Si un jour le terme de oldschool devait entrer chez Robert dit Le Petit, il va sans dire que Throneum figurerait en bonne place dans les exemples illustratifs.
Dix piges déjà que The Great Executor et Thermonuclear Philosopher (ça ne s’invente pas !) égrènent leur blackened death thrash primitif sous le patronyme de Throneum.
Aussi régulier qu’un sabbat de sorcières, les deux Polonais sortent de leur sombre cave pour nous larguer leur cinquième méfait aussi rétrograde qu’une soirée films d’horreur en VHS !
Je suis certain en plus que si le nécro duo était signé chez un grand label, la pochette arborerait un sticker « déconseillé au moins de 30 ans » !

Celui qui cherche du neuf s’enfonce littéralement le bras à travers le crâne et je lui conseille d’aller voir ailleurs pour obtenir un calendrier de 2010 car dans le monde sous-terrain de nos deux oiseaux on n’a jamais franchi la date fatidique de 1991. C’est toujours ce bon vieux fumet de Leprosy qui vient nous titiller les poils de narines dorénavant blancs. Bon si l’archéologue ou le pinailleur farfouille bien le fond du caveau, il trouvera quelques rares blasts qui trahissent la datation au carbone 14.

Excepté cette incartade, c’est un bon vieux tapis de double grosse caisse couplé à du riff de bûcheron, de trémolos evil et d’accélération thrash punkisante. Histoire de bien faire, en bonus, on a même le droit à quelques ralentissements bien lourds avec gros riffs qui tachent.
Une demi-heure point barre ! Même pas le temps d’aller pisser et de reprendre une bière !

La prod est à l’avenant, j’avais presque l’impression d’écouter un live ou d’être assis dans la salle de répèt’ avec les mecs. Plus naturelle, cela veut dire que c’est enregistré avec un bout de bois. Je ne vous parle même pas du chant (euh... si allez je suis sympa), un growl à l’ancienne qui ne va pas chercher dans le fin fond de l’intestin au bord des sphincters, non, un chant arraché qui tire dans les aigus à la Schuldiner voire à la Van Drunen.

Alors oui, vous allez me dire que tout ça est aussi usé qu’un trou de futal par lequel on pourrait même apercevoir vos plombs dentaires mais le fait est que ces tours de passe-passe mille fois vus sont toujours aussi efficaces sur l’oscillation de mes cervicales pleines d’arthrose !
Et puis, je ne sais pourquoi mais comme Narta, Throneum reste frais en toutes circontances. C’est un peu le miracle de ce combo, ça ne sent jamais la vieille bière tiède mais plutôt une véritable sincérité. Pas d’arrière-pensées, de premier degré ou de force ! Pas d’humour bidon genre « en fait tu vois c’est un hommage » ou de true posture genre « ouais tu vois le vrai metal c’est avant ’87 après c’est pour les trends ! » !
Non juste deux artisans besogneux qui oeuvrent avec toute leur conviction dans l’exécution d’une musique désuète et surtout en restant bien loin de toute mode passéiste vouée à des funérailles.

Ce n’est pas le disque du siècle ni même de l’année, ça n’invente rien mais ça le fait bien dans le plus strict respect du code du oldschool ! Et putain, ce riffing de bûcheron mais ça me fait un putain de bien ! C’est frais et c’est pas fin mais ça s’avale sans faim !




Rédigé par : Dark Rabbit | 14,5/20 | Nb de lectures : 11730