TRANSATLANTIC - The Whirlwind (InsideOut/EMI) - 26/11/2009 @ 08h05
(Attention, cette kro est longue, « littéraire », didactique donc ennuyeuse, donc réservée à la poignée de lecteurs de VS qui apprécie ma prose. A ceux-là je dis merci de votre indulgence, aux autres je dis... merci de vos réactions agacées ; elles me font progresser. Enfin, je l’espère…).

« Bonjour ! Vous êtes sur le point de lire la kronik de "The Whirlwind", le nouvel album de Transatlantic. Nous vous souhaitons beaucoup de plaisir à cette lecture. »

An de grâce 2000. Entre l’avènement de G.W.Bush et le crash du Concorde à Gonesse, quelque part sur la planète Terre 4 fous, musiciens chevronnés, appartenant à l’élite mondiale du rock progressif se rassemblent pour former un « super groupe » nommé modestement Transatlantic. Neal Morse (Spocks Beard), Roine Stolt (Flower Kings), Mike Portnoy (Dream Theater) et Peter Trewavas (Marillion) ; avec une telle carte de visite, l’échec est interdit.

Caractéristique principale de ce projet inattendu, son côté transnational un peu hétéroclite. En effet, qu’ont en commun le glacial Stolt et l’exubérant Morse ? Et quel rapport y a-t-il entre le prog metal baston de Portnoy & Co et l’atmo rock classieux de Marillion ? Apparemment, aucun.

Et pourtant, ça va faire bling bling dans le tiroir caisse ! Car le succès est au rendez-vous et SMPTe fait un triomphe. Acclamé, applaudi, encensé par toute la (petite) communauté progressive et même par certains « métaleux » au cœur tendre. Allez, dénoncez-vous…

S’en suivent donc un second album – "Bridge Across Forever" – et une tournée mondiale gravée en 2 fois ; "In America" et "In Europe".

« Rebonjour ! Je m’appelle Karadok. Vous lisez en ce moment la kronik du nouvel album de Transatlantic. Avouez que vous êtes chanceux, non ? ».

Puis, c’est la nakba. L’aventure Transatlantic se termine comme la tragédie du Titanic : un grand plouf ! La torpille est envoyée par Neal Morse. Le bougre vient de rencontrer Dieu. Béni soit-il ! Et non content de saborder le fleuron de la flotte progressive de l’époque, le « traître born-again» expédie un scud sur l’autre vaisseau amiral, Spock’s Beard. Il ne coulera pas mais prend du gîte. S’en est trop. Les fans sont abasourdis, anéantis. Le vide sera immense. On compte des suicides par milliers. Les cabinets de psy sont pris d’assaut, les pouvoirs publics sont débordés. L’O.N.U décrète un embargo sur le beurre de cacahuète en provenance des U.S.A. Bref, c’est le chaos !

Non, bien entendu, rien de tel. Seulement une grande déception pour ceux qui pensaient naïvement tenir enfin le Genesis ou le Yes du troisième millénaire. Imaginez donc la surprise du chef à l’annonce de la reformation presque 10 ans plus tard : incrédulité puis immense bonheur !

Voici donc "The Whirlwind", 3ème album des prodiges d’un genre adulé par un quarteron d’irréductibles et snobé par le reste du monde. Tant pis, on fera sans lui !

Car comme il y a 10 ans, le Transatlantic de 2009 a de quoi nous faire saliver. Mais ce tourbillon de 77 minutes a-t-il le pouvoir de nous faire chavirer ? D’autant qu’il se présente avec le même problème : réussir la quadrature du cercle. Atout majeur, il est flanqué d’un énorme a priori favorable dû à son line-up et d’une ambition contraire à l’air du temps : perpétuer avec brio l’esprit des grands anciens sans tomber dans le plagiat. L’équipage en a les moyens et le navire a fière allure. Cependant, il part avec les cales chargées des mêmes bagages plutôt encombrants. Et parmi ceux-ci : la paire Stolt/Morse. Va–t–elle à nouveau occuper tout l’espace ?

« Salut ! La rédaction de V.S vous offre la possibilité de lire cette kronik. Reconnaissez que vous êtes un veinard, allez, reconnaissez-le, soyez honnête ! »

Bien entendu, à la fin du siècle dernier, ce duo-là dominait déjà le rock prog de la tête et des épaules. Il était donc inévitable que leur personnalité ne finisse par s’imposer aux commandes du Love Boat. Et ces 2 loups de mer sont pour beaucoup dans la richesse des plus belles compositions - les longues ("All Of The Above" – "Duel With The Devil" – "Stranger In your Soul") comme les plus courtes ("We All Need Some Light" – "Bridge Across Forever"). Ils n’en demeurent pas moins déjà très envahissants dans leurs embarcations respectives et laissent peu de place aux autres soutiers.

Autre inquiétude, les temps ont changé. 10 ans c’est long et l’histoire, même si elle ne repasse pas les plats, nous a appris que la foule capricieuse prend un malin plaisir à brûler aujourd’hui ce qu’elle a vénéré hier. Il en va en musique comme avec le reste. Et en ces temps troublés, c’est Porcupine Tree et son Invincible Armada rock métal qui tient mers et océans renvoyant du coup le rock prog symphonique à papa à ses chères études.

