THE VISION BLEAK - The Deathship has a New Captain (Prophecy/Adipocere) - 24/03/2004 @ 11h14
Sheb: Alors que certains, qu'il est inutile de citer ici tant chacun les reconnaîtra aisément, s'accrochent à leur groupe comme un pitbull au bras d'un nourrisson, même quand celui-ci semble avoir tout dit depuis des années, des lustres voire parfois des décennies, d'autres, beaucoup plus rares, ne tiennent jamais en place et n'hésitent pas à tout claquer pour repartir sur des bases totalement différentes. Markus Stock (ou Ulf Theodor Schwadorf, c'est au choix) fait partie de ces hommes, il n'a pas hésité à clore le chapitre EMPYRIUM après le somptueux "Weiland" estimant qu'il avait tout dit avec ce groupe qui était certes passé en l'espace de quelques albums d'un black metal à une musique dénuée de toute trace de métal mais d'une beauté rare et riche en émotions. Hormis sa participation, fut un temps, à AUTUMNBLAZE, on était depuis sans nouvelles de Schwadorf. Le voici revenu sur le devant de la scène avec THE VISION BLEAK, un nouveau projet qui se situe à des années lumières de EMPYRIUM, exit le dark/folk, place à un gothic metal grandiloquent qui nous emmène dans un monde théâtral peuplé de dandies et qui laisse la part belle aux guitares. Toute la panoplie gothique metal est ici déclinée: piano, synthés, chant féminin, passages déclamés. Le tout est soutenu par des guitares bien épaisses et des rythmiques lourdes à souhait. Le tout sans jamais tomber dans le kitsch ou le mauvais goût. Difficile de porter un jugement sûr avec un promo tronqué tel que celui-ci qui au total ne vous présente qu'une vingtaine de minutes du contenu de l'album mais le peu que j'ai pu en entendre a suffi à me convaincre de l'efficacité de cet album et à me donner envie d'en entendre plus. On est certes loin de la beauté d'EMPYRIUM (qui ne tarde pas à se rappeler à votre bon souvenir puisque le reste du CD est rempli d'extraits d'autres artistes de Prophecy productions, Auerbach tonträger, Ember music et Lupus lounge dont un extrait du "Waldpoesie" de EMPYRIUM) et on peut regretter une fois de plus que ce projet soit (définitivement ?) enterré mais cela est un autre débat. Schwadorf vogue pour l'instant dans d'autres sphères, insaisissable comme il est, on peut penser qu'il passera bien vite à autre chose, profitons donc vite de THE VISION BLEAK avant quil ne soit trop tard.
Note: 15/20

