Turbo... autant le préciser d'entrée, je ne connaissais pas ce groupe avant de réceptionner leur dernière production, la 13ème d'après Metal-Archives (16 d'après la fiche promotionnelle), environ 35 ans après la création du groupe. Et tant qu'on y est, si ce n'est Crystal Viper et Hellectricity, je ne suis pas très familier avec la scène heavy metal polonaise, l'occasion avec Turbo de combler un petit peu cette lacune, le groupe originaire de Poznań étant certainement le plus emblématique du genre en Pologne, avec pas moins de 5 millions d'albums vendus rien que chez eux.

Fondé en 1980, Turbo a connu quelques années de split durant les années 90' (1992-1995) et un 'trou' discographique entre 1992 et 2001, suite tout de même à la publication de 8 albums studios en 10 petites années. Il faut noter que le groupe a, au long de sa carrière, publié des albums chantés en polonais et en anglais, et pour le petit dernier « The Fifth Element », la version polonaise est elle, parue en novembre 2013, l'anglaise, il y' a de cela quelques semaines, avec un titre acoustique en bonus.

Petit point 'marrant' à souligner, depuis le début des années 2000, chaque album de Turbo approche ou dépasse l'heure de musique, quand les 8 premiers albums du groupe n'excédaient jamais les 45 minutes (et pas toujours les 40' non plus) ; le groupe a donc pas mal de matériel à proposer à chaque production, quitte à ce qu'il y' ait un peu de remplissage pour les auditeurs.

Turbo déroule avec énergie des titres heavy, lorgnant sur le thrash, à l'image du titre d'ouverture, « Think and Fight », aussi court que 'brut' ; le père Wojciech Hoffmann, bientôt 60 ans et dernier membre fondateur encore présent, enchaîne les riffs saignants et souvent bien convaincants (épaulé par « Młody », de 25 ans son cadet), tout comme les soli de qualité, rapides, sans fioritures, dynamisant ou enrichissant un peu plus les morceaux (« Taste of Forever »). L'ensemble des plans de guitares est inspiré et apporte un gros plus aux titres, c'est même souvent l'élément le plus accrocheur et intéressant de l'album.

Je trouve que l'une des forces de « The Fifth Element » est d'avoir des titres diversifiés, grâce bien entendu aux guitares, mais aussi par les tempos utilisés, la section rythmique n'est pas extraordinaire, toutefois elle évite les plans linéaires et de faire le strict minimum. La versatilité vocale de Tomasz Struszczyk a aussi beaucoup d'importance, le bonhomme étant capable de lignes de chant lyriques sur des refrains (comme pour l'excellent « Heart on the Pyre »), voire complètement mélodiques (le titre de l'album, par ailleurs superbement interprété vocalement, également le passage plus calme et dispensable qu'est « Relentless ») ou de proposer un peu à l'inverse des intonations plus éraillées et 'hargneuses' (toute proportion gardée, son chant reste majoritairement clair et accessible). Enfin, il s'arrache pas mal les cordes vocales sur « This War Machine » en tentant d'imiter Rob Halford, le résultat s'avérant limite, pour ne pas dire plus que moyen...

Si vous en avez un peu marre du chant, Turbo a calé un titre instrumental « Amalgam », qui laisse à nouveau pleinement entendre le talent des guitaristes, s'en donnant à cœur joie dans les soli, leads à tour de rôle et riffs catchys. Autre grand moment, le long final « A blues measured by the clock ticking », aux multiples harmonies et pistes vocales, un titre pas vraiment de bravoure, mais qui prend son temps pour se développer et faire en sorte d'être riche en rebondissements, sans pour autant partir dans tous les sens toutes les 30 secondes.

En définitive, après toutes ses années sur la scène européenne, Turbo a encore de beaux restes et publie un nouvel album convaincant à défaut d'être excellent.




Rédigé par : gardian666 | 14/20 | Nb de lectures : 11936