Si j’avais chroniqué cet album en temps et en heure, je lui aurais certainement mis un petit 10,5 et lui aurait reproché d’être insipide et de très maladroitement tenter de suivre les traces des groupes de death technique d’il y a une quinzaine d’années en y incluant quelques pincées de riffs à la CARCASS. Finalement pourtant, après l’avoir réécouté régulièrement au cours de ces deux derniers mois, il me semble beaucoup plus sympathique et pas si maladroit que ça.

En fouinant un peu sur le site de Dave Murray, le producteur-batteur-vocaliste du projet THOLUS (au passage, rien à voir avec le jovial guitariste de MAIDEN), on peut constater que loin d’avoir été balancé à la va-vite, « Constant » a été longuement élaboré et a nécessité le concours de onze musiciens (basse jazz, samples, solistes guitare entre autres). Encore une fois, tout ce travail n’est pas évident de prime abord et pourtant il faut admettre qu’après s’être donné la peine de se plonger dans « Constant », ses structures chaotiques prennent un sens. Parfois même cette tempête de sable martienne de death métal technique et inspiré (c’est ainsi que ses géniteurs décrivent l’album) nous ramène à cette époque où CARCASS changeait la face du death metal avec les monuments que sont « Necroticism » et « Heartwork ». Mike Johnson, responsable de la partie musicale dans THOLUS avant que Dave Murray ne prenne le relais, n’est ainsi pas avare de plans carcassiens tant en terme de lourdeur sur le titre éponyme qu’en terme de blasts caractéristiques ou samples de monologues, et ne rechigne pas à aller chercher l’inspiration du côté des cadavres canniboules.

Il en résulte une atmosphère familière et étrange à la fois, parce que chaque titre est un mélange d’influences et de travail personnel, un énorme chaudron dans lequel Johnson fait sa tambouille et assaisonne à sa convenance. Le jeu de batterie très vivant est l’élément principal du groupe et lui confère cette apparente dimension chaotique, qui dissimule en partie la redondance de quelques riffs et fait oublier les grognements sans âme qui tiennent lieux de vocaux, le gros point faible de l’album. Malgré cela, THOLUS parvient à maintenir une attention soutenue grâce à un gros travail de composition qui pourra rappeler à certains moments un EDGE OF SANITY plus complexe et moins mélodique. Il est évident que le groupe se ravitaille dans les années 90, celles qui l’ont vu naître, et il ne s’en tire finalement pas si mal. Fidèle à l’alliance death technique/thèmes spatiaux souvent déjà employée par le passé, son patronyme fait référence à de petits reliefs martiens, d’origine volcanique pour la plupart, qui lui donne ce côté intellectuel inhérent à la scène.

Pour résumer, THOLUS est avant tout destiné aux fans de death plutôt technique préférant la subtilité et la complexité des groupes des années 90 à l’extrême brutalité des formations actuelles telles ORIGIN.


Rédigé par : Dungorpat | 14/20 | Nb de lectures : 10459