Ne vous fiez pas à la pochette représentant un valeureux jeune homme épée à la main, il ne s’agit pas du tout de speed métal symphonique, désolé pour ceux qui aurait été induits en erreur. Maintenant je vous propose un petit jeu :
- Citez moi le nom d’un groupe de black qui joue avec un orchestre symphonique...
- trop facile !
- J’ai pas fini la question, je reprends. Citez moi le nom d’un groupe de black qui joue avec un orchestre symphonique, autre que Dimmu ou Cradle.
- C’est tout de suite un peu moins évident.
Vous l’aurez compris, Tvangeste est la réponse tant attendue. Ce groupe qui n’en est pas à sa première œuvre (il existe depuis 1996) est pourtant inconnu dans notre contrée, il faut dire que sa nationalité russe n’est pas faite pour arranger les choses. Pourtant, Tvangeste a l’audace de sortir un album de black sympho déjà fortement attrayant au niveau des compositions et des riffs mais qui en plus se voit enrichi de la présence du Baltic symphonic orchestra et du Prussian chamber choir sur la totalité des titres. Après l’intro instrumentale de rigueur, le groupe montre rapidement de quoi il capable. On trouve sur ce disque tout ce que l’on est en droit d’attendre de ce genre de production : richesses des mélodies et des orchestrations avec profusion de violons (présence d’un petit solo sur « Perkunos flame »), de synthés (un peu partout) et même de flûte « fire in our heart »; diversité des lead vocaux (alternance chant criard et chant guttural) et puissance dans les chœurs d’accompagnements. Ces derniers même s’ils ne sont pas présents sur tout l’album, ont fait l’objet d’une grande attention : les chœurs féminins et masculins viennent remplacer (ou accompagner) le chant black dans les moments opportuns, l’ombre d’un Therion n’est pas loin sur ces passages notamment sur « Birth of the hero » qui en plus des chœurs laisse une place importante au riff métal diablement efficace. Bien entendu à côté de cette profusion d’éléments rajoutés, le groupe « de base » se doit d’assurer sous peine de foutre en l’air tous les efforts des participants précités. Pas de soucis, la musique essentiellement mid tempo (mais jamais molle, merci au batteur et à la double qui est peut être un poil trop en avant) permet à tous les protagonistes de s’exprimer pleinement sans gêner le voisin et sans que le tout sombre dans la cacophonie ultime, au contraire. Là aussi de gros efforts ont été réalisés pour intégrer au mieux les parties orchestrales à la musique, le septième morceau « storm » est la parfaite synthèse de ce que l’on peut trouver sur l’album : que vivent les violons ! De plus la production issues des Selani studios se révèle largement à la hauteur, la réputation de ces studios ne cessant de grandir, les groupes de l’Est vont maintenant avoir de quoi rivaliser avec les studios scandinaves.
Tvangeste est selon moi bien plus qu’un clone supplémentaire des deux groupes locomotives du genre, Cradle et Dimmu. Bien qu’on retrouve quelques similarités surtout au niveau du chant et de certaines parties de violons qu’on jugerait sorties de Puritanical...je le verrai plus comme une version extrême du groupe allemand honteusement méconnu en France : Haggard (donc par recoupement un lointain descendant de Therion). L’ambiance dégagée par les morceaux et le mélange classique/métal est plus proche de la démarche d’Haggard que de celle des anglais masochistes. Cerise sur le gâteau, le livret à lui aussi été très soigné. Il y a malheureusement de fortes chances pour que cet album passe inaperçu et c’est bien dommage. Il a au moins le mérite de montrer que ce n’est pas la peine d’être sur une major pour bien faire ce style et que les groupes de l’Est ne cessent de sortir des albums de qualité.



Rédigé par : Dark Tranquilou | 16.5/20 | Nb de lectures : 9121