A ce que je sache, la Colombie n'est pas le pays le plus réputé en terme de groupes de metal; bien sûr il en existe et certains ont une petite renommée en dehors de leur territoire (Kraken, Inquisition entre autres), mais comparé au Brésil ou au Chili pour rester dans des pays proches géographiquement, ce n'est pas l'abondance permanente. Et puis de temps en temps, on découvre un nouveau groupe, bien souvent à l'aide de labels européens, tel est le cas de Thunderblast signé chez les Allemands de Pure Steel Records. En 2004, le groupe sortait un premier album de manière très confidentiel, sans support, avant de publier 4 ans plus tard une démo 3 titres, qui allait servir de mise en bouche avant la sortie tout de même 3 années encore plus tard du deuxième album du groupe, ce «Invaders from Another World» rude et rempli de 12 morceaux dont la durée moyenne équivaut à 5 minutes.

Rude, bourru, solide sont les adjectifs avec lesquels on pourrait évaluer ce déchaînement de heavy/thrash qui n'hésite vraiment pas à mettre le paquet. Pas de doute entre un batteur qui frappe avec véhémence (couvrant d'ailleurs un peu trop les guitares), et un chanteur bien dans le coup pour nous insuffler des textes narrant l'envahissement de notre belle planète par des extraterrestres, le groupe a de solides bases pour accrocher les esgourdes; c'est d'ailleurs en contant des récits horrifiques ou tout du moins assez pessimistes que l'on s'aperçoit à quel point Felipe Machado Franco s'en sort très bien pour adopter une voix hargneuse et belliqueuse, qui donne davantage de patate à la musique du groupe. Pour le situer parmi des noms plus parlants, pensez à Manticora et son chanteur Lars F. Larsen, ou même si ce n'est pas tout à fait le même timbre à un Hansi Kursch: pas de douces voix, pas d'intonations plus mélodiques, c'est rugueux, rêche et soutenu de A à Z. Si la voix se veut un bel étendard d'une agressivité auditive, l'aspect instrumental n'est pas en reste dans le genre caisse claire sèche et claquante, grosse caisse et basse à fond, et des riffs de bûcherons pour décrocher le pompon. Plus violents que les riffs 'typiques' du heavy, et peut-être pas aussi concis et sauvages que ceux du thrash, ils sont au final le parfait croisement des deux et portent régulièrement un tempo rapide et martial, qui sur certaines pistes s'accélèrent de manière fracassante.

L'album démarre vraiment très fort: le quatre premiers morceaux sont excellents, et aucun des titres suivants ne laisse une aussi bonne impression. Surtout, «When Zombies Rise», qui ressemble un peu au 'Saw is the Law' de Sodom, et ne fait pas vraiment dans l'originalité, tout comme «Lab From Hell», titre poussif et longuet. Mais revenons d'abord au début de l'album, très agréable et complémentaire: si 'Core Domain' ouvre les hostilités sans tergiverser et avec dynamisme, 'Horror at Outpost 10' lui ne fait pas de quartiers et laisse riffs et double pédale nous écharper la tronche. Thunderblast sur ses premières pistes développe des refrains carrés et pas trop à dur à s'imprégner (celui de 'The Human Torch' est particulièrement réussi) tout en évitant de tomber dans une facilité de plus en plus remarquée de nos jours. Les parties instrumentales très fidèles au genre (l'influence d'un Maiden se pose une nouvelle fois) ne s'encombrent pas de soli chiants, mais servent plus à faire 'souffler' l'auditeur et le chanteur, en proposant des harmonies et soli certes classiques, mais bienvenus pour éviter la surdose d'une musique déjà bourrative. C'est donc une fois les 6min30 de «Target Earth» passées que l'album perd en qualité, alternant le bon et le moyen. Dans la première catégorie, on pourra y ranger le très très rapide morceau éponyme de l'album, véritable concentré de vitesse et de déflagration sonore, qui met en musique sans finesse, la présentation que sont 'ces envahisseurs d'un autre monde'. Les courts «Mutate» et «Units of Pain», si ils ne sont pas fabuleux, ont le mérite de 'tout donner' en moins de 4 minutes, d'aller à l'essentiel sans tirer sur la durée, avec des moments bien explosifs (le refrain du premier cité surtout). Quant à «War of the Monsters», si il s'exprime aussi dans des sonorités relevées et rapides, a la mauvaise idée de se saborder sur un refrain assez poussif et disons-le, raté.

Attention, je ne dis pas que l'album ne vaut plus le coup une fois les 4 premiers titres passés (plus l'intro), mais de mon point de vue, je trouve que le groupe ne fait pas aussi bien et intéressant par la suite. De plus comme furtivement évoqué plus haut, la batterie est surmixée et prend un peu trop le dessus sur des guitares qui par moments, sonnent trop en retenue et auraient mérité de pouvoir davantage s'exprimer. Même constat pour le chant, qui si il ne manque pas d'accroche, sonne parfois faux et limite dans la qualité de ses montées vocales. Mais on va pas faire la fine bouche, cet album est un bon condensé de heavy fait avec la manière et les moyens du bord, sans fioritures, traitement louche du son et une bonne dose de 'balls' comme on dit !




Rédigé par : gardian666 | 14/20 | Nb de lectures : 11831