TRIBES OF NEUROT – Meridian (Neurot Recordings/Chronowax) - Selection VS du 21/12/2005 @ 11h29
Le projet instrumental, TRIBES OF NEUROT existe depuis plus de dix années… Ce qui ne devait consister qu’en un passe-temps parallèle de courte durée des cinq membres de NEUROSIS est bel et bien aujourd’hui un groupe à part entière. Et si l’approche musicale a toujours semblé diamétralement opposée à celle entreprise dans le cadre de NEUROSIS (ce qui n’est pas totalement vrai… nous devrions en effet dire que les deux travaux sont - bien qu’antagonistes - magnifiquement complémentaires, comme l’ont prouvé les deux longs efforts «Grace» et «Times Of Grace»), il est clair que, de la part de TRIBES OF NEUROT comme de la part de NEUROSIS, le résultat d’une gestation sonore suscite chez l’auditeur toujours autant d’étonnement mêlée le plus souvent à une excitante avidité pour toutes nouvelles sonorités… Il faut dire que le quintet ne fournit en général que très peu d’informations quant à la teneur de ses nouvelles productions. La surprise reste le plus souvent de taille. Et ce «Meridian» ne déroge bien heureusement pas à ce principe.

Pourtant, nous aurions pu penser que TRIBES OF NEUROT pouvait avoir dit son dernier mot. Après que l’Europe l’ait découvert un poil tard avec la sortie du EP «God Of The Center» (pressage vinyl en 1996 de ces quelques titres, sorti chez Conspiracy Recordings), qui aurait pu imaginer que le combo californien nous étonnerait tour à tour avec «Silver Blood Transmission», «Rebegin» en 1996 (un condensé de compositions des plus expérimentales que le groupe enregistre entre 1991 et 1996), «Grace», «60°», «Static Migration» (issu de la collaboration entre TRIBES OF NEUROT et WALKING TIME BOMBS), «Adaptation And Survival – The Insect Project» (le LP le plus expérimental à mon avis de toute la discographie)?… Sans compter que le combo nous fait profiter d’un tas de titres inédits présents sur différents maxis (pressés généralement dans un format spécial et donc d’une série limitée), d’un live enregistré à San Francisco, le dénommé «Live At Beyond Festival 2001», ainsi que d’un album aux quatre disques à écouter simultanément («Cairn», dont la bande son a été utilisée durant tout le temps de l’exposition artistique montée par les cinq mélomanes eux-mêmes !) qui ne cesse écoute après écoute de nous faire découvrir des harmonies insolites…

Voilà donc entre nos mains le nouveau jet de TRIBES OF NEUROT, dix titres tous neufs permettant au groupe d’épancher ses pulsions sonores les plus excentriques. Comme toujours, ce disque requiert un certain nombre d’écoutes avant d’en apprécier toutes les subtilités. Mais une chose est sure, le TRIBES OF NEUROT de 2005 reste un monstre original, habile et encore bien inventif. Ce qui m’a semblé tout d’abord être un album moins sombre que les précédents se révèle au fur-et-à-mesure que nous le domptons et que nous l’adoptons, un opus d’une profondeur telle qu’elle devient angoissante et réellement envoûtante. Difficile, passé la première plage, de s’arrêter en si bon chemin, même si nous savons que nous ne pourrons par la suite nous séparer de ces nappes et de ces textures ensorceleuses. «Displaced» ouvre donc la marche avec ces harmoniques doublées d’infrabasses sensées marquer un rythme qui reste inexistant. Les couches vont rapidement s’accumuler (ajout de nappes grasses au son saturé et mélodies simples jouée au clavier…) et ce titre prouve en moins de deux minutes trente que la formule reste des plus magiques. Nous pensons reconnaître après l’écoute des toutes premières plages certains sons en provenance de claviers et de machines analogiques qui ont fait la gloire du groupe depuis le début. Je veux parler de ces claviers Moog, de ce Roland Juno, de ce Yamaha PSS-30, etc, que tout amoureux du son connaît par cœur et que nos cinq individus manient donc avec perfection. Il existe dans cet album un côté grandiloquent que symbolise parfaitement ces nappes de claviers produites dans les fréquences mediums/aigues, qui permet d’établir un fort contraste avec les mesures les plus bruitistes. Ce premier aspect n’est pas sans rappeler les travaux de certains précurseurs de la musique électronique et ambiante à la fin des années 70 et au début des années 80, tels que VANGELIS (désolé si l’énonciation de ce nom en choque certains), KLAUS SCHULTZE (qui mieux que lui d’ailleurs symbolise l’expérimentation analogique dans toute sa splendeur ?!) ou encore MARK SHEEVER. L’aspect plus Noise se compare le plus souvent aux travaux de MERZBOW ou de KK NUL. Le contraste signalé précédemment constitue le plus souvent la base de la construction des compositions. La deuxième plage «Duality» en est l’exemple le plus frappant ! Cette dualité, ce double ressenti (bien être/mal être), se manifeste lors de l’écoute de la totalité de «Meridian», que ce soit pour l’intense «Digging Holes» (plage de presque sept minutes fermant magistralement cet album), pour le nébuleux «Wave Upon Wave» (qui verra quelques unes de ses mesures agrémentées de quelques accords joués à la guitare…) ou encore le vagissant «Sub Aqua»…


