Lentement mais sûrement, Neurotic records, en réunissant sous sa bannière un chapelet d’épées toutes plus effilées les une que les autres, est en passe de devenir le label européen de référence en matière de brutal death. Dernière recrue en date de la firme batave, voici les Néo-zélandais d’ULCERATE ; une formation que les masses avaient pu découvrir ou redécouvrir voilà une paire de mois avec la réédition sur un seul et même CD de leurs deux uniques démos.

Force est de constater que le quintet d’ULCERATE n’est pas du genre à brûler les étapes puisqu’après avoir été fondé en 2000, il engendre seulement aujourd’hui son tout premier album. Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’attente en valait la peine car « Of Fracture and failure » se trouve être une sacrée carte de visite initiant une carrière dont la portée pulvérisera sans doute possible les frontières de l’hémisphère Sud. De quoi provoquer une frénésie jubilatoire pour peu qu’on adhère aux propos développés ici.

Comme c’était déjà le cas pour « The Coming of Genocide », la réédition que j’évoquais quelques lignes plus haut, les penchants d’ULCERATE restent fermement ancrés dans le brutal death nord-américain des CRYPTOPSY, HATE ETERNAL et consorts. C’est à dire un métal extrêmement typé qui fait la part belle aux déferlantes techniques purement bestiales. A ces influences exemptes de tout pacifisme, il fallait ajouter un goût prononcé pour les dissonances et riffs épiques d’IMMOLATION pour arriver à la conclusion qu’ULCERATE était définitivement sur la bonne voie pour se faire un nom. Un essai transformé haut la main par cette première galette qui ne manquera pas d’attirer les feux de la rampe sur la Nouvelle-Zélande l’une nation les plus sous-estimée du métal extrême.

Avec « Of Facture and Failure », on ne retrouve pas exactement notre quintet là où s’étaient arrêtés les riffs de « The Coming of Genocide». Pendant les quelques trois années qui séparent ces deux enregistrements, nos Néo-Zélandais ont durement bûché sur leurs copies au point de ne garder qu’un seul et unique titre rescapé des deux démos. ULCERATE a fait place nette dans son répertoire pour parvenir à une forme de brutal death intelligemment structuré puisque le groupe a décidé d’agrémenter son style de passages plus calmes visiblement dans le but de mettre l’accent sur une autre facette que le groupe a intégré à son équation, celle d’un virulent chaos qui pointe, de façon récurrente, le bout de son malstrom.
Des changements également du côté du chant vu que les growls à la Ross Dolan (IMMOLATION, bande d’incultes) ont cédé place au registre vocal plus varié d’un nouveau chanteur adepte de growls et braillements en tout genre.

Mais la plus grande réussite d’ULCERATE réside incontestablement dans le développement qu’il fait de son métal durant les quelques 45 minutes de cet album. Implacable dans ses passes d’armes rythmiques fouillées comme dans ses accélérations fulgurantes, précis dans l’organisation de son chaos comme dans l’à propos de ses dissonances, méticuleux dans l’agencement de sa musique comme dans sa mise en place, ULCERATE s’impose comme un outsider de choix qui pourrait aussi bien trouver sa place dans la scène brutal death que dans celle des groupes bien barrés.

Pourtant, malgré leurs facilités, nos cinq compères ne cèdent jamais dans la démonstration d’une technicité dénuée d’âme. D’ailleurs, les passages les plus calmes ne sont-ils pas là pour nous renforcer également un certain aspect tourmenté omniprésent dans la musique d’ULCERATE ? Des tourments qui poussent le groupe à étayer ses angoisses sur quelques titres dépassant allégrement les 6 minutes dont le monumental « Defaeco » tutoyant les abîmes du haut de ses 8’42 minutes.

Enfin, dernier point et pas des moindres, celui d’une production magistrale qui ne voit pas se télescoper les instruments comme c’est, hélas, trop souvent le cas dans les albums de brutal death. Ici tout est d’une limpidité qui permet d’apprécier chacune des nuances qu’ULCERATE a voulu donner à son premier album.

Voilà assurément une œuvre qui réconciliera des détracteurs du brutal death porcins comme ses aficionados.


Rédigé par : Tonton | 16,75/ | Nb de lectures : 12890