Pas certain qu'il soit nécessaire de faire le chapitre sur la formation allemande Thulcandra. La pochette et l'accroche promotionnelle de Napalm Records semblent même suffisantes à présenter le trio formé par Steffen Kummerer (Obscura, ex-Black Horizons, ex-Helfahrt) et les frangins Ludwig (Helfahrt). Tambour, trompettes et artwork de Necrolord ont été sortis pour clamer la très haute teneur en Dissection de ce Fallen Angel's Dominion.

Je l'ai déjà exprimé: je ne peux qu'être ravi de l'impact qu'a eu le combo de Jon Nödtveidt. Les groupes qui s'inspirent de Dissection sont nombreux, allant de la simple référence mélodique à peine marquée jusqu'à des quasi-copies carbone prônant la dévotion. Black Horizons affichent déjà une très belle vénération, mais Steffen Kummerer n'en fait plus partie. Alors, il en a profité pour pousser avec Thulcandra le phénomène de mimétisme à son apogée. Sept ans après sa création, le combo sort Fallen Angel's Dominion qui s'avère être un condensé assumé de The Somberlain et Storm of the Light's Bane.

Les formations Dissectionnesques (comme Black Horizons déjà cité ou les Espagnols de Frozen) parviennent tout de même à garder une légère distance avec l'original. Que cela soit dans un ton plus virulent ou une production plus sèche (parfois faute de moyens), les groupes marquent une très légère différence. Et s'ils laissent traîner quelques riffs qui évoquent les thèmes du maître et déclenchent le sourire béat chez l'auditeur complice, ils n'alignent pas pour autant ces accords "à la manière de" comme les perles d'un chapelet. Et pourtant, Thulcandra ose le blasphème le plus ultime. Chaque morceau peut presque être dépiauté pour faire correspondre chaque riff avec un autre dans un morceau de Dissection. Du coup, je me suis réécouté Black Horizons et la différence est bien là. Thulcandra procède à un pillage, sans rien apporter.

Encore moins que l'Obscura du même Steffen Kummerer apporte quand il repompe Cynic, Thulcandra ne propose rien du tout. Dans un hommage permanent tellement appuyé qu'il en devient gênant, les Allemands piochent sans vergogne des riffs chez Dissection pour bricoler des compos structurées comme celles de Dissection, avec des choix de production qui évoquent Dissection. Kummerer pousse le bouchon jusqu'à réutiliser les mêmes thématiques et les mêmes bouts de texte que Dissection, ainsi que les mêmes placements de chants! Et Thulcandra assume totalement cet aspect, allant même jusqu'à reprendre "The Somberlain" en fin d'album.

Niveau création, on est donc proche du néant d'Herta (vous savez, ceux qui vendent du plastique rose en essayant de nous faire avaler que c'est du jambon). En sus, les Allemands balancent un album tout aussi personnel. On ressort donc les bases du son Dissection et roule ma poule. Thulcandra pousse encore le côté caméléon, en adoptant une production qui ne laisse aucune place au hasard. Au bilan, on peut dire que ce sont de bons techniciens, qui ont mis toutes les notes bien en place dans toutes les mesures en studio. Cela n'en fait pas pour autant des musiciens, concernant un projet à la création artistique nulle.

Là où les autres faussaires laissent immanquablement leur empreinte, Thulcandra a reproduit à l'identique un billet à la gloire de Nödtveidt. J'aurai essayé d'utiliser cette monnaie, mais je n'y vois aucun intérêt par rapport à l'officielle. Sans aucune touche personnelle, pompant sans vergogne sa muse, Thulcandra s'est fait plaisir en réinterprétant du Dissection sans oser le best of réenregistré. Il en résulte un album techniquement bien fichu, mais sans aucune once d'âme, aucune identité ou aucune accroche dans un ensemble trop lisse. Heureusement que la technique est là et que la référence est Dissection, cela sauve à mes oreilles l'album du naufrage total. Défendre cet album en revient à offenser l'idée même de création. Clamer de la sorte une allégeance aussi poussée est même une insulte aux convictions de Nödtveidt.


Rédigé par : Prince de Lu | 08/20 | Nb de lectures : 13851