Je me rends compte avec stupéfaction que cette chronique va constituer les toutes premières lignes écrites sur THRONES dans les colonnes de Violent Solutions ! Bon, un retard pouvant être rattrapé ici. Il n’est effectivement jamais trop tard. D’autant plus que cette compilation d’inédits, de démos et de B-Sides du nom de «A Day Late, A Dollar Short» - même si elle constitue le troisième LP en date de THRONES et sort cinq années après «Sperm Whale» produit par Kill Rock Stars - permet de revenir à la genèse du groupe. Nous sommes en droit de nous demander tout d’abord qui est THRONES ? C’est la formation menée d’une main de fer par le sieur Joe Preston lui-même depuis 1994… En fait, THRONES est pratiquement son projet solo, puisque JP appose riffs de guitare et de basse sur une rythmique programmée par ses soins, que viennent compléter parfois nappes de synthé analogique et un chant déstructuré et malsain au possible. JP semble vouloir rester le seul maître à bord.

A l’écoute de ces toutes premières versions démos, nous nous rendons compte tout d’abord que THRONES n’est rien d’autre que la somme de l’ensemble des sonorités émanant des formations auxquelles JP a participées. Ce dernier peut se vanter d’avoir joué un rôle majeur auprès de combos presque ou déjà cultes. Avant tout, et avant même sa participation musicale au sein de THE MELVNS, JP a été un pilier de la formation maîtresse (les pères du Drone…), j’ai nommé EARTH ! THRONES possède quelques velléités qui sont à rapprocher de ce groupe de Seattle : le côté lourd et lancinant, répétitif et malsain… L’aspect non conventionnel, barré pouvons-nous dire, de certains titres ne sont pas sans rappeler les débuts fougueux et le Sludge sépulcral de THE MELVINS. Si le combo du King Buzzo a choisi de privilégier l’aspect expérimental au détriment de la puissance et de la hargne des débuts, il est clair que JP conserve l’état d’esprit d’antan. Sa collaboration actuelle avec HIGH ON FIRE, pour laquelle il tient la basse une fois encore, en est la preuve. En tant que multi instrumentiste, JP a également officié au sein de formations assez renommées : SUNNO))) (samples, claviers, etc, sur «White 1» et «White 2»), THE WHIP (en tant que guitariste) et même THESE ARMS ARE SNAKES! Un beau chemin parcouru jusqu’ici… que résume parfaitement ce «A Day Late, A Dollar Short».

«A Day Late, A Dollar Short» présente quelques titres choisis et devant être représentatifs de l’évolution de THRONES depuis 1994. De «The Suckling», enregistré au tout début et à l’accent Doom/Sludge, à «Mostos Algos» et «The Walk» (issu du crû des années post-2000) aux tonalités plus ambiantes et plus enjouées, THRONES a montré sa capacité à jouer avec les humeurs, les ambiances et les dynamiques. Certains ont toujours pensé que JP n’a jamais réussi au travers de THRONES à imposer un quelconque style, ses compositions étant un réel patchwork de genres différents. Et c’est justement ce qui fait la force de ce combo. Car l’effet de surprise est toujours là… Rock, Grunge ou à tendance Drone, JP maîtrise toujours parfaitement son sujet. Quelque soit la période concernée, nous sentons la même griffe la même perception de la musique. D’ailleurs, le travail du son va dans ce sens. Le côté pesant et malsain étant toujours mis en avant par une production sonore proche de la Noïse: brute et délibérément sale. Combiné à l’Artwork réalisé par Stephen O’Malley qui en fait un pur objet d’art, ce «A Day Late, A Dollar Short» devient un disque à posséder absolument.



Rédigé par : DeadStar | 16/20 | Nb de lectures : 11432