court (45 minutes en comptant la dernière qui en fait 15 et qui ne connaît pas beaucoup de variations, ça fait light), certes toujours aussi aventureux et différent des autres disques (même si on peut trouver des sonorités issues des deux précédents opus). Loin d’être un mauvais disque car Garm et ses acolytes maîtrisent leur sujet et savent composer quelques trucs assez réussis, mais le groupe ne va pas chercher vraiment très loin, alors qu’à mon avis il a le talent nécessaire pour pondre quelque chose de vraiment unique et novateur, et on était pas loin du compte sur Blood Inside. C’est donc un album correct d’ULVER qui devrait plaire aux fans, mais comme je le disais plus haut on peut très bien détester celui-ci tout autant qu’on adore d’autres albums et réciproquement. Plutôt facile d’accès (mais pas trop, ça reste du ULVER), souvent beau mais souvent vide aussi, Wars Of The Roses est un album à écouter pour se faire sa propre opinion, et pour savoir si on pense au chef-d’œuvre ou à la fumisterie. Je choisis le camp du milieu, trouvant cet album plutôt bien ficelé mais trop hétérogène pour convaincre totalement, tout en regrettant que l’intégralité du disque ne soit pas dans la même veine que le rythmé "February MMX". Et vous ?


Rédigé par : ZeSnake | 13/20 | Nb de lectures : 14589