Dans les années 2000 et encore plus dans les années 90, le label Roadrunner records était la maison de disques qui permettait à des groupes débutants de sortir de l'obscurité pour se placer en tant que références ou formations incontournables. Machine Head, Fear Factory, Sepultura, Type O Negative puis Slipknot ou Killswitch Engage sont autant d'exemples qui confirment cet état de fait.

Or depuis la révolution du numérique, le label originaire de Hollande a bien du mal à faire passer un de ses poulains dans la catégorie des gagnants du quinté+. Trivium est désigné depuis plusieurs années comme devant devenir la nouvelle figure emblématique du label, vont-ils enfin y parvenir ?

Après un "Shogun" (2008) réellement séduisant qui voyait le groupe oser prendre plus de risques au niveau des compositions, la formation américaine sort aujourd'hui "In Waves" annoncé comme l'album de la maturité !

L'album débute par une intro crescendo ("Capsizing The Sea") pour aboutir sur le title track "In Waves" qui combine riff massif à la "Fear Factory" et pures parties mélodiques catchy à souhait. Le chant alterne hurlements féroces à la limite de l'extinction de voix et chant clair propre comme une culotte d'infirmière en service. Et faut le dire : le titre fait mouche y a pas à chier.

"Inception of the end" poursuit sur une cadence très rapide dans une veine melodeath avec l'arrivée de blast beat par instants en opposition total à un refrain immaculé. "Dusk Dismantled" dévoile le côté obscure du groupe floridien qui met en place une atmosphère oppressante et martiale... le tout garanti chant 100% growlé!

"Watch The World Burn" ou "Black" nous rappelleront que Trivium avait singé Metallica sur leur album "The Crusade", on replonge ainsi dans des titres plus thrash mélodique immédiatement mémorisables avec un chant clair omniprésent. On pensera encore à Metallica sur "Of All These Yesterdays" qui débute comme une ballade calme pour monter en puissance et en intensité, on regrettera que Trivium n'ait pas allongé la sauce et ne nous propose cela qu'en tout juste 4 minutes et 21 secondes.

"Caustic Are The Ties That Bind" pourrait être une chute de "Shogun" tant on retrouve le côté épique de certains titres de l'album. "A Skyline's Severance" ou "Chaos Reigns" nous ramèneront vers du Trivium plus féroce autant par le chant uniquement hurlé que par quelques vraies touches death.

En 18 titres (sur l'édition spéciale) ou 13 (sur l'édition basique), Trivium vous fait ainsi passer du death mélodique au metalcore thrashisant avec des touches purement heavy via le jeu de guitares de la paire Heafy/Beaulieu. La production est signée Colin Richardson, elle est super précise, nette et claire. "Surproduit" diront certains, ils n’auront pas tort mais c'est totalement adapté à un tel album.

Trivium fait marche arrière en ne développant pas plus ses compositions comme "Shogun" avait pu laisser l'espérer, les Floridiens s'évertuent à proposer des compositions plus catchy les unes que les autres sans que cela soit exaspérant ou systématiquement prévisible comme sur "Ascendancy" (2005).
On regrettera que le chant - même si il est partagé par Paolo Gregoletto (basse), Matt K. Heafy (guitare) et Corey Beaulieu (guitare) - n'arrive toujours pas à convaincre totalement. Ce constat est à la fois valable pour les parties hurlées sans puissance que dans celles chantés où Matt Heafy manque toujours de coffre et d'amplitude.

Au bilan, "In waves" a t-il permis au combo floridien de s'affirmer comme un groupe mature du haut des 25 ans de son leader Matt K. Heafy et ses 5 albums studio ?

Si le disque est de bonne facture, on ne peut pas vraiment affirmer que Trivium soit devenu une cougar du metal ou une Metal-Milf. "In Waves" aura ainsi du mal à faire venir de nouveaux fans vers le groupe, par contre tout amateur de metal moderne ne pourra qu'y trouver son compte.


Rédigé par : VsGreg | 15/20 | Nb de lectures : 15708