Après Jeff Walker nous confessant sa tendresse pour le blues et la country à prendre au troisième degré voilà le nouvel album de TONY NAIMA & THE BITTERS, un disque qui n’aurait probablement pas connu les faveurs de nos colonnes s’il ne comportait pas exclusivement, comme son intitulé le suggère, des reprises de DISMEMBER.

Alors que la soirée de lancement du dernier DISMEMBER battait son plein en février dernier, voilà que quelques invités incitent Tony Naima à monter sur scène pour reprendre deux classiques de DISMEMBER. Vous ne le savez probablement pas mais Tony Naima est un chanteur pop relativement connu en Suède. Difficile de savoir ce qu’il venait foutre dans une fête célébrant le death metal suédois mais voilà que notre Tony, qui avait visiblement préparé son coup, met tout le monde sur le cul avec ses reprises, y compris les membres DISMEMBER eux-même. Pris dans l’euphorie surréaliste du moment voilà que l’idée d’enregistrer ces reprises en studio est lancée. Nos quatre larrons de DISMEMBER sans doute flattés de l’hommage ainsi rendu approuvent le projet au point de collaborer avec notre Tony sur le choix des titres à reprendre. Regain records graisse les rouages avec un contrat et hop, le tour est joué. Voilà « Dismember » soit sept morceaux de death suédois revus et corrigés par les soins du sieur Naima et de ses BITTERS qui ne sont autres qu’une bande de potes ameutés pour l’occaz.

Tout d’abord, il me faut insister sur un point bien précis. Dans le cas présent, il faut d’avantage parler d’adaptations plutôt que de reprises car les changements sont plus que spectaculaires. Une fois revus et corrigés, ces titres, qui déchiraient leurs pauvres mémés sous la patte de DISMEMBER, n’ont strictement plus rien à voir avec les originaux au point de les rendre méconnaissables. Il faut dire que Naima n’a conservé que les textes du groupe pour y greffer sa propre musique, ses propres impressions. Ainsi des fleurons tels «I saw them die », « In death cold embrace », “Let the Napalm rain” ou encore “Dreaming in red” se retrouvent travestis en ballades rock ou en chansons folk. Bref, autant d’arrangements qui font d’avantage penser à un massacre plutôt qu’à un vibrant hommage. Terminé les ronflements de guitares et bonjour les tambourins, DISMEMBER à la sauce Naima ça fait plutôt sourire et absolument pas headbanguer.

Si le « Welcome to Carcass cuntry » du père Walker nécessitait de bonnes doses d’humour et d’ouverture d’esprit, c’est également le cas ici car les puristes qui ne se reconnaîtront pas dans le début de cette phrase ne manqueront pas de crier au scandale devant une telle profanation. Les autres, qui se laisseront prendre au jeu découvriront un disque de pop/rock plutôt bien fichu qui passe comme une lettre à la poste. On se surprend même à taper du pied en mesure sur quelques passages entraînants.

Pour peu que vous soyez joueur, je vous conseille d’écouter cet album en essayant de reconnaître les titres. Mais j’aime autant vous dire que ce n’est pas une mince affaire.

Au final, on sait désormais que DISMEMBER pourra se recycler un jour dans la pop vu que ses textes s’y prêtent, que ce disque est sympa, que l’exercice de style est original et gonflé, qu’il ne fera pas un carton auprès du public métal mais que sa pochette est géniale. De là à vous conseiller de l’acheter…


Rédigé par : Tonton | quelque part entre 0 et 20/20 | Nb de lectures : 12099