Ufych Sormeer est un OVNI sur la scène française. Parti du black symphonique sur un premier disque autoproduit, le groupe a bifurqué à 276° en 2006 sur l’album « Crazy Mac », qui présentait une formation aventureuse, à la démarche novatrice et à la technique irréprochable, le tout enrobé d’un concept « western » assez bon enfant. Les rares apparitions scéniques du combo et le peu de tapage médiatique suscité par l’album ne lui ont malheureusement pas permis d’avancer de plusieurs cases, et il y a fort à parier que ce « Ufych All Stars » qui nous arrive aujourd’hui n’a été attendu la bave aux lèvres que par une poignée d’initiés (comme tout groupe culte qui se respecte, Ufych Sormeer a des fans peu nombreux mais d’une fidélité quasi religieuse).

Ce second album pour le compte d’Holy Records enfonce le clou de la démarche iconoclaste. En effet, si vous cherchez à U.S. un équivalent sur la scène française actuelle, c’est peine perdue, passez votre chemin. Cherchez plutôt la tolérance dans un discours de Christine Boutin. « Galactic Saloon » ouvre l’album sur une note hair metal au son typiquement américain accompagné par un piano baltringue. On pense
fort au Mötley Crüe de « Girls, Girls, Girls » (en partie à cause d’une ressemblance flagrante entre le timbre de Bzour, le chanteur de la formation, et celui de Vince Neil), jusqu’au break plus méchant qui change la morphologie du titre. Les montagnes russes ne font que commencer.
Durant 52 minutes, on va être chahuté par cette mixture à base de hard rock US aux riffs et au groove méchamment contagieux, mixé à une grande dose de tout et n’importe quoi qui confère à la musique du groupe un côté un peu « bricolage fait maison » bien sympathique mais parfois un peu foutraque. La production signée Hubert Letombe au Midnight Studio (Phazm, Arkhon Infaustus, Ashura) fait merveille, mais
Ufych Sormeer superpose tellement les couches bourrées de détails qu’une écoute approfondie est indispensable pour tout capter, et se révèle par là-même un peu soûlante sur la distance. La faute en partie à Bzour, dont les efforts de prononciation pour sonner plus yankee que les vrais sont parfois à la limite du ridicule (genre « trois Malabar dans la bouche »), et ne convainquent au final que moyennement à la lecture des textes endommagés par de belles fautes de grammaire anglaise.

Néanmoins, il faut reconnaître de bonne grâce que « All stars » est un disque travaillé, et sérieux dans la forme sinon dans le fond. Les Nordistes d’Ufych sont de brillants musiciens (une fois encore, on insistera sur l’excellence des guitares), et l’album recèle de vrais bijoux tels la magnifique ballade « My Wild Country Friends » ou le superbe « The Grand Architect » dont le break emmène la formation aux confins du progressif.

La fan base du groupe criera au génie, les intégristes du metal vomiront leur quatre heures : rien de neuf de ce côté. Souhaitons juste au groupe une meilleure exposition qui lui permettra de grossir les rangs de ses aficionados. Les néophytes n’ayant pas froid aux oreilles peuvent en tout état de cause chercher à découvrir le groupe sans crainte : dépaysement garanti !


Rédigé par : Rahahaaz | 15/20 | Nb de lectures : 13326