Nouveau groupe mais pas de nouvelles trognes pour autant, puisque sous le blaze éculé (et je suis poli) de TYRANT on retrouve quelques noms familiers qui ont précédemment traîné (ou traînent encore) leur délit de faciès dans des formations telles THE BLACK, VINTERLAND, CRYPT OF KERBEROS, ARCANA, DELLAMORTE ou encore INSISION. Autant vous dire que nous n’avons pas affaire de jeunes jouvenceaux encore patauds du manche et qu’avec cette première galette TYRANT (qu’on aura du mal à ne pas confondre avec sa vingtaine d’homonymes éparpillés sur quatre des cinq continents) on a quelque chose de copieux à se mettre sous la dent.

Si le death old school connaît, ces derniers temps, un véritable bain de jouvence, avec de nouvelles productions résolument tournées vers le passé ou de vieilles idoles sur le retour, TYRANT s’attaque ici à la genèse du mouvement extrême en nous replongeant au tout début des années 80 avec un album particulièrement abrasif. Célébrant la jonction entre VENOM, DISCHARGE, CELTIC FROST et BATHORY, TYRANT accouche ici d’un rejeton bien cradingue tenant aussi bien du vieux thrash mid-tempo que du punk.

Pendant la petite demi-heure de « Reclaim the Flames » TYRANT brandit le flambeau impie d’une certaine notion du métal que nous n’avions plus l’habitude côtoyer. « Affreux, sales et méchants » le titre du film d’Ettore Scola (un peu de culture, ça ne fait jamais de mal si on se couche moins con) semble avoir été taillé sur mesure pour coller à la démarche du groupe.
Titres ultra basiques, riffs binaires, une voix à situer entre Cronos et Tom G Warrior, une mise en place délibérément approximative et surtout une production crasseuse qui postillonne ses décibels dans un mépris total du dolby, TYRANT ne fait pas dans la finesse et on ne va pas s’en plaindre car « Reclaim the Flames » fait revivre ici un style désuet mais incroyablement trippant.

C’est même tellement criant d’authenticité qu’il ne manquerait que les bons vieux craquements vinyliques pour compléter le tableau. Mais plutôt que de m’étaler dans une suite de phrases superflues, je me contenterai de citer une réplique récente de D.F. Bragman qui résume très bien tout ce que vous venez de lire « When others talk about perfectionnism, we talk about simplicity. When others talk about beautifying, we talk about uglifying. Sometimes it’s right to be wrong “.

Une citation que n’aurait sans doute pas renié le regretté Quorthon qui headbangue peut-être sur ces riffs poussiéreux du haut de son Walhalla.


Rédigé par : Tonton | 15/20 | Nb de lectures : 10797