Cela fait une décade que Thyrfing diffuse son viking à qui veut l'entendre. Et avec la décennie arrive dans les bacs le cinquième album des suédois, premier méfait depuis "Vansinnesvisor" en 2002. Trois années pour penser, composer et mettre en place "Farsotstider". Je vous avoue que je n'avais pas accroché aux précédents opus. La raison en est simple: trop de claviers trop en avant, qui prenaient le pas sur les riffs lourds et sur la facette métallique de la formation. Je n'attendais pas grand chose de cet album que je voyais déjà constellé de mélodies piou-piou avec un orgue "bon tant pis".

Hé bien, "Farsotstider" est une bien bonne surprise. Thyrfing a fait mijoter son propos et continue à balancer ses riffs plombés, matinés de mélodies bien suédoises. Le synthé se retrouve (enfin) à sa place au second plan, appuyant de nappes ou de mélodies légères les rythmiques lourdes et me faisant la joie d'utiliser des sons décents. Väänänen crache toujours son venin dans ses vocaux énervés dans sa langue natale. Tout cela ressemble fort à la démarche du dernier Moonsorrow, groupe auquel j'ai fait une pub sans nom toute l'année (pour sûr, ils vont me payer le drakkar de croisière doré à l'or fin qu'ils m'ont promis). A contrario des finlandais, Thyrfing conserve des structures de morceaux "classiques" où on peut discerner les refrains, couplets et autres ponts, privilégiant des morceaux plus directs à de longues plages évolutives. Tout ça est au final très métal et bien peu folk, mais ne nous embarrassons pas de ces considérations.

Les premiers titres sont tout simplement très bons. "Far åt Helvete" est lourd d'ambiance, dans un style oppressant Ajattaresque. "Jag spår Fördärv" enchaîne avec ses mélodies entêtantes et entraînantes, usant notamment d'un pont avec piano et basse ronflante ultra efficace jusqu'au frisson. Le titre de haute volée "Höst" par son refrain, lent et gratouillé, mélange excellemment le chant clair au growl et se mémorise aisément jusque la prochaine douche. "Elddagjämning" fait penser à un Rotting Christ en quête d'amants perdus. Et cela continue sur la bonne lancée jusqu'au bout des plages, avec une production nette et ronde qui fait vibrer les graves de bien jolie manière. Certes la fin de l'album est moins percutante, voire plus convenue par rapport à son entrée en matière... Mais voila un album dans son ensemble qui me réconcilie clairement avec les gars de Stockholm. Nidelheim!!

Thyrfing réussit un bien joli retour avec "Farsotstider", qui ne devrait pas être synonyme de "Temps de peste" pour eux. Cela fait un bon album supplémentaire à se mettre dans les esgourdes pour la fin de l'année et une idée cadeau pour les auditeurs de métal bien foutu et efficace. 48 minutes de plaisir pour les fans du groupe et les métalleux amateurs de suédoiseries.


Rédigé par : Prince de Lu | 14,5/20 | Nb de lectures : 14036