Ne tournons pas autour du pot, c’est le sort réservé à Transatlantic et son quatuor magique. Et franchement, pas de quoi verser une larme. Ils le savaient, ils étaient prévenus. En plongeant trop souvent la louche dans les tonneaux de rhum cuvée Morse, le groupe se ferme de nombreuses écoutilles. Et si l’on entrevoit dans "Overture-Whirlwind" (9min53) un bref hommage rendu au "Dark Side" du grand Floyd, on comprend très vite (dès 1 minute 30) que celui qui tient le gouvernail n’a nullement l’intention de le lâcher. "Whirlwind" hisse donc des couleurs fortement marquées Spock/Morse. Rien de nouveau et pas toujours du meilleur goût surtout quand les paroles elles aussi transpirent au mieux le new age facile au pire le prêchi prêcha envahissant. Et si ses mélodies sont toujours efficaces elles sont tout aussi souvent stéréotypées ou mièvres.

« Bordel, si vous me dites que lire cette kro n’est pas une putain de chance, une occasion, unique, un évènement exceptionnel, je viens vous botter le cul jusque dans vos chiottes ! Merde ! Font chiez ces blaireaux ! »

Quand s’efface l’influence du révérend, c’est celle de Stolt qui prend le relais. Mêmes causes, mêmes effets, on passe donc de Spock’s à Flower Kings avec la sensation de patauger dans le déjà vu. Il n’y a que "On The Prowl" où la paire Portnoy/Trewavas donne un peu de rythme à l’ensemble.

Alors évidemment, étant donné la classe des intervenants, tout ceci est extrêmement pro, arrangé avec maestria et rien n’est laissé au hasard. Néanmoins, l’effet de surprise a disparu. Et il n’y a pas que ça. Il manque du souffle, un frisson, du culot. Comme si ce 3ème album n’était en fait que le prétexte à la réunion d’anciens potes nostalgiques et qui voudraient exhumer les cendres d’une époque qu’ils savent définitivement perdue.

Conclusion, les moussaillons qui découvriraient Transatlantic dans sa version 2009 auraient toutes les raisons du monde de crier au génie et on peut les comprendre. Quant aux vieux briscards aux cirés défraîchis et ayant quelques milles nautiques dans les bottes, ils trouveront que la fière embarcation qui scindait fièrement les flots il y a une décennie sent la marée pas fraîche. Et quand bien même on aurait repeint la coque d’une épaisse couche de blanc, à l’arrivée, la rouille finit toujours par avoir le dernier mot…

Note du kronikeur : ça vous énerve les interludes placés ici ou là dans la kro ? Ouais, ben prenez-vous en aux labels qui nous font écouter des albums entrecoupés de messages du même acabit.

http://www.transatlanticweb.com - 211 visite(s)

Extraits sur MySpace - 185 téléchargements


Rédigé par : Karadok | 15/20 | Nb de lectures : 11336




Auteur
Commentaire
zozo
Membre enregistré
Posté le: 26/11/2009 à 08h12 - (78018)
Je suis d'accord sur le fait que cela ressemble désormais plus à un groupe mais c'est paradoxalement peut-être pour cette raison que j'accroche moins... Neal Morse était certes très envahissant sur les deux disques précédents mais en contrepartie, cela donnait à l'ensemble une meilleure cohérence. Là, cela part un peu plus dans tous les sens... Alors je dois me repencher correctement dessus mais pour l'instant, je suis un chouia déçu...



Arioch91
Membre enregistré
Posté le: 26/11/2009 à 08h33 - (78022)
J'aime certains passages mais dans l'ensemble, je ne me lève pas la nuit pour écouter l'album.



stanwd
Membre enregistré
Posté le: 26/11/2009 à 13h59 - (78049)
La chro est bien plus sympa et plus à tiroir que la musique en elle-même qui est carrément chiante et que j'ai touours trouvée casse-bonbon (j'arrête mon côté troll) mais bon, j'accroche vraiment pas, malgré la maîtrise...

black thoughts
Membre enregistré
Posté le: 26/11/2009 à 14h50 - (78051)
J'avais beaucoup aimé les 2 premiers, et celui là ne fait pas exception.
Après des années d'albums casse-couilles style "j'aime Jésus", Morse revient enfin à la recette qui avait fait son succès. On dirait qu'il a compris que la propagande bienveillante du catholicisme passe mal auprès du public rock, et même chez les gentils progueux.
Enfin bref on savait très bien à quoi s'attendre de la part de Transatlantic et j'écoute cet album avec plaisir. C'est vieillot, vu et revu, mais impeccable techniquement et catchy à souhait.



Jean
IP:80.14.37.146
Invité
Posté le: 26/11/2009 à 18h12 - (78057)
C'est amusant car je n'ai jamais vraiment accroché à ce groupe à cause de N. Morse. Il a une voix que je ne supporte pas, il n'est pas douté en arrangement (compositeur par contre ça va même si il se mord la queue), sa technique au clavier n'est pas suffisante pour jouer ce type de musique et ses délires mystiques sont fatigants.

