Putain, un nom à rallonge, ça pue le deathcore à  mèches à 200m, ce truc-là ! Et ils se permettent de se comparer à  Shai Hulud sur leur plaquette, en plus, les zouaves! Bon, faut bien s'y coller puisque Vision Of Beuh n'est plus là  pour chroniquer les métrosexuels prépubères. Souhaitez-moi, bonne chance !

Rapide présentation pour les gonzes qui comme moi n'avaient jamais entendu parler de ce combo: les 5 aminches sont de fiers rejetons de Lancaster, Pennsylvanie, se sont formés en 2006 et "Monuments" constitue leur première offrande à ce monde pourri. Comme indiqué sarcastiquement précédemment, la plaquette parle de August Burns Red (bof), A Life Once Lost (déjà  mieux) et de Shai Hulud (ah ouais, sans déc ?) comme filiation directe pour leur son. Je vous évite les épithètes commerciaux évidemment dithyrambiques pour en venir au plus important. Je dois avouer que j'ai eu du mal à  oter mes oeillères et mon septicisme lors des premières écoutes, blasé et persuadé que j'allais m'infliger une énième deathconnerie insupportable, et j'ai sûrement bien fait de ne pas me lancer dans la chronique à ce moment-là. Parce qu'en fait, leur musique n'a rien à voir avec celles des Apocalypse Will Fall Upon Us Before The Sky Crash On My Parents Car et autres groupes d'ados attachant plus d'importance à leurs mèches qu'à leur originalité. Du metal, c'est clair, mâtiné de "core" par les vocaux et certains passages chaotiques, certes, assez peu d'originalité, c'est certain, et une grande qualité technique, sans aucun doute. Acmes déjantés et riffs syncopés, vocaux hurlés hystériques, structures alambiquées mais rendu particulièrement mélodique, on se rend peu à peu à  l'évidence: les rapprochement faits avec Shai Hulud ne sont en fait vraiment pas usurpés.

Et là , nul besoin de vous dire que cela change tout pour moi! Les écoutes suivantes vont ainsi briser toute retenue et devenir de plus en plus fréquentes, à mesure que mon cortex décode les plans frénétiques, mes synapses relayent le déluge de notes et mes tympans s'acclimatent à l'univers de TOTA. Les guitares sont sincérement omniprésentes, remplissant presque à elles seules le spectre sonore, dans la plus pure tradition Huludienne. La section rythmique est du coup en retrait, ce qui est curieux, c'est que l'album lui-même semble aller en s'améliorant au fil des morceaux. No Horizons démarre en effet comme un mauvais morceau d'Unearth, avant de rétablir la balance en un titre quelconque d' Undying, le loop des guitares finissant par être saoulant sur la durée. Monuments et "Two Wars" relevant le niveau d'un cran au niveau technique, comme au niveau de l'inspiration, et place TOTA dans le sillage des clones de Shai Hulud comme Twelve Tribes ou Misery Signals, laissant certes entrevoir tout son potentiel mais ne proposant rien de renversant non plus. S'ensuit We Are Debt qui nous donnerait presque l'impression de revenir 12 ans en arrière et d'écouter "Heart Once Nourished" de Quivousavez avec une production actuelle. Tin, c'est pas des manchots, ces gratteux, quelle torture de mediators! Et le batteur imprime un rythme épileptique impressionnant pour couronner le tout! Geist replace un peu de mélodie dans ce bordel de shreds et de splashs, et nous permet surtout de vérifier que Ricky le vocaliste tient parfaitement la route aussi, même s'il nous marque beaucoup moins que les chanteurs des groupes sus-cités, sa voix restant monotonale tout du long. Et à partir de ce morceau, l'album prend une toute autre dimension, à tous niveaux: la créativité des musiciens explose de toutes parts, leur technique valant largement celles des membres des plus acharnés combos de math-core (DEP et tutti frutti), le groupe réussissant la prouesse extrêmement rare de réunir musicalité et agressivité. Elegiac en est le plus flagrant exemple: plus de 6 minutes de riffs ininterrompus, de breaks et de reprises, de passages furieux et groovy laissant place à des plages plus aériennes, le tout restant gavé de gimmicks bien trouvés et exécutés de mains de maîtres et s'achevant sur des grattes claires à la limite du kitsch, clôturant l'album dans un pied-de-nez sacrément facétieux. Bam, essaye de te relever après ça!

Ah quand même, moi qui voulais faire une kro rapide et concise, je me suis laissé TOTAlement emporter. Du coup, je vais passer brièvement sur l'artwork assez cliché mais qui aurait pu être l'affiche de Cloverfield, les paroles qui se veulent engagées politiquement mais qui sonnent un peu creux quelques jours après qu'Obama soit au plus haut des cieux, et sur l'unique faute de goût de l'album, le soporifique Memento Mori qui vient presque gâcher l'apothéose finale. Le retour de Shai Hulud sur le devant de la scène rend presque service aux Pennsylvaniens, tant "Misanthropy Pure" n'avait pas convaincu les fans de la première heure: le "vrai" nouveau Shai Hulud ne vient pas de là où on l'attendait! Une surprise en forme de grosse baffe dans la tronche qui arrive à point nommé pour reprendre le flambeau du "vrai" metalcore, celui qui a des poils sur le torse plutôt que des mèches sur le front !


Rédigé par : Candiria-Thon | 16/20 | Nb de lectures : 10716