Uriel : Contrairement à ce pauvre Sheb qui se fait toujours avoir, j’ai a priori hérité d’un exemplaire promo contenant cet album dans sa version intégrale, raison suffisante pour suggérer une alternative à sa kronik.
Inauguré il y a trois ans comme demo-band occasionnel par un certain Ulf Theodor Schwadorf alias Markus Stock alias l’âme de feu Empyrium, The Vision Bleak figurait à l’époque un potentiel ciblé vers le créneau du rock pâle et romantique à l’ouest de Jeff Buckley et aux basques de To/Die/For. Il faut croire qu’à l’aube du premier album, une réflexion a donné lieu à un virage à 180° vers un concept plus ambitieux, susceptible de lancer le volet artistique de The Vision Bleak en osmose avec une image et un style emblématiques. Une belle opération de marketing global en quelque sorte. Ladite image joue à fond la carte du théâtralisme en projetant les acteurs et leur histoire dans un costume de petite aristocratie et un décor de fumoir victorien, là où les fantasmes de surnaturel et de mondes fabuleux s’envisagent en galante compagnie sous les vapeurs d’absinthe et les spirales ocres des cigares. « The Deathship Has a New Captain » relate en neuf chapitres l’un de ces contes brodés d’héroisme de salon, en la circonstance un récit impliquant un vaisseau fantôme, en faisant abondamment appel à l’emphase et aux effets romancés seyant à l’ambiance chimérique que le duo veut y insuffler.
The Vision Bleak parlent donc un langage qui devrait avant tout apprivoiser les aspirants-dandys amateurs d’horreur costard. L’ambiance y est comparable à celle que déployait le keyboard hero Charmand Grimloch avec son projet éclair Tartaros, la rapidité et le capharnaüm sonore inextricable en moins, les vocaux Garm-esques (arrogants diront certains…) en plus. Les idées de départ éveillent la curiosité et l’envie sauvage de se projeter dans une histoire dévorante. Mais à l’heure des bilans voilà un équipage qui, hélas, ne se mouille pas autant qu’on pourrait le croire de prime abord, et se « contente » d’appliquer une signature sonore un tant soit peu originale (on dira plutôt inhabituelle) à des recettes vite éventées que l’haleine virile des guitares ne masque qu’un temps. Animées par force teintes de claviers façon soundtrack de série B d’épouvante (en moins cheap quand même), les saynettes se succèdent, sportives ou mystérieuses, copieusement orchestrales ou plus directement paraboliques, sans qu’il ne s’y passe rien de vraiment important. Les segments plus rentre-dedans qui servent à cimenter le tout n’ont certes pas vocation à révolutionner le paysage vu et revu du gothic-rock, on aurait toutefois aimé y retrouver un peu plus de témérité rythmique, ou quelques riffs sortant du moule syndical, ne serait-ce que pour structurer avec davantage d’élasticité l’évolution du scénario mélodique qui, sait-on jamais, s’en serait peut-être trouvé pimenté d’autant. Malheureusement, passé l’effet de nouveauté et un certain crédit qualité plus ou moins conscient du à la présence de qui-l’on-sait à la baguette, le suspense périclite en même temps que le besoin s’installe de sauter telle ou telle partie au dénouement trop défraîchi. Pour la petite histoire, le micro est intercepté en une poignée d’occasions par une anonyme damoiselle dont la nécessité peut prêter à discussion, mais qui a le bon réflexe de ne pas trop dénaturer l’ensemble en cantonnant ses vocaux au domaine de l’ordinaire.
On apprend au passage une fois de plus combien il est difficile de s’écarter d’un format posé d’avance sans endommager la crédibilité de l’édifice. Preuve en est le dernier titre « Deathship Symphony », sans doute intrinsèquement - avec ses arrangements étagés et ses relents d’opéra tragicomique sur fond de translations délicieusement osées vers une mécanique black metal - la pièce maîtresse de l’album, mais qui, à cause du décalage de consistance flagrant avec ce qui précède et d’un positionnement finalement mal pensé, a toutes les peines du monde à enclencher la dynamique qu’il possède sous la pédale.
The Vision Bleak finissent, à l’épreuve des écoutes répétées, par empaler leur coque sur l’écueil de la redondance, si bien que mon conseil, aussi humble soit-il, sera de confiner l’ingestion de ce CD, pourtant tout à fait digne de respect, à des contextes bien particuliers style coin du feu pépère et bouteille de Verveine du Puy pendant le visionnage d’un classique de la Hammer, ou à la rigueur soirée à thème entre potes, mais quoiqu’il arrive pas trop souvent pour ne pas titiller le syndrome de l’écoeurement - un effet secondaire qui mériterait de figurer en contre-indication dans le livret.
Enfin voilà… Si l’objectif était de déconcerter, le contrat est rempli. S’il s’agissait aussi de séduire, on attendra une éventuelle deuxième couche. Ceci étant, il est toujours intéressant de voir que l’enseignement libertaire d’un groupe comme Arcturus peut faire école à des degrés et dans des contextes de transposition très divers. L’espoir n’est que plus concret de voir The Vision Bleak bourgeonner très prochainement dans la direction artistique qu’ils ont choisi de défricher. Schwadorf a enterré Empyrium au faîte de son éclat et il a eu raison, à présent il se trouve au pied d’un challenge bien différent qui n’est pas relevé d’avance, loin s’en faut : le vaisseau de la mort a peut-être un nouveau capitaine, reste encore à lui apprendre à manœuvrer le gouvernail !
Note: 11.5/20




