La mode des groupes de hardcore avec une multitude de chanteurs est en plein boom. Mais la palme doit probablement revenir à TRC. Deux chanteurs ? Pfou, c’est pour les lopettes. Trois ? Laissez-moi rire ! Car nos Anglais ne sont pas moins de quatre pour pousser la gueulante sur scène. J’imagine même pas le bordel que cela doit être sur scène d’autant plus qu’en hardcore, on ne reste pas figés sur scène !

Bref, redevenons sérieux. TRC est un groupe anglais de la banlieue londonienne, signé sur Rucktion et qui nous offre son premier full length. Tout cela sent le LBU à plein me direz-vous ? Gagné ! Après un EP fortement remarqué « North Side Kings », un changement de line up (un guitariste et le batteur) et une pause de deux mois en 2006, revoilà nos Londoniens de retour sur scène et prêts à conquérir la planète hardcore. La conquête peut commencer car ce « Destroy And Rebuild » vaut la peine que l’on s’attarde sur son cas.

« Guess Who’s Back ? » ouvre le bal (ainsi que le Myspace) et le déluge de décibels démarre. A vrai dire, les groupes de hardcore anglais possèdent leur propre son. Si aux States, le hardcore métallique regorge de plans lents et de riffs dits « chugga chugga », en Europe, on préfère jouer rapidement et incorporer du groove dans les plans mid tempo (des combos comme Black Friday 29 ou Knuckledust le démontrent très bien).
Nombre de titres sont marqués par la vitesse (« Guess Who’s Back ? », « Sad, Fat, Desperate », « Home Is Where The Art Is » ou bien « Define Cocky » et son début fracassant) et l’auditeur se laisse séduire aisément. Les compositions sont assez singulières, alternant vitesse et lenteur, le tout séparé par des breaks rigoureusement placés. Les mosh parts sont également de sortie, comme il est de coutume dans le style, et à ce titre TRC est très satisfaisant.

La scène anglaise est marquée par le rap et TRC n’y fait pas exception. Ce n’est pas la pochette dépeignant un paysage urbain qui va à l’encontre de cette affirmation. De plus, Ajoutez à cela un feeling rap sur certaines chansons (le flow sur « VIP Bouncer » ou sur « Fat, Sad, Desperate ») ainsi que le titre « Dark Days », entièrement rap, et vous obtiendrez une fois de plus la preuve que les milieux musicaux du hardcore et du rap se télescopent par moment.

Au niveau de la production, rien à redire. Le travail accordé ici est remarquable, notamment concernant la batterie et les guitares. Les cymbales y sont pleinement exploitées (les crash ne passent pas inaperçues), le triggage sur la grosse caisse est également très important, renforçant l’impact des rythmiques lors des parties lentes. Il faut quand même reconnaître que la caisse claire est parfois un peu en retrait surtout quand tous les éléments de la batterie sont présents. Les guitares rugissent allégrement, massives et lourdes. La saturation est très forte et le métal reste incrusté de façon quasi autoritaire dans le hardcore des Anglais.
Comme cité en introduction, TRC compte quatre chanteurs, mais il faut se lever tôt pour les reconnaître ! Leur timbre est assez proche les uns des autres, donc leur utilité s’en voit atténuée.

Grâce à ce premier opus, TRC s’inscrit dans la scène hardcore anglais de façon indélébile et pourrait bien devenir un futur poids lourd du genre. Encore un groupe à suivre sur la scène européenne !


Rédigé par : Vision Of Beuh | 15/20 | Nb de lectures : 10761