Týr s'éloigne peu à peu des préceptes de ses ancêtres, préférant de longues tournées et une présence plus forte dans les bacs aux expéditions éclair à la belle saison. Un an après Land, les pileux des Féroé proposent (déjà) leur cinquième album. Proposé sous format CD jewel case, CD digipack (avec deux bonus tracks inutiles) et pour la première fois en vinyle, By the Light... est indéniablement un album... de Týr, mais pas pareil. Non, ça n'aide pas beaucoup d'enfoncer des portes ouvertes comme ça.

Après le viking progressif Ragnarok, Land avait sonné pour le groupe une nouvelle ère, marquée d'un souci d'efficacité manifeste qui les a poussés à simplifier leurs lourdes structures. By the Light... est une nouvelle étape de la transmutation du viking des Féroé. Týr y poursuit la relecture de son propre répertoire avec un nouvel album simplement plus dynamique que son prédécesseur. Les ingrédients habituels sont bien là, à savoir le chant clair, les riffs heavy et les solos pleins de mélodies. Ceux qui trouvent les rythmiques creuses, l'ensemble niais et/ou le chant gonflant en seront encore une fois pour leurs frais. Les fans seront par contre ravis de disposer en concerts de morceaux moins soporifiques, même si chanter à pleins poumons le refrain de "Hold the Heathen Hammer High" va probablement entraîner des accidents.

Néanmoins, on peut regretter que Týr ait choisi d'abandonner la richesse musicale de ses débuts pour s'ouvrir à un viking plus appréhendable en live mais qui perd beaucoup de sa fougue. Peut-être victime de son rythme de composition, le groupe est devenu rythmiquement "banalement heavy", bien loin des structures plus alambiquées qui faisaient son charme, bien loin des élans mélodiques qui collaient des frissons ("Brothers Bane") ou des morceaux lents mais gravement pêchus ("The Ride to Hel").

Sur un plan de comparaison avec Land, By the Light... rattrape toutefois le manque de patate de son prédécesseur, ce qui n'est vraiment pas un mal. Néanmoins, je reste à penser que le groupe ne donne le meilleur de lui-même (dans sa nouvelle période) que quand il offre de l'épique à plein volume. Et sur ce nouvel opus, la courte durée des titres et la grosse envie d'en découdre ne permettent que rarement à Heri et sa bande de poser de grosses plages mélancoliques comme ils sav(ai)ent si bien le faire. Pourtant le refrain de "Hear the Heathen Call" et le titre éponyme qui clôt l'album prouvent encore leur capacité à poser des atmosphères écrasantes, qui donnent l'impression de braver les éléments tout nu (ou avec une simple cape pour les frileux) au sommet d'une falaise.

Mieux que Land, mais tellement loin d'un Ragnarok ou d'un Eric the Red sur lesquels ils ne reviendront probablement plus. By the Light... est un album honnête et qui, grâce au soutien d'une écurie comme Napalm, saura momentanément faire oublier le reste des modestes productions viking-pagano-tsøintsøin. Espérons juste que le groupe n'engage pas plus avant son drakkar dans un rythme de croisière qui pourrait rapidement lasser.


Rédigé par : Prince de Lu | 14,5/20 | Nb de lectures : 11144