Alors que le metalcore perd chaque jour davantage de crédibilité en nous ressassant des riffs devenus presque lyophilisés à force d’être réchauffés à outrance. Alors que ses protagonistes sont en passe de se retrouver au chômage technique suite à l’improbable reformation d’AT THE GATES, il est des groupes aux influences core qui arrivent à surmonter la chianlie en se retranchant sous la bannière deathcore encore épargnée par le phénomène « metalcore de batterie ».

THROUGH THE EYES OF THE DEAD fait partie de cette catégorie quand même plus honorifique et variée que sa cousine et nous revient ici avec un deuxième album deux ans après le dépucelage de « Bloodlust » déjà sorti chez Prosthetic records). Deux années pendant lesquelles T.T.E.O.T.D. a dû faire face à de lourds problèmes de personnel puisque seuls les deux guitaristes sont rescapés de la formation qui avait enregistré « Bloodlust ». « Malice » est donc le rejeton d’un T.T.E.O.T.D. qui a subi une refonte en profondeur au point d’en devenir presque méconnaissable.

Outre le fait de désormais disputer à SLAYER son goût pour les artworks artistiquement douteux réalisés à grand coup de Mako dessin, véritable trésor de guerre des activités manuelles des chérubins des années 80, nos deathcoreux ricains nous proposent ici une galette aux proportions death plus généreuses ; une virilité agréablement soulignée par les talents d’un nouveau chanteur assez monstrueux, il faut bien le dire. Non pas que son prédécesseur ait été mauvais mais il faudrait quand même que je sois d’une mauvaise foi inouïe pour ne pas avouer que ses miaulements répétés et souvent systématiques étaient difficiles à endurer sur la totalité d’un album. Le nouveau serait plus du genre bûcheron qui se fait des gargarismes au white spirit après avoir avalé une bière sans ouvrir la canette. Tout ça pour vous dire que la puissance de son organe force le respect.

Côté zic ça a un peu bougé aussi. Si les Ricains affectionnent toujours les mélodies de guitares taillées pour les jeux Nintendo habillement distillées sur chacun des morceaux. Les riffs bien incisifs sont également de la partie. L’ensemble est soutenu par l’artillerie de l’ex-batteur live d’ORIGIN qui se démène comme un beau diable et propulse les douze titres de « Malice » à un train soutenu. Comment ? Vous n’avez vu que onze titres affichés sur le recto de l’album ? C’est bien normal mes louveteaux puisque ces petits cachottiers de T.T.E.O.T.D. ont subtilement ajouté un ghost track (un titre caché pour les anglophobes) à la fin de l’album et pas n’importe lequel puisqu’il s’agit d’une reprise de « Dominate » de MORBID ANGEL. Une reprise honnête qui n’apporte rien de bien particulier à l’original mais qui permet de terminer leur propre disque sur une touche volontairement radicale.

Et justement qu’en est-il exactement de ce deuxième disque ? Ça envoie le boulet dans les règles de l’art. Ça apporte au groupe un ton plus direct et incisif tout en gardant quelques couleurs « core ». T.T.E.O.T.D. réussit à marier ses nouveaux attributs virils à la finesse de ses guitares sans corrompre l’une ou l’autre des parties. Le disque n’est d’ailleurs pas sans évoquer parfois un LAMB OF GOD au meilleur de sa forme. Bref, tout est au mieux dans le meilleur des mondes si ce n’est que le disque malgré ses apparences faussement catchy manque de sérieuses accroches. On écoute encore et encore l’album avec un réel plaisir sans toutefois réussir à se l’imprimer dans la caboche. C’est efficace, c’est pro d’un bout à l’autre mais il ne subsiste pas grand-chose une fois l’écoute terminée. Alors on s’obstine, on écoute encore et toujours. On s’acharne. On craint un début de maladie d'alzheimer alors qu’il n’en est rien. C’est bien de « Malice » que provient ce léger problème.

T.T.E.O.T.D. nous propose donc ici un disque qui s’oublie aussi vite qu’il se consomme. Doit-on en conclure qu’il soit mauvais pour autant ?


Rédigé par : Tonton | 14/20 | Nb de lectures : 11731