TOKYO BLADE, c’est culte. Enfin surtout les deux premiers albums, Tokyo Blade et Night Of The Blade, respectivement parus en 1983 et 1984. Parce que, par la suite, le groupe britannique est bien vite retombé dans l’anonymat, la faute à d’incessants changements de personnel et à des sorties plus hasardeuses les unes que les autres. A la fin des années 1990, le combo (enfin ce qu’il en restait alors !) finissait par se séparer, malgré les vaines tentatives du guitariste originel, Andy Boulton, pour sauver sa formation d’un naufrage inévitable.
Après un silence radio d’une bonne dizaine d’années, TOKYO BLADE a cédé à la mode des reformations en 2009. Ce sont en effet ni plus ni moins que les 4/5 du line-up « historique » du groupe (celui de Night Of The Blade) qui se sont décidés à relancer la machine. Malheureusement, l’enthousiasme des fans a été rapidement douché par l’arrivée d’un nouveau vocaliste, inconnu au bataillon, en la personne de Nicolaj Runhow (DOMAIN). Par conséquent, point ici d’Alan Marsh, l’excellent chanteur des débuts, et encore moins de Vic Wright, son tout aussi brillant successeur. Forcément, la légende de la NWOBHM en prend un coup au passage…

Et le moins que l’on puisse dire, c’est que l’on regrette amèrement que les musiciens reformés n’aient pas réussi à se rabibocher avec l’un de leurs anciens pensionnaires au micro, afin d’en mettre plein les oreilles aux amateurs de heavy metal old school. Car, autant aller à l’essentiel, les parties vocales sont assurément le point faible de ce neuvième effort studio. Malgré un travail assurément plein de bonne volonté, Nicolaj Runhow ne rend pas justice à la musique du groupe tant il sonne comme un vocaliste de heavy metal lambda (du genre sous-Rob Halford). Ne parvenant en aucun cas à faire oublier ses prédécesseurs, ce chanteur n’est peut-être pas totalement à sa place ici…Et TOKYO BLADE de se transformer par voie de fait en vieille gloire de la NWOBHM sans personnalité ni originalité…

Pour autant, si Thousand Men Strong déçoit, c’est également à cause de ses compositions passe-partout et parfois très limites en termes d’inspiration (« Black Abyss », « Killing Rays »). Mais tout n’est pas à jeter, et des titres comme « Thousand Men Strong » ou « Forged In Hell’s Fire » le font carrément. Délicieusement daté, « No Conclusion » redonnera quant à lui le sourire aux amateurs de heavy traditionnel décontenancés par les sorties actuelles. Au détour de certains duels de guitare délivrés par la paire Andy Boulton/John Wiggins (« Lunch Case », très typé IRON MAIDEN), on se prend même à repenser au TOKYO BLADE de la grande époque ! Quant à la production, merci pour elle mais elle est signée Chris Tsangarides (ANVIL, BLACK SABBATH, JUDAS PRIEST, THIN LIZZY, YNGWIE MALMSTEEN etc.…) et ne souffre de ce fait d’aucun défaut majeur.

TOKYO BLADE, c’est culte. Cela ne fait aucun doute. Il n’empêche que c’était quand même vachement mieux avant, au milieu des années 1980. Et pour ceux qui refuseraient encore de voir la vérité en face, jetez une oreille à la relecture (ratée) du classique « Night Of The Blade » par le « nouveau » line-up. Une seule conclusion s’imposera alors à vous : pourquoi ne pas s’en aller réécouter les classiques du combo britannique plutôt que de s’attarder sur ce Thousand Men Strong franchement moyen ?


Rédigé par : up the irons | 12.5/20 | Nb de lectures : 12959