Il en est passé de l’eau sous les ponts depuis l’époque antique où Johnny Araya (le frangin de qui vous savez) se tripotait la basse sur la « demo series » de BLOODCUM en compagnie de Joey Hanneman (qui n’était finalement pas le frère de qui vous savez - vous me suivez ?). Pour sûr, ça remonte à un sacré bail, à un temps où mon auguste crâne s’ornait encore de cheveux hirsutes.
Et puis pfuit disparu, plus de Johnny et c’est probablement après avoir été retrouvé prisonnier des glaces canadiennes, en parfait état d’hibernation qu’on redécouvre désormais le p’tit dernier de la famille Araya chez les thrasheurs canadiens de THINE EYES BLEED.

Bon, outre le fait d’avoir une filiation familiale avec SLAYER, THINE EYES BLEED c’est aussi le groupe de Jeff Phillips, l’ex-gratteux live intérimaire des côtelettes de KITIE qui nous avait déjà prodigué son métal thrashy sur « In The Wake of Separation » un premier album que je m’étais farci. Quoi de neuf chez THINE EYES BLEED ? Hé bien après une jolie petite tournée à ouvrir pour la dernière « Unholy Alliance » de SLAYER (c’est beau ces liens fraternels tout de même…) et une apparition sur le DVD officiel de cette même tournée (ben t’en qu’on y est hein ?), le quintet de London, Ontario nous remet le couvert pour un deuxième album éponyme.

Outre le fait de bénéficier un artwork tellement laid qu’une table bancale refuserait d’être calée avec, on peut dire que THINE EYES BLEED a bien mis à profit les trois années qui se sont écoulées depuis « In the Wake… » puisque cette nouvelle rondelle démarre sur les chapeaux de roues avec une série de brulôts thrash trépidante à souhait. Les titres accrocheurs comme l’excellent « With burning breath », « The Dragon » ou encore « Crimson » agrippent l’oreille d’entrée de jeu. Même si THINE EYES BLEED s’ébattait précédemment dans la catégorie des « groupes-pas-dégueu-qui-se-laissent-écouter » difficile de ne pas remarquer la niak du groupe. Une combativité nouvelle de leur musique qui s’étend jusqu’au style de leur chanteur désormais plus agressif (il va finir par le bouffer son micro, c’est certain) et surtout plus supportable car moins nasillard que dans le passé. Et, même si sa voix semble aussi trafiquée qu’une poitrine de playmate, le résultat est fort appréciable.

Ok d’accord, c’est toujours un peu la même recette de thrash lorgnant sur le death avec une palanquée de riffs qui ont la gouache et quelques solos bien torchés histoire qu’on comprenne bien que les mecs ne jouent pas avec des moufles. Le batteur se fend même de quelques accélérations à la double qui booste un album aux tempos principalement thrash. Mais c’est dans la foulée du sixième titre « Moto Diablo », un énigmatique instrumental acoustique, que les choses prennent une tournure quelque peu différente avec « Truth in Evil » un titre plus sombre, plus personnel, aux rythmes plus appuyés. THINE EYES BLEED revient immédiatement à son thrash gambadant mais la transition est difficile. On a un peu l’impression que l’album s’essouffle et perd de son impact pour finalement se terminer sur des morceaux qu’on jugera « pas mal, mais sans plus ». Peut-être en, aurait-il été autrement si les Canadiens n’avaient pas délibérément placé une véritable cassure au milieu du disque. Peut-être en aurait-il été autrement s’ils avaient décidé de terminer sur les accords tourmentés de « Truth in Evil ». Difficile à dire mais une chose est certaine, THINE EYES BLEED a bien progressé depuis son premier album et, à vrai dire, on aimerait bien que ça continue avec le prochain. Visiblement le groupe sait faire autre chose que du bon thrash guilleret alors forcément, on va suivre ça de près.


Rédigé par : Tonton | 14/20 | Nb de lectures : 10406