L’Italie a toujours possédé une scène Hardcore-Punk relativement active depuis 20 ans. Les plus vieux d’entre vous ont sûrement entendu parler de Negazione, sûrement la plus grande légende de ce style outre-Piémont. Les moins vieux comme moi écoutent sans doute encore beaucoup Reprisal ou Sentence. Enfin, ceux qui découvrent le HC aujourd’hui peuvent se régaler des Miracle, The Difference, Strength Approach, Values Intact et bien évidemment To Kill. Ce groupe nous vient de l’hyper-fournie scène romaine et nous propose son deuxième album en date après ‘Watching You Fall’. Ses congénères ayant tendance à mettre la barre très haut ces derniers temps, faisant de la scène italienne la plus riche en qualité pure actuellement en Europe, voyons voir si les Romains ne font pas baisser la moyenne.

L’EP et l’album précédents avaient révélé un HC fortement influencé par la scène new-yorkaise des Agnostic Front ou SOIA, en plus moderne cependant. Pour vous situer le groupe, le comparer à Terror ou Blacklisted ne serait pas exagéré, loin s’en faut. Mais rentrons plutôt dans le vif du sujet. Premier constat évident, GSR a mis le paquet au niveau de la production, celle-ci ne souffrant aucunement la comparaison avec les autres ténors européens et américains. Le son de gratte est incisif à souhait, sur les parties lourdes comme sur les rares soli ou parties mélodiques, la basse appuie légèrement une batterie plutôt discrète et minimaliste et la voix de Josh, éraillée à souhait, sait se faire plus agressive et puissante sur certains refrains. Un bemol que je vais apporter immédiatement: à l’instar de trop de groupes français, To Kill truffe l’album d’extraits de films bien trop longs coupant sèchement le rythme et donnant l’impression de remplir l’album pour atteindre une longueur plus raisonnable. Ok, c’est sympa d’entendre 45 secondes du ‘Bon, la Brute et le Truand’ une fois, mais à la longue... Je vais finir par créer un collectif de lutte contre les samples casse-couilles qui ne servent à rien, à force ! Voilà, ça c’est fait.

Pour en venir aux compositions elles-mêmes, un mot résume l’impression qu’elles arrivent à laisser finalement : ‘hargne’. Les 11 titres de ‘Vultures’ forment un tout cohérent ne laissant guère de répit à l’auditeur et cela malgré les innombrables interludes: le tempo est très rapide, les riffs saccadés sont entrecoupés de moshparts ou de variations mélodiques, les refrains se placent toujours sur une partie plus lente et lourde... En général, ne pas arriver à mettre en exergue un titre plutôt qu’un autre va de pair avec sentiments mitigés et manque d’intérêt global, mais il en va tout autrement pour cette œuvre des Italiens. Les riffs de chaque morceau restent suffisamment différents et entrainants pour que la lassitude ne gagne pas rapidement, ce qui constitue clairement un gage de qualité en HC old-school! Certains devraient arguer du manque de variété des parties vocales (chant, singalongs) mais on s’y fait globalement bien au fil des écoutes. Certains titres sortent même du schéma traditionnel, comme 'The Big Sleep' qui évolue d’un old-school rapide à un HC plus chaotique dans la veine d’un The Hope Conspiracy. Chaque morceau résonne donc comme une déflagration contre les cibles de leurs textes, à un point tel que le nom du groupe n’a jamais été autant justifié. Quelles sont ces cibles ? Et bien si je vous dis que les membres du groupe sont tous végétaliens, vous devinerez sans problème: les laboratoires pharmaceutiques, les chasseurs, les éleveurs, bref, tous ceux qui font du mal à nos amies les bêtes. Le groupe se revendique évidemment straight-edge mais prône surtout la libération animale et l’activisme antilibéral. Que du classique ici, mais la virulence des paroles témoigne au moins de la sincérité des membres.

En résumé, Vultures représente l’album de la maturité pour les 5 Italiens et les propulse dans le haut du pavé du HC européen. Une œuvre qui ravira les fans de Terror, Sworn Enemy et autres Blacklisted mais aussi ceux qui se retrouvent dans les sujets ultra-revendicateurs axés sur le veganisme et l’activisme en général. Le groupe tournait récemment un peu partout en Europe avec les activistes californiens de Gather, une affiche à ne pas manquer !


Rédigé par : Candiria-Thon | 14/20 | Nb de lectures : 12035