Huit ans de carrière ponctués de deux démos, deux albums et d'une liste de concerts aussi longue que le casier judiciaire de Samy Naceri: TREPALIUM revient à l'assaut labourer nos sillons abreuvés de sang impur. On les attend au tournant, sont-ils capables de faire mieux que leur remarquable et remarqué "Alchemik Clockwork of Disorder"? L'album n'est pas encore sorti qu'il passe entre mes doigts griffus… Verdict?
"XIII" illuminera vos nuits telle une boule disco dans une salle d'autopsie. Le carnage d'un Death Metal éclairé des spots d'un groove dantesque.

Le premier contact avec "XIII" dévoile un grand nombre de points communs avec son frère aîné, le style si particulier de TREPALIUM reste inchangé mais plus on pénètrera au cœur de l'album, plus on sera ébloui par les nouveautés qui le jalonnent. Si "Alchemik Clockwork of Disorder" vous avait séduit, il est quasiment certain que "XIII" vous fera frémir. Ce dernier est dans la droite ligne de son prédécesseur. On retrouve la griffe de ce groupe qui parvient à allier la lourdeur d'un Death Metal martial à une saveur plus légère, plus subtile, une saveur basée sur un groove étonnant qui s'appuie sur une richesse et une diversité qui prend à contre-pied tous les lieux communs. Pas de banalité, une personnalité admirable qui vous rentre en pleine tronche et vous chope par les valseuses pour vous traîner de gré ou de force dans son univers infernal.

Si l'on s'amusait à dresser un portrait-robot de "XIII" on pourrait citer un MORBID ANGEL teinté de la touche implacable d'un PANZERCHRIST bourré du feeling groovy de GODLESS TRUTH/DOMINUS, mais ce gribouillis ne rendrait pas hommage à la puissance de l'original. Sur ce nouvel album, TREPALIUM est plus direct, plus rentre-dedans que jamais. Probablement plus facile d'accès mais n'imaginez pas que cela signifie que "XIII" est un album suppositoire… A moins d'aimer s'enfiler du verre pilé dans le tuyau, "XIII" ne glissera pas tout seul. Derrière ce côté brut de décoffrage bien bourru qui fait la part belle aux gros riffs qui tachent, au pilonnage de batterie et aux vocaux agressifs du père Kéké qui - notons-le – prennent parfois quelques accents Crusty/Hard Core se trame quelque chose de bien plus tortueux, riche et purement génial. L'album semble être lisse, calme… mais mille spasmes l'agitent.

Guirlandes de breaks abrupts, structures alambiquées et des nuées de passages chaotiques, l'écoute de "XIII" n'est pas un parcours de santé pour pépés arthritiques. Une débauche de technique, certes, mais avec TREPALIUM il s'agit toujours de technique utile, sensée. Contrairement aux premiers de la classe qui récitent des monceaux de méthodes fadasses et vaines, TREPALIUM sait utiliser sa maestria pour créer quelque chose complexe et toujours homogène. Même s'il est serti d'innombrables acrobaties, "XIII" est cohérent, un bloc complet sans faille ni fanfreluches à la con. Tout est parfaitement dosé pour secouer la tripaille sans faire gerber… TREPALIUM réussit à donner naissance à une brutalité raffinée où la violence reste toujours muselée par un groove monumental qui verra quelques fractures ouvertes dans les pits à venir…

Simple Death Metal technique martelant un feeling d'ours en rut? Non… TREPALIUM n'a jamais cédé à la facilité en démoulant un truc rachitique et anémié. La force de ce groupe est de plonger ses racines dans des univers variés, ça fait sa richesse et ça le condamne aussi à être honni par bien des abrutis qui se moucheront dans cette dentelle pour mieux s'esbaudir des torchons en toile de jute d'un CANNIBAL CORPSE prédigéré! (HAHAHAHA!!! Pour la pêche aux cons, préférez les appâts bien gras et bien voyants comme celui-ci: ça mord à coup sûr!)

