Il est assez rare de chroniquer un groupe de la carrure de The ARRS. Sans pour autant parler de pression ou d'inquiétude, j'ai conscience que cette chronique sera relativement lue, disséquée et analysée par chacun de vous. L'enjeu est donc un plus important que quelques unes de mes précédentes kros passées presque inaperçues (A Call To Preserve, Counting The Days). Bref...
Est-il encore necessaire de présenter The ARRS ? Les parisiens ont conquis l'hexagone grâce à leur premier album "...Et la douleur est la même", excellent album de metal hardcore. Si vous n'aviez encore jamais entendu parler de ce groupe, considérez maintenant cette brèche colmatée. J'avais beaucoup apprécié leur premier disque, un metal hardcore d'excellente facture ultra efficace et bourré de riffs qui tuent.

Après une intro, "Prêcheur" m'arrive dans les oreilles et j'ai la confirmation. "Trinité" reprend là où "...Et la douleur est la même" s'est arrêté. Dès les premières secondes, on le ressent ce qui ne peut que conforter la place du groupe dans le coeur des fans. Sans se remettre en question, le groupe continue sur sa lancée en fournissant donc un metal hardcore alternant riffs saccadés brutaux, rythmiques mid tempo et rapides et riffs techniques lors des couplets. Bref, les parisiens ont déjà conquis les fans du précédent opus sans même que ceux ci aient à les écouter.

Cependant malgré cette accroche positive, j'émets tout de même une reserve. En effet, j'ai trouvé une certaine hétérogènéité dans les compositions. On peut affirmer que le disque est séparé en deux, coupé par une interlude (piste 7). La première brille par son efficacité et sa qualité continue. Chacun des 5 (je n'inclue pas l'intro) premiers titres est somptueux. Je vais commencer légitimement par le meilleur morceau à mon goût : "Sanctuaire". Ce titre dégage un talent de compostion évident. Sa structure parfaitement batie, ses alternances rythmiques orchestrées au millimètre, son refrain entêtant, tout y est minutieusement pesé, . Mais la force de ce morceau réside dans ses riffs ultra efficaces, encore plus que le reste des compositions. Je fais notamment référence à la dernière partie (à partir de 3'18 ) dont la rythmique va faire des ravages en concert. Le morceau "Sanctuaire" est pour moi celui qui se dégage le plus de par sa qualité manifeste.
Je peux également citer d'autres titres de la première partie comme "Ennemis" dont le refrain avec son riff saccadé sur fond de double est impressionnant d'efficacité. "Délivrance" est également une excellente chanson surtout grâce à son couplet et son pré-refrain dévastateurs. The ARRS varie un peu le tempo sur le titre "Originel" présent sur leur page Myspace. En effet, les mélodies sont plus présentes et le refrain incorpore du chant clair en anglais. Les refractaires au chant grimaceront un peu mais je les trouve parfaitement en adéquation avec lesdites mélodies.

L'interlude sépare le disque en deux. Cette interlude, entièrement composée de guitare acoustique, est superbe et émouvante. J'en viens maintenant à la deuxième partie, envers laquelle je formulerais quelques reproches.
A vrai dire, il s'agit notamment des trois morceaux "Regrets", "Rédemption" et "Dissident". Ces titres sont plus convenus, je n'ai pas retrouvé dans ceux ci le charme de The ARRS, la formule magique qui fait que j'apprécie le groupe parisien. Plus ennuyeux, moins riches en riffs efficaces, un rythme plus lent en général, ces titres m'ont un peu déçu. Ils cassent vraiment la continuité du disque et sa qualité.
Cependant, le groupe se rattrape grâce aux deux morceaux cloturant l'album "Haunted By Your Sins" et "A l'Aube du Dernier Jour". Sans les décortiquer, je me contenterais de dire que le premier contient l'un des meilleurs refrains de l'album, me faisant penser un peu à Heaven Shall Burn notamment avec ce riff emprunté au death. Le second alterne les rythmiques régulièrement, multiplie les mélodies. The ARRS cloture cette album d'une brillance façon

Les parisiens ont mis le paquet pour faire sonner "Trinité" comme il se doit. La production est monumentale, les guitares jouissent d'un son puissant, la batterie ne surplombe pas le reste des instruments, le triggage n'est pas trop présent et ne se manisfeste vraiment que lors des riffs saccadés. La basse quant à elle, claque énormément, se fait bien plus présente que sur "...Et la Douleur est la même". Les amateurs de basse mise au premier plan apprécieront même si je préfère la voir appuyer les guitares discrètement pour les alourdir encore plus.
Les vocaux de Nico n'ont pas varié d'un iota ainsi il garde cette voix éraillée et écorchée qui est l'une des marques de fabrique du groupe.

Malgré quelques morceaux un peu décevants, "Trinité" est un excellent investissement pour les amateurs de metal hardcore. Les fans du groupe peuvent déjà se ruer dessus et les détracteurs continueront à les oublier. J'ai choisi mon camp même si ce deuxième opus est, à mon sens, très légèrement inférieur à "...Et la douleur est la même" tout aussi efficace mais plus homogène quant à la qualité des morceaux.


Rédigé par : Vision Of Beuh | 13.5/20 | Nb de lectures : 16752