Bizarre, vous avez dit bizarre ?
(Voilà, comme ça c’est fait, on va pouvoir passer à la chronique.)
TRANSCENDING BIZARRE? (oui, avec le point d’interrogation) est un groupe grec formé en 2000 à Thessalonique, autour de Dimitris « Dim » Makrantonakis, guitariste et tête pensante des deux autres projets barrés (mais pas bizarres) DOL THEETA et DOL AMMAD. Le groupe a dû déplorer la mort de son programmateur S.A. Akis cette année bien qu’il ait participé à The Misanthrope’s Fable, troisième album du désormais quartet grec après The Four Scissors (2003) et The Serpent’s Manifolds (2008). Certains rôles ont également été redistribués au sein du line-up. Enfin bref, parlons plutôt musique.

Un petit fait étonnant tout d’abord (et un peu bizarre, d’ailleurs) : en général, la plupart des groupes de Black Sympho donnent dans le clonage de DIMMU BORGIR sur leurs premiers efforts puis affinent leur style et deviennent plus originaux par la suite. Eh bien avec TRANSCENDING BIZARRE? c’est l’inverse qui se produit : le groupe avait d’abord tenté de nous délivrer du Post-Black avantgardiste assez bien fichu sur The Four Scissors, mais il a petit à petit intégré des éléments plus symphoniques et orchestraux à sa musique. On était donc pas loin du copiage de DIMMU BORGIR sur certains plans dans The Serpent’s Manifolds (oui, je ne sais pas trop pourquoi ils parlaient de mes collecteurs sur cet album), et The Misanthrope’s Fable enfonce le clou : le côté symphonique et les riffs Black mélodiques font définitivement très DIMMU BORGIR.

Seulement, TRANSCENDING BIZARRE? ne se contente pas de faire de la redite de DIMMU BORGIR et malgré la présence de quelques éléments caractéristiques de la musique des Norvégiens, les Grecs essaient quand même de proposer des ambiances et des effets de style plus originaux. Le groupe œuvre donc dans des sphères plus avant-gardistes, plutôt décadentes sans pourtant lorgner du côté d’ARCTURUS, ATROX et consorts, mais les ambiances assez variées sont comment dire… bizarres. Les différentes sonorités de clavier, les chœurs, les passages épiques, tout ceci est très travaillé et on ne s’ennuie pas à l’écoute de The Misanthrope’s Fable. On a donc droit ici à 9 titres pour 46 minutes de Black Sympho très classique dans la forme mais original dans le fond, l’ensemble étant plutôt plaisant au premier abord.

Pourtant pour moi The Misanthrope’s Fable est un peu le cul entre deux chaises, le groupe étant capable du pire comme du meilleur. Le meilleur se situe au niveau des atmosphères très « nocturnes » qui font parfois penser à l’œuvre de Tim Burton, comme au sein de "Realizing the Blindness" par exemple, ou encore la cavalcade épique de "The Empire of Mind" sur laquelle Bjørnar E. Nilsen (VULTURE INDUSTRIES) fait une apparition au chant, ainsi que le départ grandiloquent de "Broad Daylight Misanthropy" plutôt réussi. La plupart des riffs sont simplistes mais très entraînants, les parties plus mélodiques de "Realizing the Blindness" donnent envie de taper du pied, tout comme les passages directs de "The Empire of Mind" et "Descarte’s Wrath", ou encore les changements de plan de "The Beginning" et de "The Return to Nothingness". Le pire, quant à lui, se situe à la croisée de plusieurs chemins. Le chant n’est vraiment pas convaincant, très « arraché » et semblant à bout de souffle par rapport au précédent opus. Les lignes de chant partent vraiment trop dans tous les sens même si on peut saluer l’effort fourni par le groupe, et certains passages de chant clair donnent dans la surenchère et s’avèrent être carrément atroces (les breaks de "Envisaging the Ideal Planet" et "The Murders of the Young Ones" notamment). Breaks peu excitants qui cassent parfois la dynamique de certains morceaux d’ailleurs. La prod est correcte (faite maison) mais moins bonne que celle de The Serpent’s Manifolds qui envoyait bien. Et bien sûr, comme je le disais 2 paragraphes plus haut, le groupe s’inspire trop de DIMMU BORGIR sur certains points. Certains claviers de "The Beginning", les chœurs de "Envisaging the Ideal Planet", les montées épiques de "The Return to Nothingness" : tout ceci est très librement inspiré de la grandiloquence de certains albums des stars norvégiennes, tout comme le style de riffs directs et incisifs soutenus par un gros son.

Bon à vrai dire, The Misanthrope’s Fable est un petit album de Black sympho avantgardiste tout à fait correct, qui peut aisément devenir très accrocheur du moment qu’on apprécie les ambiances, qu’on arrive à se faire au chant et qu’on passe outre les influs DIMMU BORGIR très présentes. Pour ma part, ma préférence va à The Serpent’s Manifolds qui sonnait un petit peu mieux (meilleur son, meilleur chant) et qui était plutôt prometteur. The Misanthrope’s Fable aurait donc dû être l’album de la confirmation et ce n’est malheureusement pas le cas, bien que le travail fourni sur les atmosphères est plutôt intéressant. Mais pris tel quel, c’est un disque assez plaisant qu’on peut réécouter à l’occasion, sans se prendre la tête. Bizarre certes, mais pas transcendant : Half Fail ?


Rédigé par : ZeSnake | 13/20 | Nb de lectures : 13083