Neal, vous êtes le maillon faible ! Au-revoir... Qu'ils prennent Fredrik Hermansson vu qu'ils ont déjà collaboré sur un Live avec Gildenlöw et ça sera parfait ^^

Cette chronique m'aura tout de même donné l'envie de jeter une oreille ;)

Jotun35
Membre enregistré
Posté le: 26/11/2009 à 23h57 - (78071)
Chronique fort sympathique. ^^
Par contre l'album je m'en passerais, sans doute pas le style de prog que j'affectionne (oui, des mots comme "prog" associés à "stéréotypées ou mièvres" et "Mike Portnoy (Dream Theater)", ben ça me donne pas envie).

black thoughts
Membre enregistré
Posté le: 27/11/2009 à 00h58 - (78074)
@Jotun35 : Je serais curieux de savoir ce que tu reproches à Mike Portnoy.

Jotun35
Membre enregistré
Posté le: 27/11/2009 à 17h42 - (78123)
Ben, je vais me faire incendier, mais pour moi DT c'est l'archétype du groupe de prog mou du genou et gnangnan.

black thoughts
Membre enregistré
Posté le: 27/11/2009 à 21h27 - (78137)
Non je comprends, même si perso je trouve qu'ils ont parfois des morceaux qui bougent pas mal.
Mais le prog saoule facilement beaucoup de monde, c'est sûr.

Olca
Membre enregistré
Posté le: 28/11/2009 à 09h26 - (78143)
Aucune surprise dans cet album, mais toujours un grand plaisir à l'écouter...



musicben69
Membre enregistré
Posté le: 28/11/2009 à 10h00 - (78145)
Tout pareil qu'Olca ! C'est quand même très classieux et ça fait du bien (bon c'est sûr que ce n'est pas ce genre d'album qui permettra de se déboiter les cervicales)
La chro est excellentes et le clin d'oeil aux coupures sur le cd promo tout à fait justifié car ils ont vraiment mis le paquet sur les "Hello, it's Mike Portnoy, You're listening the new Transatlantic..." GONFLANT !

Jotun35
Membre enregistré
Posté le: 28/11/2009 à 12h27 - (78153)
Ben, j'aime le prog, mais j'ai une préférence pour le prog plus extrême. J'aime bien Ayreon en heavy/rock prog. Mais sinon je préfère des trucs comme Kalisia, Hacride, Cynic ou le dernier Ansur par exemple.

Amduscias
IP:86.67.185.124
Invité
Posté le: 28/11/2009 à 16h54 - (78158)
Vu les extraits sur le myspace, aucune surprise au rendez vous... Et tant mieux j'ai envie de dire. Toujours le gros gros son de basse du Pete et tous les ingrédients de la bestiole. En fait ça a l'air mortel, comme d'hab avec Transatlantic.

Je pense vraiment que je vais l'acheter même si les délires mystiques de Neal Morse me prennent la tête.

Maxouille
Membre enregistré
Posté le: 29/11/2009 à 22h16 - (78180)
C'est étonnant, de mon côté je ne suis pas loin de penser que c'est leur meilleur album ! Et pourtant j'aime énormément les 2 premiers ! Tout d'abord contrairement à Porcupine qui s'est vautré sur The Incident, Transatlantic sait écrire une chanson de 77 minutes qui tient la route, totalement cohérente tout en étant extrêmement variée. Ensuite, je trouve tout simplement çà beau, même si certainement tout n'est pas original, ce qu'ils ont fait me parle ! J'espère qu'ils feront une tournée qui passera par la France .
Sinon pour chipoter, Live in America retraçait la tournée SMTPe et Live in Europe, celle de Bridge across forever.



Maxouille
Membre enregistré
Posté le: 13/12/2009 à 15h32 - (78753)
Le dvd du making off est très intéressant (surtout la partie avec tous les membres du groupe). On voit le travail de composition ou d'arrangement de 4 musiciens aguerris qui n'ont pas besoin de grand chose pour transformer une bonne idée en moment inoubliable .
L'album de 2009 pour ma part en métal / rock confondu !



Vayne
IP:78.229.134.135
Invité
Posté le: 27/01/2010 à 11h58 - (80201)
Concernant DT, dont je fus grand fan jusqu'à l'album 6DOIT (lol), j'ai largement décroché à cause d'avoir eu surdose de la voix de Labrie et du surgavage de démo technique des zicos (je suis gratteux, j'aime bien les plans barrés, mais faut se calmer un peu sur la branlette, hein).

Transatlantic a sorti SMPTe, une bombe rock prog dont je ne me lasserais jamais de l'écouter. Mais Portnoy m'énerve maintenant, ses attitudes de starlette lui ont fait perdre mon envie de rester client de ses oeuvres. De plus, oui c'est un excellent batteur, mais pas plus pas moins bon qu'un autre, donc aucune raison de rester bloqué sur lui.

Alors peut-être que je me paierai ce disque, faudrait qu'il soit vraiment parfait.



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