Trois ans d'attente avant que Thyrfing ne refasse parler la poudre. Il faut dire que le dernier opus des Suédois Farsotstider était plus qu'encourageant. Le rapprochement avec le "heathen metal" lourd et puissant de Moonsorrow était alors inévitable, tant l'album de Thyrfing lorgnait du côté du Verisäkeet des Finlandais sorti neuf mois plus tôt. Mais rien ne me dérangeait dans le fait de disposer de deux groupes dans un style aussi ravageur.

Par contre, le remaniement de line-up en 2007 aurait pu déséquilibrer le groupe, avec le départ du vocaliste, Thomas Väänänen, et du guitariste, Henrik Svegsjö. Si Henrik ne sera finalement pas remplacé, c'est Jens Ryden qui va se saisir du micro couvert de postillons. Une recrue de choix, pour un groupe qui décide de continuer avec une seule guitare.

Je pousse un grand ouf: ces trois années de maturation n'auront pas changé l'orientation de Thyrfing qui est relaps dans la veine du précédent album. Attendez-vous donc à des atmosphères épiques et nostalgiques des anciens temps, à du viking plombé avec amour dans une production puissante qui fait vibrer les fondations de la baraque au bas mât (un drakkar, en somme). Tout est là, le ronflement des enceintes sous les coups de boutoir des fréquences basses, les ajouts parcimonieux de chant clair, le headbang qu'on s'autorise avec le tapis du salon comme cape et le pied posé sur le bord du canapé.

Mais, puisqu'il y a un mais, Thyrfing ne parvient toujours pas à proposer un album aussi intense que ceux des Finlandais. Diantre. Si les accords sont là, les mélodies, les interludes manquent un peu à l'appel et cela crée un léger déficit au niveau de l'ambiance. Le synthé porte bien l'ensemble quand il sait rester discret. Mais les cuivres trop appuyés, notamment sur le refrain de "Griftefrid", me font sortir de l'atmosphère, pour me catapulter dans un générique de James Bond. Et il faut avouer que James Bond, ses génériques sont assez mélancoliques mais pas très guerriers. Et finalement, la présence de Jens Ryden n'influe pas dans le mixage énorme. Patrik Lindgren avait annoncé que le changement de vocaliste ne se ressentirait pas tant que ça, et il faut constater que le bougre avait raison.

Bref, la comparaison avec Moonsorrow est encore inévitable. Et, je préfère le précédent album à ce nouvel effort, album pour lequel j'aurais pu donner près d'un point de plus avec le recul. J'ai l'impression agaçante que Thyrfing en a sous la pédale pour proposer un album plus ultime. Mais là, le quintet me semble toujours en-deçà de leurs supposées influences. Bon boulot, mais manque d'initiative. Vous reviendrez l'année prochaine pour une augmentation.


Rédigé par : Prince de Lu | 15/20 | Nb de lectures : 11023