Hardcore et hip hop ont toujours entretenu de bons rapports. Il n’est pas rares que les genres s’interpénètrent, que certains rappeurs viennent poser leur flows sur des skeuds hardcore et que certaines grandes voix du hardcore s’essayent avec plus ou moins de succès il faut bien l’avouer, au hip hop. Les Italiens de THE VENDETTA ont décidé d’aller plus loin et de réunir les deux mondes sur un seul et même album. Cela n’est pas neuf, on se souvient de la B.O incendiaire « Judgement Night », mais c’est suffisamment rare que pour être souligné. Les réfractaires aux rythmes syncopés, au scratch et au flow from the street peuvent d’ores et déjà passer leur chemin, cet album n’est définitivement pas pour eux.

DANNY DIABLO est la face hip hop du « légendaire » Lord Ezec, grande figure de la scène NYHC. THE VENDETTA est un combo hardcore italien de seconde zone. Lorsqu’on tente ce genre de partouzes des genres il est préférables d’associer le meilleur des deux sexes. Ce qui n’est pas le cas sur cet album. Ni le groupe hardcore, ni DANNY ne sont des pointures dans leur genre et de fait leur travail commun dépasse rarement l’anecdotique. Heureusement quelques guests viennent sauver l’entreprise du naufrage. On notera la participation tout en riffs heavy de Michael Lagerblad sur plusieurs titres, le flow zozotant de Necro sur « Mechanix» et les braillements de crapaud de Roger Miret. Le reste n’offre guère de raisons de s’enthousiasmer. La plupart des titres mêlent hardcore classique sans originalité et hip hop de troisième zone car, comme je l’ai déjà dit plus haut, Danny Diablo n’est pas un très bon rappeur. Déjà qu’en hardcore c’était pas vraiment ça… Honnêtement à part le premier et seul album de SKARHEAD, le reste de la discographie du gaillard est totalement dispensable. Comme cette collaboration.

Le problème majeur de cette production est que, outre la qualité médiocre de la majorité des morceaux, il est impossible de vraiment savoir qui a fait quoi. Qui compose, qui joue, qui écrit les lyrics,… Je me demande vraiment où est l’intérêt de THE VENDETTA là-dedans, car à part passer pour d’affreux opportunistes capitalisant sur le nom de DANNY DIABLO pour vendre trois albums, je vois pas vraiment. L’impression globale procurée par l’écoute est la même que celle procurée par le Zapping de Canal. On passe plus ou moins du coq à l’âne sans aucune raison apparente et au final "When World Collides" s’apparente à la chaîne Hardcore disponible sur GTA. Une compile qu’on écoute comme ça, en faisant autre chose. Son ménage ou sa lessive par exemple. Dans ces conditions l’album se laisse écouter mais autrement, c’est moins le cas. Ca partait plutôt bien avec une bonne triplette en ouverture « We’ll Never Fall », bon titre de hardcore basique mais efficace suivi de «Never Satisfied » titre qui doit tout aux riffs heavy mélodiques de Michael Lagerblad et au flow tranquillou de Ceekay Jones, membre annexe du collectif La Coka Nostra. Ce triplé gagnant se termine par le remix d’un ancien titre des Beastie Boys « Looking Down The Barrel Of A Gun » (présent sur Paul’s Boutique) réhaussé une nouvelle fois par les excellents solos de Michael Lagerblad. Passé ces trois premiers morceaux le reste de l’album s’essouffle et les compos finissent submergées par les riffs bateau, les vocaux limités de Lord Ezec et un sérieux déficit de composition et de songwriting mêlant pêle-mêle hardcore, metal et hip hop ;

NECRO, le Death rappeur permet à l’ensemble de sortir la tête de l’eau sans se fouler, en balançant des rimes basée sur le name dropping dont il a le secret. Passer ce dernier sursaut d’orgueil, plus rien d’intéressant à signaler et "When Worlds Collide" peut mourir de sa belle mort pendant que vous terminez tranquillement d’étendre votre linge. Une belle tentative soldée par un échec mais qui m’aura au moins donné l’envie de ressortir mon « Judgement Night » et permis de terminer la vaisselle qui commençait à s’accumuler dans mon évier.


Rédigé par : Seb On Fire | 10/20 | Nb de lectures : 10441