Dans cette période de crise économique mondiale, chacun fait ce qu'il peut pour s'en sortir. Pendant que notre président sort des milliards de ses poches comme le Père Noël des cadeaux de sa hotte, il fallait bien se douter que le business de la musique allait lui aussi devoir trouver des solutions face à ce marasme.
Comment financer son disque quand tous les comptes sont à zéro ?

Eh bien pourquoi ne pas proposer son album comme un support publicitaire ! Trivium a tout compris, reprenant ici le concept initié au milieu des 80s par les méchés Sigue Sigue Sputnik qui avaient placé des pubs sur leur premier 45 Tours "Love Missile F1-11" avant de proposer des plages publicitaires entre les titres de son premier album "Flaunt It" sorti en 1986.
En 2008, Trivium n'a trouvé d'autre partenaire financier que la ligne de magasins français Shogun, spécialiste des meubles en teck et bambou, leur octroyant le titre de leur 4ème disque... c'est pour dire comme la situation est difficile !

Après cette terrible introduction qui me fait me sentir comme dans la peau de Tony Estanguet dans son kayak, faisons place à la musique de "Shogun", quatrième album de la coqueluche américaine du label Roadrunner. Car il y en a des choses à dire au sujet de ce nouveau disque et commencons par le plus important : J'ai trouvé ce disque bon ! Et oui, et ça me la coupe presque d’écrire ça !

Et pourtant ça commençait franchement pas très bien avec un "Kirisute Gomen" rempli jusqu'à la gueule de parties différentes où le groupe a sorti plus d'une fois la super-glue pour réussir des collages contre nature comme lorsqu’il assemble quelques riffs limite black à des chorus melodeath. Ca s'améliore dès le second morceau à savoir "Torn between Scylla and Charybdis" où la musique de Trivium repose sur des parties new-thrash (comme sur "The Crusade") mêlées à d'autres à classer entre melodeath et metalcore. Comme pour Unearth, des touches purement heavy metal 80s apparaissent à divers instants (les fameuses sonorités à la Maiden), les soli quant à eux sont nombreux et techniquement imparables.
Trivium continue pourtant de faire du Trivium avec des refrains catchy quelquefois à la limite du mauvais goût, le retour d'un chant hurlé vraiment trop forcé et peu convaincant et l'ombre des vieux Metallica qui apparaît de temps à autre même si c'est cette fois-ci moins flagrant que sur "The Crusade".

Mais alors mon petit VsGreg comment que ça se fait que tu le trouves bon c'te alboume ?

Eh bien Trivium a pris exemple sur Machine Head et son "The blackening" en donnant une dimension épique à ses morceaux. Les chansons ont ainsi presque toutes plus de 5 minutes et arrivent à sortir du cadre couplet/refrains/couplet/solox2/refrain. Le sentiment de lassitude arrive ainsi moins vite que par le passé (mais il finit par arriver qu’en même) et lorsque les plans qui se succèdent coulent de source, bien ça passe tout seul comme un Cobra dans un pit de Krisiun. Le côté surproduit et sur "propre sur lui" de "Shogun" agira certainement comme un répulsif pour certains, il devrait par contre tout à fait convenir aux amateurs des derniers Killswitch Engage ou Shadows Fall.

Qu’il n’y ait pas d’enthousiasme exagéré pour autant. "Shogun" est juste un bon album, pas l’album de l’année mais indéniablement le meilleur disque de Trivium. Certes, il n’était peut-être pas difficile de faire mieux que les 3 précédents, mais ils l’ont fait ! Si pour vous Trivium c'était "Oui ... mais non", tentez le coup une dernière fois !


Rédigé par : VsGreg | 15/20 | Nb de lectures : 13512