Après deux démos sous le patronyme de Cerberus, une bande de Néerlandais a adopté en 2002 le nom de Thronar (mais un gros alors). S'ensuit une montée irrésistible qui les mène à une nouvelle démo et un 4-way split (comme on dit) avec des groupes locaux inconnus en 2003, puis un premier album For Death and Glory chez Seven Kingdoms en 2005. Leur second opus est ensuite publié en juillet dernier chez Twilight, label réputé pour ses sorties de qualité mauvaise à moyenne mais toujours dans le sens du vent. Le groupe abrite le guitariste musclé de Heidevolk, Reamon Bloem, ici vocaliste de la bande. Vous allez vite comprendre pourquoi cette info me fout bien les boules.

Thronar pratique, ô surprise, un genre innovant comme le battle metal. La vision personnelle du style que nous lègue notre combo est du folk metal tartiné de parties heavy qui parvient toujours à rester bien poussif, en alignant les riffs les plus insipides qui soient. Ils voudraient être épiques, mais non ça ne prend pas. Unleash the Fire résonne encore dans mon salon, comme un écho au Allumer le feu de notre Johnny national. Même s'ils ne jouent pas de rock variétoche, les Néerlandais de Thronar nous ont gaillardement sorti tout l'arsenal de la beauferie métallique : synthé omniprésent et envahissant avec un son pouet, guitares heavy qui font des solos moisis et des rythmiques en carton-pâte, voix death sans envergure. Le talent de composition du groupe est inexistant, le sextet se contentant de rabâcher du déjà-fait avec la grâce d'un motoculteur dans un concours de danse classique. Les harmonisations de guitares se détachent parfois du reste des instruments avec brio, en proposant des parties tout simplement moches. Au moins, elles ressortent de temps en temps par rapport aux piou-piou pourris du synthé.

L'avantage de cet album est de pouvoir en faire le tour en deux écoutes. Je devrais allègrement me moquer d'eux. Mais, tellement navré par tous ces groupes qui pondent la même chose, je suis plutôt désespéré, voire passablement agacé. A l'heure où on s'horrifie de voir la musique considérée comme un bien de consommation, des albums vides de toute inspiration comme Unleash the Fire viennent encore plus encombrer les étals, risquant un peu plus de nous éloigner des bonnes valeurs. Et cet opus nous en éloigne de beaucoup.

Il y en aura bien pour dire que Thronar a donné toute son énergie, son temps et probablement son argent dans la conception de son album. Ils auront raison. Ils rajouteront qu'on ne peut donc pas les considérer aussi mal et expédier ainsi une chronique injuste de cet album qu'eux ils aiment bien. Et là, ils auront tort. Malgré tout le respect qu'on peut accorder aux goûts des autres, il faut assumer que cet album est un néant musical qui peut être pondu par tout groupe d'instrumentistes en herbe. Même si c'est issu de la fougue la plus passionnée, un goût de chiotte est un goût de chiotte. Rassurez-vous, il paraît que j'en ai aussi. Et pour ce qu'il s'agit d'expédier cette chronique, je ne vais pas me gêner. D'ailleurs, c'est terminé.


Rédigé par : Prince de Lu | 05/20 | Nb de lectures : 10715