Vous vous souvenez de Prunelle, le brun barbu qui était chargé de faire bosser Gaston Lagaffe ? Hé bien, le titre de ce nouvel album des Tchèques de Trollech pourrait être une phrase prononcée par Prunelle au moment où une boule de bowling planquée sur une armoire lui écrase les orteils. Scrognutudju !! Case dessinée à part, cette nouvelle fournée de Trollech est leur quatrième album, sans compter le live "Svatoboj" sorti peu après. Et pourtant, malgré cette disco fournie dont je ne mentionne même pas le EP, le split et la démo, Trollech m'était parfaitement inconnu. Cool, voyons ça...

Bien loin des monomanies satanistes de leurs compatriotes Maniac Butcher, Trollech officie dans un black pagan proche de la nature. Le titre de l'album n'est pas "Boule de bowling de merde" mais un "Caché dans la Brume" bien plus poétique et plein de promesses. La traduction en anglais des paroles dans le livret parle beaucoup d'arbres, de forêts et de géants. Pratique pour bosser son tchèque (en bois. Désolé mais c'est dans le thème pour une fois). Idéal aussi pour s'immerger dans le monde arboré du désormais trio et les 42 minutes de leur opus. Faites un tour sur leur site, la présentation est assez originale.

Musicalement, Trollech propose dix titres d'un pagan complètement imprégné de thrash/speed. Le mélange est détonnant et hautement dynamique et rappelle les élans d'un Obtest. Avides de vitesse et de mélodies, Trollech pose une ambiance moins festive que les Lituaniens ; leur pagan reste relativement sombre à l'image des canopées impénétrables des forêts épaisses d'Europe Centrale. Mais si les chopes ne s'entrechoquent pas, l'ensemble est bien tonique et donne une pêche d'enfer en gardant une atmosphère assez noire. Seuls l'interlude acoustique central ou un titre comme "Zemi Obru" proposent vraiment des instants de répit dans un album où les riffs s'enchaînent gaillardement.

L'opus a été enregistré aux Hellsound Recording Studios de Jan Kapák (également responsable de la mise en boîte de Dark Storm, le dernier est pas trop mal). Le son est tout à fait honorable, avec des guitares dans les mediums faisant grésiller leurs leads et une voix bien mise en évidence. Rien à redire non plus sur l'interprétation soignée nécessaire dans ce type de compos rapides.

Dommage que l'album n'atteigne pas définitivement des sommets, malgré les gros efforts consentis par le groupe. Les riffs vraiment ultimes ne sont pas tout à fait là et seuls quelques leads isolés parviennent à imposer leurs notes dans le cortex pour le reste de la journée. A la fin de l'écoute, il est difficile de se remémorer un thème mélodique à siffler aux toilettes. Mais globalement, cet album de Trollech fait partie de ce que j'ai entendu de mieux de la scène tchèque, hormis les trop méconnus Oblomov et Heiden. Il est vraiment pas mal ce cri de barbu!!


Rédigé par : Prince de Lu | 14,5/20 | Nb de lectures : 11760