UFO est l’un des plus grands groupes de hard rock que l’Angleterre nous ait donnés, ni plus ni moins. Auteur de nombreux albums légendaires depuis maintenant près de quarante ans, ce digne représentant du rock classieux connaît depuis 2003 une nouvelle jeunesse avec l’arrivée de Vinnie Moore, guitar hero issu de l’écurie Mike Varney. On le sait, le génial mais tout aussi caractériel Michael Schenker n’est plus de la partie depuis quelques années. Plus surprenant, le bassiste historique du groupe, Pete Way, n’a pas participé à la conception de ce disque. La faute, certainement, à des années d’excès en tout genre qui se paient cash aujourd’hui. On profite donc de cette chronique pour lui souhaiter un bon rétablissement, en espérant qu’il revienne très vite aux affaires.

"The Visitor", vingtième album studio d’UFO, ne devrait pas décevoir les fans du combo. Au menu, dix titres de ce british hard rock si singulier qui a fait le succès de l’OVNI. Dès le titre d’ouverture, le très bon « Saving Me », on réalise que les Anglais n’ont rien perdu de leur superbe. Même si les sonorités blues sont plus présentes qu’à l’accoutumée sur ce nouvel essai (« On The Waterfront », qui, en tant que deuxième morceau, casse peut-être trop vite la dynamique de l’album, « Rock Ready »), ce qui pourrait en décontenancer quelques-uns lors des premières écoutes, l’ensemble reste facilement identifiable. La voix de Phil Mogg est toujours aussi brillante et classieuse. Seul membre présent sur tous les albums de la formation, il démontre une nouvelle fois quel grand chanteur il demeure, notamment sur la ballade « Forsaken ».

Vinnie Moore est l’autre grand artisan de cette galette. Auteur d’une prestation exemplaire d’un bout à l’autre, le guitariste américain a définitivement trouvé sa place au sein du groupe. Il suffit d’écouter le très calibré « Stop Breaking Down », sur lequel le virtuose brille de mille feux, pour s’en persuader. Mieux encore, sans tomber dans une quelconque démonstration technique inutile, Moore met avant tout son talent au service des compositions. Comme a pu récemment l’affirmer Phil Mogg, il ne fait aucun doute que le guitariste a apporté une nouvelle stabilité au combo anglais, après une période difficile due aux multiples allers-retours de Michael Schenker. Sans s’engouffrer dans une comparaison stérile entre les deux guitaristes, on ne peut que constater qu’UFO, sans l’extraordinaire Schenker, affiche aujourd’hui une sérénité nouvelle qui transparaît clairement dans cette nouvelle galette. C’est aussi avec grand plaisir que l’on retrouve les deux membres historiques du groupe que sont Andy Parker (de retour depuis peu derrière les fûts) et Paul Raymond, la présence de ces derniers contribuant incontestablement à la qualité de "The Visitor".

Assurément moins hard que lors de ses plus glorieuses années, UFO propose quand même quelques titres rock bien sentis comme « Hell Driver », « Villains And Thieves » ou encore l’excellent « Stranger In Town », qui devraient s’avérer très efficaces en live. Ce nouvel UFO est sans l’ombre d’un doute un grand cru. Malgré quelques morceaux un poil en dessous du niveau général de l’ensemble, et même s’il nécessite plusieurs écoutes pour être parfaitement appréhendé, car moins direct que ses prédécesseurs, "The Visitor" prouve de fort belle manière que l’heure de la retraite est loin d’avoir sonné pour les Anglais. Messieurs, merci pour cette nouvelle leçon de hard rock à l’ancienne.


Rédigé par : up the irons | 15.5/20 | Nb de lectures : 10457