Membre actif de la scène suédoise au début des années 90, Thyph (diminutif capillaire de Thypheuz) forme Thornium en 1993 sur les cendres de Crypt et son unique démo. En tant que projet solo, Thornium sort la même année une démo intitulée North Storms of the Bestial Goat Sign. Le projet signe ensuite chez le label batave Necromantic Gallery Productions (du vinyl d'Ulver, Gehenna ou Einherjer entre 1994 et 1995). Son premier album Dominions of Eclipse sort en 1995, sans faire trop de mousse. Thornium compte alors deux membres puisque Thyph est de mèche avec le guitariste-lead Ulverheim. Le groupe entre ensuite en sommeil, notamment à cause d'un Thyph grisonnant en prison pour plusieurs années (et dont il sortira le crâne rasé, un comble). Puis en juin 2008, le projet réapparaît avec un contrat de trois albums chez Soulseller et un statut-culte. Un contrat de trois albums, ça devient rare de nos jours. Le premier opus se voit aussi réédité en vinyl (évidemment) chez Master's Throne en août 2008. A l'automne 2008, le quintet (oui, ils ont embauché) enregistre son second album, avant d'exploser en vol en fin d'année 2008, Thyph ayant fait des coupes franches des membres jugés rasoir. Concernant l'album, Thyph y aura brossé les voix et la batterie. Mais le lascar a mis en pli début juillet un nouveau line-up complet, où il tient la basse et les vocaux. Voilà, vous savez tout, avec un gros air de déjà-lu et une volonté dans la bio de faire miroiter un trésor des années 90 à côté duquel tout le monde serait passé.

Ce qui est certain, c'est que Thornium garde ses repères dans les années 90. Musicalement, le projet suédois s'ancre dans un black rageur aux longs trémolos conclus par des arpèges comme les ont popularisés Immortal sur leurs premières productions. Et je trouve que l'influence d'Immortal est très lourde dans un opus qui ne propose pas grand-chose de très croustillant en contrepartie. Fonctionnant sur une recette simple et efficace, les 37 minutes de Mushrooms... m'ont semblé longues et très répétitives. Tournant sur des riffs et des vocaux monocordes, elles mêlent assez malheureusement une production aux velléités old school avec une batterie triggée jusqu'à la moelle aux blasts aussi impitoyables qu'envahissants. Le seul morceau plus mémorisable sera le final "Beyond Cosmic Borders" aux riffs plus rock'n'roll que le reste de l'album et dont l'arpège du refrain appuyé de double évoque... Immortal (seconde période, cette fois).

Alignant les poncifs jusqu'à en faire douter de leur sincérité, Thornium s'inscrit dans la tradition au point de ne vouloir en déroger en rien.
Mushrooms... est typiquement le genre d'album qui donne l'impression de cartonner sévèrement mais qui s'avère aussi décevant qu'un jouet Kinder Surprise une fois qu'on en a mangé le chocolat. Certes, le chocolat c'est bon, mais c'est bien le jouet Kinder qui restera des années sur votre étagère ou qui finira à la poubelle si personne ne s'amuse avec. Et il paraît qu'on ne doit pas jouer avec les champignons.


Rédigé par : Prince de Lu | 09,5/20 | Nb de lectures : 10199