La vie, c'est une tartine de merde et tous les jours on doit en en bouffer un morceau... Heureusement, le Grind Core est là pour faire passer le goût de ce p'tit déjeuner marron... TOTAL FUCKING DESTRUCTION revient à la charge peu de temps après son déroutant "Zen And The Art Of Total Fucking Destruction" et ces bougres nous ont mijoté un album bien gouleyant et savoureux... même s'il laisse un arrière-goût âpre au fond du gosier.

Si à ses débuts, TOTAL FUCKING DESTRUCTION faisait preuve d'un certain académisme, aujourd'hui les sentiers battus sont loin derrière. Novateur? Etonnant? Déconcertant? Oui! Mais avant de revendre vos stock options Bones Brigade sachez que ce TOTAL FUCKING DESTRUCTION est très bon et reste viscéralement Grind jusqu'au bout des orteils. Ils ont juste agrémenté leur musique de couleurs nouvelles.

Sur une base Grind Core parfaite moshant entre BRUTAL TRUTH (cf CV des membres!) PHOBIA ou PIGSTY, le groupe a greffé de nombreux plans tirés à droite à gauche... Bref, les premières écoutes de "Peace Love And Total Fucking Destruction" seront l'épreuve d'initiation, si vous passez cet obstacle, l'album révèlera ses secrets.
"Qu'est-ce que c'est que ce bidule?"
On est paumé au début. Richesse et complexité sont au menu. Ici, un plan Hard Core Old School, plus loin un nappage Post-binocleux... On a besoin de nombreuses écoutes pour se familiariser avec la bête. D'autant plus que le groupe est allé explorer un registre Power Violence bien furibard. Les digressions YACOPSAE / ENTRAILS MASSACRE sont pléthoriques et montrent la volonté du groupe à faire cohabiter la modernité la plus pointue à des riffs fins comme une vanne de Jean-François Derek. Au détour d'un enchevêtrement de blasts syncopés, de beuglantes braillardes et de Grind tortueux, on se prend en pleine pomme un gros riff des familles qui fait avaler la pilule. Chaotique mais fluide! Car Dieu merci? Satan Merci? Raël merci? ces mélopées biscornues ne durent pas et la brutalité reprend ses droits et c'est reparti de plus belle pour une plâtrée de furie!
Un joyeux foutoir... jouissif!

Il se dégage de "Peace, Love and Total Fucking Destruction" une ambiance très Punk, un aspect bordélique plaisant car cohérent, homogène. Au bout de quelques heures, l'album s'avère un endroit bien sympatoche... un peu comme les rues d'Athènes à la veille de Noël!

D'abord hermétique, le disque s'apprivoise facilement – à condition de ne pas se cramponner dans des dogmes constipés. TOTAL FUCKING DESTRUCTION vise là où ça pique et ose des croisements tabous pour les cervelles de musaraignes qui hurleront en découvrant les pépites d'un Hip Hop à la BEASTIE BOYS qui jalonnent les vingt-trois titres. Il y a dans cette rondelle un côté "sale mioche" qui se plaît à brouiller les pistes.

"Peace, Love And Total Destruction" est bigarré mais toujours de bon goût. Sac banane, perf à patch, grosses binocles et jogging dans les rangeos? Non, métissé mais pas beauf, TOTAL FUCKING DESTRUCTION maîtrise tout avec grande cohérence. Jamais l'album ne patine dans la choucroute – au pire il dérape sur une saucisse (j'aime cette métaphore alsacienne!) XP avant-gardiste au goût cradingue de BOLZ'N / DOGMA INC.

Très bon album mais, mais, mais... je trouve que malgré des qualités évidentes, il manque à l'album le "truc" pour faire décoller le tout. L'audace est là mais paradoxalement tout paraît sage. Une impression bizarre, un sentiment d'inachevé. TOTAL FUCKING DESTRUCTION tire dans tous les sens, matraque à tire-larigot et offre une musique riche et complexe mais qui semble rater sa cible.

Remarquable d'audace, prod' exceptionnelle, structures alambiquées mais l'ombre au tableau s'agrandira dès que l'on aura déverrouillé l'accès à l'album...
Dommage.


Rédigé par : Cobra Commander | 14/20 | Nb de lectures : 13341