Bref, on causait de la richesse de TREPALIUM qui se fait suffocant lorsqu'il s'agit d'écraser l'auditeur sous des tonnes de Death Metal autoritaire, complexe pour donner du corps à la frénésie qui habite l'album, englué pour perdre le quidam dans une bouillasse aux légers embruns EYEHATEGOD/NEUROSIS et enfin dansant… bah oui, pour zapper le côté "funky" il faudrait être complètement miro!

Grattons la surface pour mieux savourer la moelle de "XIII"… On ne sait pas trop sur quel pied danser avec TREPALIUM, doit-on headbanguer à s'en déchausser les ratiches, groover du croupion sur les innombrables mosh parts gonflées à la sauce Funky 70's, ou alors se rouler en boule la bave aux lèvres secoués de convulsions ou encore rester coi? C'est dans cette hésitation que réside tout l'aspect "dérangeant" de ce "XIII" qui est plus brutal, plus chaotique mais aussi nettement plus dodu et "atmosphérique" que "Alchemik Clockwork of Disorder". On croit avoir choisi son camp pour se prendre dans la seconde qui suit un grand coup de savate qui nous rappelle que TREPALIUM n'est pas un groupe de Bledina Metal et qu'il sait surprendre son monde… le titre 7… Brrr! (et ses chuchotements sauce Anselmo!) le final de l'album… hmmmm…

Etrange, plus on s'enfonce dans les méandres de "XIII" plus on y sent un arôme morbide, malsain. Le groove qui d'habitude est synonyme de joyeuseté est ici retourné, détraqué… On imaginait un INFECTIOUS GROOVES au pays de MORBID ANGEL, mon cul! Ici, les trucs sympatoches deviennent les plus fourbes, les plus pervertis… La basse toute gorgée de Funk dodelinant finit par vous arracher le sourire qu'elle aura fait naître sur vos lèvres, les plans "Reinhardt" feutrés viendront vous trancher la gorge au moment même où vous alliez les fredonner et les mosh parts sur lesquelles on allait faire péter son plus beau booty shake sont lacérées de fièvres frénétiques… Tout est retourné, dévié… vicieux!
Un album paradisiaque où vos pires cauchemars ressemblent comme deux gouttes de sang à vos plus innocentes rêveries.
Bienvenue dans l'Enfer d'un album splendide!

Ha merde… je suis complètement paumé dans ma kro… Mes idées s'embrouillent, et je sais plus ce que je voulais vous raconter… C'est là, le deuxième effet kiss kool de "XIII", à force de gambader dans ce monde bizarre, on en perd la boule. Il faut dire que l'atmosphère de l'album est singulière… Obscure et cynique… introspectif et exubérant. Voilà les mots qui résument le mieux cet extraordinaire album…

On ne sort pas indemne de "XIII"… et là, je suis tout chamboulé avec l'impression d'être le premier crash test dummy à l'avoir reçu en pleine gueule! Vite une louchée de Joe Dassin pour retrouver ma proverbiale bonhommie!

On ne sort pas de "XIII"… l'album est trop riche, trop puissant, trop surprenant et hanté pour être relégué au rang de souvenir vague. Grâce à cet album, on vit une expérience musicale unique, on est transporté à l'orée de la déraison puis englouti dans des profondeurs abyssales grouillantes…
Pour être limpide: ça vous la coupera… à ras!

J'arrête ma kro fleuve et vous laisse poireauter jusqu'à la sortie de "XIII"… sachez simplement que le 9 février vous errerez dans les lueurs mortes de cet album qui vous fera flotter… tous… ils flottent tous en bas…


PS: J'aime pas l'artwork… je HAIS les clowns!!! Enfin, ça on s'en cogne.

BUY AND DIE.




Rédigé par : Cobra Commander | 19/20 | Nb de lectures : 18220