Rédigé par : DeadStar | 18/20 | Nb de lectures : 16802




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Commentaire
Galan Dracos
Invité
Posté le: 21/12/2005 à 12h10 - (22633)
Vangelis ? Pourquoi ça choquerai ? C'est un des plus grand claviéristes de tous les temps !

BlackMass
Membre enregistré
Posté le: 21/12/2005 à 12h27 - (22639)
étant un énorme fan de tribes of neurot depuis très longtemps (ha, Rebegin ...), il me faut à tout prix cette galette !!!

père noël à la rescousse, c'est pas en russie qu'on trouve une pépite comme ça !

BigLebowski
Membre enregistré
Posté le: 21/12/2005 à 14h52 - (22656)
Ya pas un mp3? :(

zozo
Membre enregistré
Posté le: 21/12/2005 à 21h29 - (22670)
Fan de NEUROSIS et de TRIBES OF NEUROT ('Static Migration': rââââââg lovely!) mais là, je n'accroche pas. Une longue suite de bliiiiip et de bloooooop sans réelle cohésion ni âme...

hallu
Membre enregistré
Posté le: 22/12/2005 à 13h13 - (22688)
??? Des blips et des blops ? Franchement c'est un des albums de Tribes of Neurot les moins électroniques (pas mal de mélodies, de nappes, d'instruments genre guitare/piano etc...), j'ai l'impression que ton avis est basé sur une mauvaise impression de première écoute. Je n'ai pas encore assez de recul mais cet album est très beau, même si je regrette le côté sombre et torturé d'un "silver blood transmission" par exemple. Mais des morceaux comme "Displaced" ou "Wave Upon Wave" sont superbes, et c'est à mon avis de loin le Tribes of Neurot le plus triste et le plus facile d'accès pourtant.

Chakkhu
Invité
Posté le: 22/12/2005 à 19h12 - (22695)
Ok ok, je m'y met...

zozo
Membre enregistré
Posté le: 22/12/2005 à 23h39 - (22706)
Tu as raison Hallu, c'est peut-être leur disque le plus organique. Mais quand je disais bliiiip et bloooop, c'est juste que j'ai l'impression d'avoir à faire avec un tissu un peu maigrichon de sonorités n'ayant pas grand chose en rapport les unes avec les autres... Je n'arrive pas à décerner derrière tout cela un grand schéma, ce truc qui me permettrait de tout relier ensemble...

hallu
Membre enregistré
Posté le: 23/12/2005 à 00h28 - (22707)
C'est le but, faut se laisser perdre =)

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