wasted
Six mois seulement après avoir vu son deuxième album "Eric The Red" réédité par Napalm Records, TÝR, le groupe originaire des îles Féroé, est de nouveau sous les feux de la rampe avec un troisième et nouvel album intitulé "Ragnarok".

Suite à certains commentaires sur la chronique de "Eric The Red" j'ai pour "Ragnarok" sollicité mon acolyte héros du goûter afin qu'il puisse vous faire partager son point de vue qui je n'en doute pas sera bien différent du mien. Cela va également me permettre d'être expéditif avec cette chronique. La première chose à laquelle j'ai pensé en mettant le CD dans ma platine c'est la pub Orangina "même joueur joue encore, NNNOOONNN !!!!". Si vous n'avez pas aimé le précédent vous n'aimerez pas non plus celui-ci. "Ragnarok" n'est qu'un vulgaire copier/coller de "Eric The Red". De l'artwork aux paroles en pensant par les lignes de chant et les rythmiques plates qui se répètent inlassablement, le groupe a repris exactement les mêmes ingrédients. Et pour bien alourdir le tout "Ragnarok" est ponctué par sept intermèdes totalement inutiles. Si vous voulez plus d'infos sur le contenu de cet album reportez vous à la chronique du précédent, c'est tout ce que je peux vous dire.
Note: 11/20

Prince de Lu
Une fois n'est pas coutume, je vais entrer en désaccord avec mon respecté collègue du temps perdu. Týr n'est pas un groupe aisément appréhendable pour le métalleux habitué aux bruits les plus incongrus ou aux structures lourdes et rigides. Cette partie de mon être avide d'énergie brute et de bastonnades doit se mettre en veille pour laisser la place à l'émotif, celui qui se laissera interpeller par des morceaux atypiques sans vouloir y chercher une prise. Týr navigue dans les eaux d'un métal progressif, flirtant allègrement avec le rock. Et j'ajoute à ce descriptif le terme "viking" en gras, car le groupe insère des éléments nordiques aussi bien dans les mélodies de ses morceaux que ses textes, même s'il se passe de l'instrumentation d'antan. Oui, Týr est incontestablement un groupe viking, et il a choisi d'évoluer vers son style propre, comme ont su le faire Enslaved, Vintersorg et dans une moindre mesure Borknagar.

Il suffit d'écouter un titre comme "The Hammer of Thor" pour comprendre le travail mélodique du groupe. Les guitares font évoluer des circonvolutions toutes en harmonie, les rythmiques sont incrustées de leads fréquemment issus de thèmes traditionnels. Il ne reste plus qu'à la voix de Heri Joensen de venir apposer ses chants et contre-chants mélodiques. Ceux qui connaissent les précédents opus ne seront pas surpris par le travail fouillé de composition. Ceux qui ne connaissent pas auront besoin d'un temps d'adaptation pour ingérer ces vocalises étranges, ces hymnes guerriers empreints de poésie. Mais si vous aimez les groupes aisément étiquetables, effectivement Týr ne se dévoilera pas. Les chants sembleront mal foutus. Les rythmiques resteront opaques voire simplistes, sans que leur structure complexe ne vous effleure. Le jeu subtil et puissant du batteur, aux parties aussi aérées que celui de Cato de Enslaved, ne vous apparaîtra pas non plus. Vous ne pourrez vous laisser porter par des morceaux qui demandent à se laisser apprivoiser, qui nécessitent de se laisser emporter sans opposer de résistance.

Pour ma part, le court refrain mélancolique de "Brothers Bane" me toujours file la chair de poule. L'intro de "The Ride to Hel" me fait triper, camouflée qu'elle est par l'instrumental "The Burning", et son refrain me fait marcher la poitrine gonflée d'une fierté spontanée. Les chœurs de "Torsteins Kvæði" me ramènent à une cérémonie païenne d'un ancien temps, funérailles prenantes sous une fine bruine. La puissance de "Wings of (wasted, hi hi) Time" me frappe au visage. La passion des musiciens est palpable dans chaque morceau. De la sueur et de l'émotion parfaitement maîtrisée.

Je n'ai plus qu'une envie: naviguer vers cette côte au loin me dressant à la proue d'un drakkar, le visage battu par les embruns, prêt à arpenter des terres inexplorées. Car, plus qu'un album guerrier, "Ragnarok" est une invitation à un voyage dans les hauts-fonds, le parcours initiaque d'un navigateur-poète. Guitares et chants en avant, "Ragnarok" est un album qui touche et qui laisse sans voix, pétri de mélancolie. Encore un opus à classer dans le petit nombre des albums qui laissent tout con à la fin de l'écoute, de retour dans un monde de merde.

Encore une fois, Týr fait mouche avec un album de haute volée mélodique, un travail qui fait souhaiter que les îles Féroé restent isolées le plus possible des ondes continentales. Le groupe a trouvé sa griffe, ce qui ne peut qu'être respecté. Il ne vous reste qu'à vous laissez porter par sa magie...

Note : 17,5/20


Rédigé par : wasted & Prince de Lu | 14,25/20 | Nb de lectures : 13707