Dimanche 26 mars, de quelle année déjà… peu importe… RDV est donné peu avant 17h, quelque part dans Montreuil, pour se rendre dans un « lieu tenu secret ». La mission ? Voir Amen Ra, nouvelle sensation sludge-post-hardcore de l’époque en provenance de Belgique (et de son fameux H-8000 crew). Quelques jours avant, ils avaient atomisé une audience metzine (de Metz) massée dans une église désaffectée… c’est dire si leur passage « parisien » était attendu.

Si les Belges avaient, en cette fin d’après-midi, tenu toutes leurs promesses, cette « soirée » n’aurait jamais été aussi réussie sans la performance impressionnante des Français de première partie : Time To Burn. A l’époque, le groupe avait déjà fait parler de lui grâce à deux très bons EPs autoproduits, et sa récente signature chez l’excellent label français Basement Apes Industries ne faisait que confirmer le bien qu’on était tenté de penser du quatuor après leur set.

« IS.LAND » est le second album de Time To Burn pour ce label, après le bien nommé « Starting Point »… pas de surprise, le groupe évolue toujours dans ce qu’il est convenu d’appeler le post-hardcore lourd, plus particulièrement teinté de noise-core en ce qui les concerne. Mais heureusement, les influences « évidentes » de cette vague née à la fin des 90’s, à savoir les Botch, Neurosis, et surtout Shovel et Breach (en particulier à l’écoute de ce disque), sont ici assez bien digérées.

Time To Burn semble adopter une démarche peut-être pas si éloignée de celle d’un Cult Of Luna sur ses derniers disques, à la différence près que le propos reste ici globalement plus abrasif que contemplatif : aux déferlantes braillardes et sursaturées mais néanmoins mélodiques s’opposent des moments plus calmes et aériens à la manière de ce que le post-rock moderne peut proposer… mais si la voix s’autorise quelques incartades vers un chant mélodique réminiscent de celui du frontman d’un certain groupe de Sacramento (en particulier sur le morceau de clôture, « Land », ou dans un moindre mesure « Emma Peel », voire « Sang », très réussi), elle reste la plupart du temps hurlée, saturée et noyée dans le mix, peut-être pas si loin de ce qu’un certain black metal laisse à entendre… quoique le terme « screamo » semble ici plus approprié.

En dix titres (dont une intro excellente), Time To Burn nous propose son interprétation du post-hardcore, un post-hardcore décomplexifié, à la fois plus frontal et moins brutal mais quoi qu’il en soit beaucoup plus mélodique que ce qu’on a l’habitude d’entendre dans le genre… un très bon disque, cohérent et écrit autour du concept de l’« île » (avec une chouette photo en guise de pochette), mais peut-être un poil monotone et décevant pour qui les aurait découvert en concert (en particulier en ouverture d’Amen Ra un certain dimanche après-midi).


Rédigé par : NicoSata | 13.5/20 | Nb de lectures : 11941