THY BLEEDING SKIES est né en 2006 de l'envie de Claudio A. Enzler, frontman de MY DARKEST HATE, SACRIFICIUM et RIFT, de créer un Death Metal moderne qui ne s'impose pas de limites musicales. Qui dit moderne dit également, parfois, expérimentations hasardeuses, intégrations d'éléments extérieurs au style... Vous me voyez venir, on aurait pu craindre de voir apparaître une sorte de Deathcore symphonique avec chanteuse lyrique et plans AOR ou tout autre hybride foireux du genre. Ce n'est pas le cas, loin de là, avec THY BLEEDING SKIES qui reste, en tous cas sur ce deuxième album, bien ancré dans un Death Mélodique doomisant tout ce qu'il y a de plus classique.

C'est donc presque sans surprise que nous retrouvons dès le premier morceau, « The Chaos That Comes », des sonorités auxquelles nous ont habitués leurs compatriotes de CREMATORY à leurs débuts, à savoir un Death Metal à la fois dynamique et pesant empreint de mélancolie, dont les mélodies ne sont pas exposées comme en Suède. Il faut aller chercher sous l'épaisse couche rythmique, qui les dissimule comme si le groupe luttait contre elles, qu'il voulait les garder enfouies sous le mur de guitares et la grosse voix chaude et gutturale du chanteur de peur de ne plus les contrôler. C'est bien évidemment ce qui se passe comme sur le quatrième morceau, « Autumn Souls », qui sonne tellement comme du (bon) HYPOCRISY que Tägtgren, s'il n'était occupé à faire picoler Cécile Siméone, pourrait hurler au plagiat. Un de ces morceaux lents blindés de mélodies qui vous explosent les lacrymales dont le Suédois a le secret et dont THY BLEEDING SKIES a semble-t-il trouvé la recette, le duo voix death/voix black y compris.

Par la suite, les Allemands ne montreront pas plus de désir d'originalité, leur ligne de conduite semblant être de proposer une musique de bonne facture plus qu'absolument personnelle. PARADISE LOST viendra donc s'ajouter à la liste des sources d'inspiration du groupe « The Fallen One », avant de revenir à CREMATORY pour un « When All Is Said And Done » dynamique qui redonne un peu la pêche à un disque qui, bien que très agréable, devenait peu à peu cotonneux. Avec les voix claires de l'avant-dernier morceau, « In Endless Dreams Everything Dies », la panoplie du parfait groupe de Death Mélodique est complète et THY BLEEDING SKIES peut terminer son album sereinement, la démonstration est limpide : s'il n'a pas écrit et composé une œuvre indispensable du genre (l'a-t-il d'ailleurs seulement cherché), le groupe a rendu un bel hommage à ceux qui l'ont popularisé.

Impossible de ne pas prendre un certain plaisir à l'écoute de « Autumn Souls » quand on aime cette scène, mais impossible non plus de ne pas se dire que ce fameux plaisir, on le prend parce que cette scène a quasiment disparu, en tout cas dans la forme qui a inspiré THY BLEEDING SKIES. Tous les groupes dont l’influence est la plus marquante sont encore en activité, mais ils ont évolué et ne proposent plus vraiment ce type de Death Mélodique qui a tant marqué les années 90. « Autumn Skies » peut donc être une bonne manière de replonger dedans, d'autant que les morceaux tiennent la route, mais le grincheux que je suis ne peut m'empêcher d'y voir une copie plus qu'un groupe propre à enrichir ce patrimoine, même si on peut se dire qu'avec quatre groupes actifs, msieur Enzler ne s'en tire pas mal tout de même !


Rédigé par : Dungorpat | 14/20 | Nb de lectures : 11674