S'il y a bien un groupe dont je peux me vanter de connaître parfaitement, c'est bien TO/DIE/FOR. Leurs deux premiers albums ont tourné en boucle pendant des mois sur mes platines et ont tous deux été classés dans mes tops 10 2000 et 2001. Non pas que je sois un fan invétéré de gothic-metal mais j'avais énormément apprécié leur style un peu à part, la voix originale du chanteur, les mélodies souvent très mélancoliques et globalement moins mielleuses qui leurs compatriotes de HIM et consorts. Il va donc de soi que j'attendais cet album au tournant. Le précédent "Epilogue" avait vu leur style transcendé par une (très) grosse production et c'est une fois de plus de nouveau le cas sur ce "Jaded". Les guitares ont une sonorité vraiment excellente, tous les instruments bénéficient d'un son chiadé et le mixage met chacun d'entre eux parfaitement en valeur. Mais il y un gros défaut : les synthés sont horripilants, chiants, omniprésents et gâchent carrément tout le disque. De plus, la voix de Jape, autrefois si belle et particulière au naturel, se retrouve parfois noyée dans des effets au vocoder épouvantables dans le style de Cher sur l'infâme single "Believe". Cet excès de sophistication nuit vraiment à un disque qui souffre déjà un peu d'un songwriting franchement pas génial. Au contraire des albums qui ont précédés, on ne trouve véritablement aucun morceau qui ressort du lot à part la géniale reprise du "(I just) died in your arms" de Cutting Crew. "Dying Embers" et le puissant "Too much ain't enough" ont des refrains sympathiques mais qui sont loin d'égaler les standards que sont dorénavant l'immortel "Farewell" ou l'excellent "Hollow Heart". "Fall strains" a une ligne mélodique, avec son chant féminin qui vient s'incruster, franchement plate et indigeste. "Forever" essaye de relever le rythme mais ses claviers à la Stratovarius viennent tout gâcher et le bon travail de gratte se retrouve réduit à néant. "The unknown II" est une sucrerie mielleuse à souhait qui fera pleurer les fillettes mais qui fera bien rire les grands garçons que nous sommes. Seul le lancinant "Anos de dolor" (ça veut dire "j'ai mal au postérieur" non ?") mérite quelques applaudissements car il est le titre le plus proche de l'esprit originel de TO/DIE/FOR. Le final "Silence tells more" n'est pas trop désagréable non plus par son côté plus épique mais il ne sauvera certainement pas ce disque du désastre annoncé. J'aurais peut-être mis une note correcte à cet album s'il n'avait pas été noyé dans ses déluges d'effets, de synthés et dans son excès de prétention. On a affaire à des excellents musiciens qui ont voulu en faire certainement trop et je ne peux m'empêcher de piocher dans mes archives pour ressortir un "All eternity" simple, beau et spontané, certainement les trois qualités qui manquent le plus à ce "Jaded". Quatre titres corrects sur neuf, c'est vraiment trop léger pour un groupe dont j'attendais beaucoup plus. Comme quoi ça ne suffit pas d'avoir le meilleur producteur, les meilleurs musicos et le meilleur ingénieur du son, il faut encore avoir les idées qui suivent...


Rédigé par : Loufi | 08/20 | Nb de lectures : 7495