Rédigé par : Sheb & Uriel | 13,5/20 | Nb de lectures : 10114




Auteur
Commentaire
FRançoi$
Invité
Posté le: 24/03/2004 à 12h33 - (7825)
J'ai reçu un peu par hasard un exemplaire promo (qui n'était pas pas pour autant complet, chaque titre se terminant vers 2 minutes... bref). Tout ça pour dire que comme ça été dit on est à des années lumières de Empyrium, autant dans le concept que dans le talent.

Uriel le dit très bien, "Il ne se passe rien". Le concept, je le trouve plus risible que crédible...

Inutile, et pas bon du tout.

Galhaeren
Invité
Posté le: 24/03/2004 à 19h06 - (7836)
Exploit individuel d'Uriel qui réussit le tour de force d'être plus emphatique que l'album :o)
Bon le 1er titre me laisse présagé le meilleur, des contes d'horreur dans un trip goth XIXe, faites pêter les ambiances... ben c'est raté ! On a droit à de gros riffs bien gras (non sans rappeler Metallica) qui arrivent là comme des poils de cul sur mon beignet aux myrtilles ! Roooh que ca me casse tout mon effet ! A plus faim... faut dire aussi que c'est un peu de ma faute, c'est moi qui partait avec une fausse idée de l'album, parceque reste que c'est plutôt bien foutu et ca reste sympa à écouter, toujours digeste quoi, avec en prime un super packaging et un cd2 très court mais très bon (comme quoi le dicton hein ?). Je rajoute un super bon point pour les rares soli qui n'arrivent jamais de nul part, comme c'est trop souvent le cas, ici toujours à propos et magistralement introduits dans la construction.
Hop 13/20

Solarfall
Invité
Posté le: 30/03/2004 à 11h08 - (7934)
Oh !! Vilain Uriel !!
Oser taxer Tartaros de "capharnaüm sonore inextricable" !!! J'ai honte pour toi, vilain garnement, va vite reecouter "The Grand psychotic Castle" encore et encore et repend toi ! :)

Krakoukass
Invité
Posté le: 18/04/2004 à 19h49 - (8261)
Bah moi j'aime pas du tout EMPYRIUM et je trouve ce Vision Bleak très bien par contre, mais peut être que ceci explique cela...
En tout cas je vous trouve bien sévère, je me fous personnellement pas mal de son concept, je mets le disque j'appuie sur "Play" et je trouve ce qui sort très accrocheur et très bon. Quant au chant je ne suis pas d'accord pour la comparaison avec Peter Steele, c'est plus proche de Nick Holmes dernière période...

solarfall
Membre enregistré
Posté le: 24/01/2005 à 19h46 - (12948)
Sinon, pour en revenir à ce disque, c'est un divertissement très agréable et hyper efficace, avec des touches de Him et de Pain ici et là... Alors bien sûr, c'est a des années lumieres d'Empyrium, mais il n'empeche que c'est un disque très sympa.



Malt a Whisky
Invité
Posté le: 05/03/2005 à 14h22 - (13953)
stéréotypé et ridicule, je n'ai rien d'autre a dire sur cet album.
un croisement entre dimmu, cradle, rammstein et manson?

la bouse de l'année. a jeter

Noar
Membre enregistré
Posté le: 02/09/2005 à 13h47 - (18570)
Le nouveau est vraiment bon!



shadow
Invité
Posté le: 25/10/2005 à 17h14 - (20250)
je trouve cet album très simpa à écouter alors en attendant le prochain...je tire mon chapeau à ce groupe et je remet le cd à fond!!

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