Et si le Deathcore prenait sa revanche ? Et si ce style tant galvaudé honni par les vrais de vrais décidait de poser ses couilles sur la table en montrant de quoi il est vraiment capable ? C’est la question que l’on peut se poser après avoir écouté un album estampillé 100% Deathcore, mais qui a tout de même bien décollé le papier peint pour se présenter comme bien plus que le 1 000 666 ème disque de Deathcore, même un minimum correct. La révolte du genre va alors venir d’Australie. Non pas par le biais de MAKE THEM SUFFER, le groupe de Twilight-TBDM-Breakdown-core signé chez Roadrunner qui s’est distingué cette année en sortant un album plutôt raté. SLICE THE CAKE, qui est un tiers australien, avait montré la voie en sortant l’excellent The Man With No Face début 2012, mais c’est un pur groupe de Deathcore bien evil et brutôôôl qui va se faire remarquer cet automne. Il s’agit de THY ART IS MURDER, un quintette nous venant tout droit de Sydney.

Formé en 2005, le groupe n’a pas pour autant de pures racines Deathcore. Leur premier album The Adversary sonne même plus comme un disque de Brutal Death technique, avec des breakdowns et des vocaux assurant leur petit côté Deathcore. Un premier album déjà bien bâti, qui avait même été taxé de « CRYPTOPSY avec breakdowns », ce qui donne une petite idée de la bête. Les plans alambiqués et les gros blasts sont donc de la partie chez THY ART IS MURDER, en plus d’accès Deathcore bien lourds particulièrement efficaces. Et c’est dans ces accès que le groupe australien va se plonger pour son second album qui sera cette fois-ci résolument Deathcore. Mais avec une pochette pareille et un nom d’album simple mais explicite, Hate, on s’attend à quelque chose de plutôt méchant, à la manière de la direction qu’avait pu prendre CARNIFEX pour l’album Hell Choose Me. Et paf, on est en plein dedans.

Dès les premières écoutes, Hate s’avère être un disque de Deathcore de très grande qualité. L’avènement de la scène Djent et des groupes de Deathcore progressif a vraiment poussé les groupes de Deathcore « traditionnels » à sortir quelque chose de plus construit qu’un simple agencement de breakdowns et de growls/screams dans tous les sens. THY ART IS MURDER emprunte donc tout autant à CARNIFEX et WHITECHAPEL qu’à SLICE THE CAKE et VEIL OF MAYA, avec des racines Death évidentes (le groupe revendiquant plus des influences comme BEHEMOTH, MORBID ANGEL et CANNIBAL CORPSE que des combos Deathcore, THE BLACK DAHLIA MURDER mis à part), ce qui fait que le groupe reste relativement « simple » et ne part pas dans des délires trop techniques, et nous englobe le tout dans un apparat très evil. Cela nous rapproche donc d’un THOSE WHO LIE BENEATH qui s’était fait remarquer pour être un groupe de Deathcore au-dessus du lot. Et THY ART IS MURDER est aussi au-dessus de la masse avec ce Hate qui est tout bonnement génialissime.

L’album commence d’ailleurs avec le single "Reign of Darkness" qui est tout simplement un tube, et qui nous montre qu’à partir de trois fois rien on peut faire un Deathcore absolument redoutable. Le growleur growle (et crie parfois), le batteur blaste sec, les gratteux alignent parties quelque peu techniques à foison (et quelques sweepings), riffs ultra-efficaces, solos haut perchés et breakdowns écrasants. La recette est donc classique de chez classique, mais il n’en faut pas plus pour faire un sacré bon album et Hate le prouve avec brio. La capacité qu’à THY ART IS MURDER à composer des morceaux purement jouissifs se fait rapidement remarquer, avec les changements de tempo qui prennent à la gorge du pur "The Purest Strain of Hate", de ce brûlot qu’est "Immolation" et du mortel "Dead Sun" (avec le chanteur de WAR FROM A HARLOTS MOUTH qui vient poser un peu de vocaux), avec à chaque fois des passages lourds qui mettent parfaitement en valeur les accélérations salvatrices. Ce qui fonctionne aussi, c’est l’ambiance bien ivôl du disque, certes nous ne sommes pas en présence d’un groupe de Death bien occulte, mais le Deathcore de THY ART IS MURDER sait se montrer particulièrement sombre, déjà grâce aux breaks et aux vocaux profonds mais aussi grâce au travail guitaristique mettant bien en exergue les arpèges inquiétants, en témoignent "Vile Creations", "Shadow of Eternal Sin" ou encore "Infinite Forms". 10 morceaux (dont on retiendra aussi le rouleau-compresseur "Defective Breed" et le final "Doomed From Birth" plus épique), 37 minutes (durée parfaite, ni trop ni pas assez), et pas grand-chose à jeter (voire rien du tout) pour ce qui s’avère être un grand album de Deathcore, ni plus ni moins.

Peu importe que le son de batterie soit synthétique au possible et la prod sous stéroïdes, peu importe que les paroles soient cliché à souhait, peu importe que l’ensemble ait zéro originalité à tous les niveaux, pour ce qu’il est (à savoir un album de Deathcore classique un peu technique et beaucoup evil), Hate est tout simplement un des meilleurs disques de Deathcore jamais sortis. Il n’y a pas énormément de choses à dire de plus, cet album est parfaitement torché de bout en bout, toutes les compos tuent et l’album est au final une sacrée tuerie, percutant en diable et particulièrement accrocheur en plus, même s’il est vite digéré comme tout album du genre. Les Australiens s’y sont d’ailleurs retrouvés vu que THY ART IS MURDER annonce être rentré dans le Top 40 des disques indépendants en Australie, probablement du jamais vu pour un tel groupe. J’espère que THY ART IS MURDER arrivera aussi à conquérir les autres continents et je compte bien y contribuer avec cette chronique. Le Deathcore commence avec ce genre de groupes à faire sa révolte, les amateurs y trouveront bien évidemment leur compte, et comme d’hab haters gonna… Hate.


Rédigé par : ZeSnake | 16.66/20 | Nb de lectures : 16601