TRANSATLANTIC - Kaleidoscope (InsideOut) - 24/02/2014 @ 08h53
Est-il opportun de vous présenter le « super super super » groupe de rock prog le plus super de ces 15 dernières années ? Pas vraiment ! On sait à peu près tout ce qu’il y a à savoir à son sujet : CV, pédigrée, influences etc. Ceux qui auraient passé la quinzaine écoulée sur Mars ou en hibernation peuvent toujours relire mes kros antérieures (ou parcourir le net).

Par contre je peux vous rafraichir la mémoire en rappelant qu’en 2009 le 3e album (The Whirlwind) signait un retour inespéré après un split brutal et un long silence de 8 ans. Les divers projets, occupations ou péripéties connues par les uns et les autres protagonistes – dont celle archi médiatisée de Portnoy – ont un temps laissé planer le doute sur la suite à donner à cette improbable résurection. Mais il est très vite apparu que l’enthousiasme et la volonté de continuer étaient toujours présents, ce qui a bien entendu rassuré les fans. 5 ans après, on constate la même effervescence, le même engouement autour de cette formation hors du commun de la scène prog.

Car Transatlantic n’est pas un groupe tout à fait comme les autres. De par sa composition même et ce qui en émane, il illustre parfaitement l’idée selon laquelle la somme des individualités d'un groupe est inférieure à sa valeur totale collective. Théorie qui pourrait se vérifier si l’on conçoit que, pris individuellement, ces 4 musiciens là ne manifestent pas tous des qualités supranatuelles. Si Stolt et Portnoy peuvent sortir du lot, Trewavas n’est pas le bassiste le plus spectaculaire du monde mais son jeu efficace colle parfaitement au style du groupe. Quant à Morse, sa polyvalence claviers/guitares, son côté touche à tout est très appréciable (notamment en live). Cependant, c’est surtout son sens inné de la mélodie qui constitue l’atout majeur de la formation transnationale.

En dehors de cette considération que d’aucuns peuvent juger secondaire, s’il faut bien admettre que Transatlantic a secoué la scène prog en 2000 avec le premier album (SMPTe), il ne s’agit pas pour autant d’une révolution de palais. Son style symphonique est et a toujours été dans la droite lignée des dinosaures des 70’. Accordons lui tout de même que, grâce à une discographie quasi sans failles et une interprétation proprement ébouriffante, il a porté haut le flambeau de ce rock sophistiqué et contribué à assurer sa pérénité dans un contexte pas vraiment amical.

Kaleidoscope vient donc confirmer cet état de fait. Bien plus, ce 4e opus était déjà proclamé « album de l’année » qui commence bien avant sa sortie. On ne répètera jamais assez combien le fan de prog sait se montrer outrancier ou de mauvaise foi quand il s’agit de parler de sa musique préférée. (soyons honnêtes, certains de nos frères métalleux ne sont pas en reste dans ce domaine…).

Bien que très bon, il ne révolutionne rien. Il reprend les même codes qui ont fonctionné pour les 3 premiers, point à la ligne ! Il n’y a que le format qui soit différent du précédent. Abandon du titre unique (77’) et place à un découpage qui rappelle SMPTe et Bridge Across Forever : 5 titres seulement dont 2 somptueuses suites de 25 et 31 ‘. Les 3 « brefs » interludes centraux montrent des visages différents ; Shine endosse le rôle de la classique ballade mid-tempo « made in Morse » avec tout ce que cela suggère de beau mais aussi de facile. Black As The Sky révèle une facette plus rock et bondissante avec des claviers virevoltants tandis que Beyond The Sun flirte avec le mélo intimiste.

Retenons donc que les 2 master pieces (Into The Blue – Kaleidoscope) n’usurpent pas leur identité. Elles ont en commun avec leurs devancières la même structure. (All Of The Above – Duel With The Devil et Stranger In Your Soul). Le foisonnement d’idées, de thêmes et de développements est leur copie conforme et se montre suffisamment chiadé pour satisfaire le connaisseur et répondre aux critères que le groupe a lui-même établis. (Et peut-être un peu figés ?) Il ne faut pas chercher plus loin n’y tenter d’y voir autre chose. Transatlantic fait du Transatlantic et après tout n’est-ce pas ce que nous attendons tous de sa part ? Cette évidence ne devrait choquer en aucune manière et personnellement, j’avoue prendre un pied phénoménal en écoutant les envolées et digressions alambiquées de ces 4 fous du volant. Quant bien même elles baignent dans un univers rétro au possible mais ô combien joussif. Et, est-il judicieux de le préciser, le jeu des musiciens est comme à son habitude techniquement sans faiblesse.

Le second CD proposé dans ce format* est un bien plus qu’un bonus. Il montre la face révérencieuse de ces 4 artistes à l’égard du rock prog en particulier et de la musique en générale. Les groupes choisis pour cet hommage ne vous seront peut-être pas tous familiers. Sachez toutefois qu’ils ont chacun à leur manière contribué à construire une majestueuse cathédrale où l’on aime se recueillir pour y célébrer la grand-messe rock symphonique.

