Si je vous parle de black avec synthé polonais, il y a fort à parier que beaucoup penseront à Vesania et consorts. Et pourtant dans l'ombre des meutes parties à l'assaut des charts, survit une bête qui renvoie les mièvreries de la bande à Orion dans les limbes qu'elle n'aurait pas quittées sans Behemoth. Ouais, je sais, j'aime bien faire de la provoc, parce que ça vous excite tout plein dans les comms. Il n'empêche que bien loin des superproductions vides de riffs à la Vesania, une autre solution polonaise est disponible pour les amateurs de noirceurs à synthé. Par exemple, Thirst. Je sais il y en a d'autres, mais Thirst est justement l'objet de cette chronique. Pour le reste, direction le forum.

Formé à l'aube de la précédente décennie (en gros, au début des années 90), le duo est déjà responsable de deux albums, de trois démos et d'un split. Si vous désirez vous plonger plus avant dans la disco des Polacs, Ritual for Blood paru en 2006 reprend les compos de The Might of the Pagan Belief sorti en 1994. Mais c'est quand Thirst est passé de groupe complet à duo que le bazar s'est vraiment emballé. Successivement, Per Aspera Ad Astra en 2004 puis le split tripartite avec leurs compatriotes d'Arkona et de Besatt vont lancer la machine à riffs de bien belle manière.

Si on peut regretter une production écrasant trop les guitares et une proximité avec In The Nightside Eclipse trop prononcée sur Per Astra..., ces défauts ont été atténués avec le temps et à l'heure de Blacklight il reste un black appuyé, blastant sa maman, et soutenu par des nappes d'un synthé qui sait rester éthéré. Certes, la référence à Emperor est encore possible, mais il serait injuste d'y cantonner un Blacklight bien furibard. Thirst propose ses atmosphères propres, et ses bourrinages noirs ne sont pas s'en évoquer les élans atmosphériques d'Arkona. En tout cas, la plongée dans les tréfonds est du même tonneau, Thirst restant par ses nombreuses mélodies bien plus accessible que leurs raw compatriotes.

Alternant entre matraquages et poses de thèmes (avec même des orchestrations plus poussées qu'à l'accoutumée), Thirst propose un album varié et efficace, en équilibre entre la haine et les mélodies. Ah ben oui, ce n'est pas l'album de l'année, mais c'est une alternative plus qu'agréable au black préfabriqué et surproduit.


Rédigé par : Prince de Lu | 15/20 | Nb de lectures : 10457