- Dis papa, Hardcore old-school moderne, c’est pas un peu débile comme étiquette ? Comment on peut être vieux et moderne à la fois ?
- Eh bien, fiston, le HC old-school, comme tu le sais, c’est du punk accéléré et radical, avec un message (politisé ou personnel) qu’on veut gueuler à la face du monde, pour libérer ses propres démons et canaliser un trop plein d’énergie.
- Oui papa mais, pourquoi moderne ?
- Vois-tu fiston, depuis 30 ans, le HC a évolué dans toutes les directions. En intégrant des éléments de certains courants au HC old-school, celui-ci se retrouve en quelque sorte régénéré et réinventé.
- Ok papa, mais quels éléments alors ?
- Tais-toi, fiston, tu me saoules. Ecoute donc Try To Win et moshe.

Les Français de Try To Win nous proposaient l'an passé leur 1er EP intitulé ‘All Is Illusion’, et on peut effectivement affirmer qu’il représente bien ce qu’on désigne par ‘modern old-school HC’. L’esprit, l’énergie, la hargne ainsi que le schéma 'accélération / refrain scandé sur plan mid-tempo /réaccélération' sont typiques du HC old-school. Mais si vous ajoutez des breaks et des mosh-parts, sans que le son ou les riffs ne sonnent trop Slayer, vous obtenez donc du HC++, du modern old-school.

Et pour ma part, c'était un réel plaisir d’entendre un groupe originellement français venir jouer sur le terrain de Comeback Kid ou de With Honor (le crew étant majoritairement québécois dorénavant, seul Thomas subsiste). Certes, ils n’ont pas bénéficié des mêmes moyens que les mastodontes d’un genre qui explose depuis 3 ans. Ils n’ont peut-être pas non plus l’expérience ou la maîtrise technique des zikos de ces mêmes groupes, mais le tout peut être compensé par la volonté de bien faire, les bonnes idées et un esprit 100% positif et authentique.
Le chant de Greg (ex NSBS/Disturb) est ici incontournable: parfois tough-guy, parfois hurlé, parfois ‘chanté’, même soutenu par des singalongs retentissants, le lascar se lâche totalement et cela s’entend ! Les musiciens qui l’entourent connaissent tous leur métier et ne surjouent pas, se contentant d’assurer leurs partitions et d’être le plus efficaces possible, notamment sur les mosh-parts et passages rapides. La production est par contre le point faible du disque. Sans être catastrophique, elle manque globalement de patate, les guitares semblant un peu brouillonnes, la batterie et la basse ayant ce son cheap crado caractéristique des demos et EP enregistrés sans trop de moyens. Mais du coup, on ne peut que saliver à l’idée d’entendre les mêmes morceaux avec des moyens plus conséquents derrière ! Bon, je ferais aussi la sempiternelle critique de l’accent anglais de Greg, des samples tirés de dessins animés entre les morceaux, artifices me gonflant sérieusement depuis quelques temps, tout cela reste néanmoins bien anecdotique.

Le principal piège qu’a évité avec brio Try To Win sur ce EP est celui de la trop grande similarité avec d’autres groupes: Try To Win ne sonne ni comme Disturb/NSBS, ni comme les grands noms du HC moderne, ni comme d’autres fleurons de la scène old-school française (First Failure, Backsight, FTX). Tout au plus peut-on concéder une légère ressemblance avec Right 4 Life sur certains passages, mais c’est selon moi largement dû à la production. Evidemment, je ne parle pas ici d’originalité ou de plans révolutionnaires, hein, le groupe suit les codes et poncifs du genre à la lettre. Il ne faut pas brusquer les habitudes d’un public tellement enclin à cracher sur ce qui transgresse les règles. Mais Try To Win s’est ainsi créé une identité propre, ce qui est souvent le gage des formations qui perdurent et se font une place de choix dans la scène. Je suis tout de même impatient d’apprécier ‘All Is Illusion’, ‘Where Is The Word Hardcore’ et ‘Flowers And Friendship’ sur scène, ces brûlots aux refrains entrainants me semblant parfaits pour faire exploser une salle comme un simple volcan. Reste à savoir comment tout cela sera interprété par la nouvelle mouture du groupe...

'All Is Illusion' était donc une première œuvre très convaincante de la part de ce jeune groupe. Elle venait apporter une nouvelle pièce à conviction dans l’enquête visant à savoir s’il y a un futur pour le HC à l’ancienne en France, après une période de vaches maigres assez dramatique. La clef pour réussir: proposer un HC à très forte identité qui ne se contente pas de plagier ce qui marche outre-Atlantique ou en Italie. Un EP à conseiller ainsi à tous les fans de Comeback Kid et Champion, ou plus près de nous Right 4 Life et First Failure. Maintenant, le groupe ayant totalement changé, les prochaines oeuvres seront sûrement différentes...


Rédigé par : Candiria-Thon | 07/10 | Nb de lectures : 12651