Conçu comme ce qui devait n'être qu'au départ un super side-project de "grosses pointures" du prog, Transatlantic a rapidement chamboulé le microcosme en s'affirmant comme "la révélation" de l'année 2000. Ce qui peut faire sourire quand on examine de près le pedigree de chacun des protagonistes. Cet "embrasement" général pour le dit projet a vu sa consécration se matérialiser sous la forme d'une série de concerts sold-out et bien entendu d'un double live tout aussi couronné de succès en terme de ventes s'entend. Alors bien sûr, nos 4 compères n'ont eu d'autre choix que de plancher sur l'opportunité d'un second disque studio qui a suscité un engouement et une impatience frisant l'hystérie bien avant même sa sortie. Etait-ce pour répondre à l'appel d'un succès commercial garanti d'avance ou bien pour donner suite à une inspiration et une créativité débordante, le débat est loin d'être clos. Et ce n'est pas la sortie de Bridge Across Forever qui va refermer le dossier. Car là où Transatlantic avait légitimement surpris et enthousiasmé un public léthargique, Bridge ne transforme pas l'essai.

L'hommage au prog seventies qui filtrait du premier opus, servi par des compos épiques, des harmonies fabuleuses et des mélodies mémorables, ne tient pas la distance à l'aune de ce second opus. La faute à ce mélange -reconduit pour l'occasion- d'une mixture Flowerio-Beardienne approximative qui devient lassante pour ne pas dire "gonflante". Et Dieu sait pourtant combien j'apprécie Flower Kings (et un peu moins Spock's Beard!). Ce disque est donc une demi-déception: 4 compositions inégales; rien à dire sur la première de 26 mn et qui est très réussie, mais que penser des 2 et 3 sans aucune consistance- le morceau 2 ressemble à une jam session qui part en vrille, le trois une bluette inconsistante que Morse à la fâcheuse habitude de glisser dans tous ses albums et dont on aurait largement pu faire l'économie. Le morceau 4 étant lui aussi assez bon. Pour au total 52 mn de réelle bonne musique. Je ne m'appesantirai pas davantage sur le cd bonus qui massacre Shine On You Crazy Diamond et Smoke On The Water avec une légèreté affligeante.

PARADOXALEMENT, Bridge est un bon disque (de 52 mn qui se suffisent à elles-mêmes) et comment pourrait-il en être autrement avec des musiciens aussi talentueux. C'est ce qui rend frustrant une sortie annoncée à coups de canons et qui au bout du compte se révèle être un pétard mouillé. Et si je mets 14/20 c'est parce que, nom de nom, ces quatre musicos là en ont vraiment sous la pédale, mais un brin d'originalité aurait conféré à cette oeuvre un caractère plus affirmé et par là-même un intérêt bien supérieur. Qui aime bien...




Rédigé par : karadok | 14/20 | Nb de lectures : 6792