En voilà un groupe de particulièrement sous-estimé, étiqueté 'metalcore' et donc assimilé à tort aux Killswitch Engage et autres As I Lay Dying sans que sa musique ait grand chose à voir avec cette mouvance. Les natifs de Dayton en Ohio jouent certes du metalcore, oui, mais du 'vrai' (ça devrait débattre dans les commentaires, tant mieux ça voudrait dire que cette chronique est lue): celui que des groupes comme Integrity, Shai Hulud ou Turmoil ont façonné dans les années 90 et qui n'a absolument rien à voir avec At The Gates ou In Flames. Après un album initial typique des sorties du label Eulogy de la fin des années 90, c'est-à-dire absolument magnifique et plutôt original à l'époque (un metal/HC à la Shai Hulud avec des vocaux très riches et des instruments peu communs), un EP et un 2d album plus classiques dans la plus pure tradition des Shai Hulud ou Zao, Twelve Tribes tente donc de marquer sa différence avec la scène metalcore actuelle dominée par l'alarmante armée de clônes de Killswitch Engage et Shadows Fall avec cet album produit et distribué par le label belge Ferret Records.

J'ai toujours apprécié ce groupe mais après les évolutions désastreuses de certains de mes groupes fétiches (Diecast, Hopesfall...), j'ai appris la méfiance et j'appréhendais donc un peu ce nouvel album. Le groupe allait-il lui aussi succomber à la tentation et rejoindre les rangs fournis des suiveurs de modes (emo ou NWOAHM) ? Bon, j'avais tout de même été rassuré par les extraits disponibles sur leur page MySpace avant la sortie et j'allais vite être définitivement soulagé. Le 1er titre 'National Amnesia' remet ainsi tout de suite les pendules à l'heure: la voix aussi écrasante qu'impressionnante d'Adam Jackson remplit totalement l'espace sonore, bien aidée en cela par le tapis mélodique que forment les deux grattes et la basse et une batterie tellement mise en avant que j'ai vérifié de suite sur le livret si le batteur avait changé (même pas). La production est donc impressionnante, les instruments sonnent tous parfaitement , les nuances sont toutes perceptibles et satan sait s'il y en a. Les titres s'enchaînent ensuite dans cette même veine si caractéristique du groupe: un chant tantôt hurlé, tantôt chanté en voix medium, tantôt en voix aiguë, mais toujours de très bonne facture (doux euphémisme), des riffs syncopés métalliques et techniques autour desquels virevoltent des mélodies très aériennes, des breaks et des reprises en veux-tu en voilà...Bref, non ils n'ont pas changééééé, et je dois dire que ça renforce d'autant plus le plaisir d'écouter ce disque.

Une fois n'est pas coutume, je vais insister plus particulièrement sur 2 titres absolument monumentaux qui justifient à eux seuls l'achat de cet album: le fantastique 'History Vs The Pavement' et le non moins extraordinaire final en 3 parties intitulé 'The Recovery'.
Le premier chef d'oeuvre s'ouvre comme un titre de metalcore assez brutal mais toutefois classique pour virer ensuite à un hardcore estampillé Eulogy (Poison The Well sans les vocaux pourraves pour situer): les lignes de guitares sont ultra-mélodiques alors que le riff principal reste très agressif et prenant, et le travail d'Adam sur le chant tout bonnement incroyable démontre une palette de tonalités, une variation de timbre et de grain à faire pâlir de jalousie la majorité des chanteurs de metal et de hardcore actuels.
Le second est un tryptique progressif incroyable de maturité: la 1ère partie 'God Bless You, Good Thief' s'inscrit dans une veine 'atmosphérique' très Isisienne, mettant en scène piano et guitares sèches, contrastant ainsi avec la 2de 'Towers And Vectors' beaucoup plus brutale et revenant dans le ton de l'album à grands coups de riffs syncopés, rythmés par une batterie épileptique et aussi précise qu'un coup-franc de Juninho (ou un slice de Federer pour les pro-tennis), et enfin la dernière, 'Bridge To The Sun' vient nous achever avec un petit retour aux sources du groupe, notamment quelques murs de grattes et des hurlements apocalyptiques qui fleurent bon le edge-metal à la Morning Again par moments. Mazette ! D'autres morceaux comme Librium sont pourtant excellents aussi mais ces deux-là, c'est vraiment du très grand Twelve Tribes, totalement imparable !

Voilà, sans non plus m'acharner à en chercher, je n'ai pas trouvé de réel défaut à cette oeuvre. On peut donc déclarer sans aucun scrupule que 'Midwest Pandemic' est bien meilleur que 'The Rebirth Of Tragedy' et au moins au niveau de 'Feathers...', mais qu'il est surtout simplement le meilleur album de 'vrai' metalcore sorti cette année, si on exclut les mythiques Converge, avec les 5 titres de nos Frenchies de Sequoia. Non, je n'exagère pas, les Perpignanais auront vraiment frappé très fort, le recul de l'année écoulée aidant. Bref, si vous aimez Shai Hulud, les 1er Hopesfall et Poison The Well, ou tout bêtement les précédentes oeuvres du groupe, foncez sans hésiter, vous ne le regretterez pas.


Rédigé par : Candiria-Thon | 16/20 | Nb de lectures : 12720