Les amateurs de black symphonique ne sont pas sans connaître le groupe japonais Tyrant, rare formation de son pays à avoir acquis une renommée internationale dans le style. J'avais perdu un temps fou à chasser en 1998 leur premier album "Under the Majestic Sky" (boudiou, déjà tout ce temps). Par contre, je suis par la suite passé à côté de "Legends" en 2002. Les plus doués en arithmétique auront saisi que "Grimoires" est le troisième album des nippons. Je fais un aparthé débile pour signaler que le livret sent le neuf au possible, une odeur de papier de bonne qualité sûrement mélangé à des phéromones de geisha. C'est une odeur assez grisante. C'est d'ailleurs bien le seul truc que je trouve grisant dans cet album.

Pour ceux qui ne connaissent pas, Tyrant balance un black sympho musicalement inspiré des anciens Cradle. Le vocaliste ne va toutefois pas jusqu'à adopter le timbre de voix suraigu de Dani (par contre, la voix "grave" est là). Le chant a d'ailleurs un peu changé par rapport aux anciennes sorties et quelques (rares) passages me rappellent le théatral Gloomy Grim. Musicalement, Tyrant propose toujours un black mélodique à souhait, gorgé de parties techniques (raah, les soli mélo de la mort). L'atmosphère Hammer chère aux grimés anglais est en partie présente, mais cela sonne largement moins gothique que CoF pour privilégier la mélodie et une boudiou de technicité. Chaque instrumentiste se trouve des passages pour rétamer l'auditeur dans un déferlement de notes digne d'un album de progressif.

Sincèrement, il y a bien peu d'évolution par rapport aux deux précédents albums de Tyrant, à la production près. Les japonais extrémistes renient toute évolution de leur style, préférant se réfugier dans le cadre qu'ils se sont définis dès 1997. Ils purgent toute influence ou référence moderne pour s'accrocher désespérément à leurs gammes comme des samouraïs le sont à leurs traditions guerrières séculaires. N'empêche que les samouraïs ont disparu au début du XXème siècle, écrasés par les progrès de l'art de la guerre (même Tom Cruise n'a rien pu faire pour eux). Donc, quel est l'intérêt de cet album aujourd'hui... Je me le demande...

Un album qui est nickel dans sa présentation, d'une exécution impeccable, techniquement qui donne sa claque mais qui s'écoute trop tranquillement. Cette sortie de Tyrant permet de se rendre à quel point la scène a évolué, par rapport à cette époque où la plèbe se pâmait devant les groupes à tendance orchestrale. Seuls les nostalgiques de la grande époque symphonique pourront trouver un intérêt à cette galette qui accuse une décennie d'âge dès sa sortie. Dix ans déjà... Boudiou...


Rédigé par : Prince de Lu | 12/20 | Nb de lectures : 13132