Parmi ces distingués concurrents, pas la peine de vous introduire Yes (And You And I), King Crimson (Indiscipline) ou Elton John (Goodbye Yellow Brick Road), ils sont les plus connus.
ELO (Electric Light Orchestra) fût un grand du rock dans les années 70 et 80 connu pour des tubes intemporels tels que Roll Over Beethoven – Mr Blue Sky – Telephone Line ou Evil Woman.
Les Small Faces ont brillé une décennie plus tôt (1965-1969) dans le sillon des Who et des Kinks.
Procol Harum est définitivement inscrit au panthéon pour son slow de légende A Whiter Shade of Pale.
Focus est « LE » groupe de rock prog batave indétrônable porté par la flûte magique de son leader Thijs Van Leer.
Quant aux Moody Blues, leur Nights in White Satin continue de faire danser - toutes générations confondues - sur les parquets des boites de nuit du monde entier.

Constat immédiat et finalement rassurant, aux côtés des Flower Kings avec qui il partage la même vision – et l’on sait pourquoi – les Transat forment un duo d’esthètes qui – tant qu’ils en manifesteront le désir - promet de belles années encore à un genre que l’on a mille fois enterré. Pensez-en ce que vous voulez, moi je signe des deux mains pour que cela dure encore longtemps. Très longtemps…

*(digipack 2 cd + DVD – 19 € prix FNAC)



Rédigé par : Karadok | 16/20 | Nb de lectures : 13262




Auteur
Commentaire
Raph
IP:83.200.62.65
Invité
Posté le: 24/02/2014 à 12h32 - (111120)
"Bien que très bon, il ne révolutionne rien."

C'est parfaitement bien dit. Et cela résume bien ma légère déception. Les mélodies sont moins poignantes que The Whirldwind (ce put*** de chef d’œuvre), et le manque d'innovation donne un aspect parfois un peu linéaire aux compos (surtout quand on est habitué à entendre du prog dans ses oreilles)

Cela dit, effectivement, il y a de très beaux passages, et cela reste un album de qualité. Mais pour un groupe de ce genre, j'attends plus !

Raph

zozo
Membre enregistré
Posté le: 24/02/2014 à 14h59 - (111122)
Bizarrement, depuis que TRANSATLANTIC est devenu plus 'démocratique', j'accroche moins. Oui avant c'était plus 'Neal Morse et ses potes' mais justement, le résultat parlait de lui-même... Or selon moi 'The Whirlwind' s'étirait en longueur sans vraiment passionner. Alors pour celui-là, j'avoue hésiter... Peut-être l'édition limitée avec ce second CD plein de reprises finira par me convaincre?

RunForestRun
Membre enregistré
Posté le: 24/02/2014 à 15h08 - (111123)
Je ne savais pas que Transatlantic était devenu plus "démocratique", mais effectivement cela peut expliquer la linéarité de l'album et son manque de contenu marquant. Neal Morse est un compositeur de génie (même s'il ne se renouvelle plus du tout), par contre Stolt (bien que très doué, attention) est capable du plus emmerdant des verbiages et ne sait pas trier ses idées (il n'y a qu'à constater l'immensité de sa discographie, de The Flower Kings en passant par ses albums solos, Kaipa, plus ses nombreuses participations à des projets annexes (The Tangent & co), dont une partie non négligeable n'aurait tout simplement jamais dû sortir de ses tiroirs.
Les reprises sont géniales par contre, parce que les originaux sont des tueries.



Anje
IP:141.227.1.40
Invité
Posté le: 26/02/2014 à 08h39 - (111163)
Bonne chronique qui résume bien ma pensée, ça ne révolutionne rien mais c'est agréable. Plus que The Whirlwind à mon gout que je trouve un peu pompeux et pas évident sur sa première partie.

Amduscias
IP:77.202.4.94
Invité
Posté le: 28/02/2014 à 11h58 - (111192)
Pour le coup, moi c'est Stolt que je trouve moyen. Je suis d'ailleurs assez d'accord avec RunForestRun : The Flower Kings m'ennuie très très vite.
Par contre je trouve Trewavas vraiment très bon. C'est un vrai bassiste, pas un guitariste frustré, il n'en fait pas des caisses et a un super son, finalement très Chris Squire dans l'esprit. J'aime vraiment beaucoup ce musicien (en plus "comme tout le monde" j'adore Marillion époque Fish.)

Faut que j'écoute cet album. La ballade est assez "facile" et les paroles sont nulles, du Neal Morse en mode jésus reviens, t'as juste envie de lui dire de se taire. Mais ce qui m'intéresse chez Transatlantic ce sont les plats de résistance, leurs fameuses "epic" d'une demi heure. Sur Smpte et Bridge Across Forever c'est génial. J'avais pas trop accroché à The Whirlwind à l'époque, donc si ça revient à du Transatlantic "old school" (haha) y'a des chances que j'accroche davantage.

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