Sword, Gods, Earth, une jaquette digne d’un album de Manowar… Les a priori concernant ce second album des Texans de The Sword auraient de quoi faire fuir le plus tolérant des coreux. Mais la claque prise il y a deux ans avec ‘Age Of Winter’ les contrebalancait largement, et c’est avec impatience que je me suis plongé dedans. Qu’en est-il après plusieurs semaines d’écoutes intensives ?

La recette du groupe ne change pas : prenez une grosse dose de Black Sabbath, ajoutez un soupçon d’Iron Maiden, un univers ringard à la Manowar, une pointe de Skyclad et une technique irréprochable pour rehausser le tout, mélangez, laissez mijoter quelques semaines, voilà, vous obtenez le bon gros stoner de The Sword. Evidemment, la comparaison avec ‘Age Of Winter’ va être inévitable. Tout d’abord, la production semble plus lourde et ‘sombre’, un peu moins cristalline, notamment au niveau du mixage de la voix. Le sieur Cronise nous gratifie toutefois d’une superbe performance tout en apparaissant plus en retrait cette fois-ci. Ceci dit, c’est un mal pour un bien, puisqu’il ne vampirise pas l’équilibre musical comme il pouvait peut-être le faire auparavant. C’est la très grande force de ce groupe, on ne se focalise sur aucun instrument et on se laisse envahir par leur univers. Les riffs groovy donnent généralement bien envie de headbanguer et certains leads et solis sont particulièrement bien trouvés et doivent être un cauchemar à Audiosurf! ‘Lords’ et ‘To Take The Black’ en sont l’exemple parfait: leitmotiv technique entraînant sur fond de riffs de bûcherons, voix planante, atmosphère éthérée envoutante… Bien sûr, l’effet de ‘surprise’ ne fonctionne plus, mais les Texans ont eu l’intelligence de varier les plaisirs, intégrer des plans acoustiques et folks (‘To Take The Black’, ‘Untitled’) ou encore proposer des progressions rythmiques et mélodiques superbes (‘The White Sea’, avec sa montée Led Zeppienne). Je dois avouer avoir mis un peu plus de temps que sur ‘Age Of Winters’ pour accrocher aux morceaux et rentrer dans ce disque, mais depuis que j’y suis, je m’y sens bien, je ne veux plus en sortir. Les quelques défauts subsistants seront les mêmes que ceux qui caractérisaient leur précédente œuvre: l’absence évidente d’originalité amenant cet inévitable sentiment de ‘déjà-entendu’, des longueurs sur certains titres, des paroles plutôt puériles et risibles quand on a dépassé les 14 ans et que le Seigneur des Anneaux n’est qu’un souvenir d’adolescence… Cependant, les qualités de cet album sont suffisamment nombreuses pour oublier ces quelques défauts, qui peuvent de toutes façons être attribués à tous les groupes de stoner, quels qu’ils soient.

Après un ‘Age Of Winter’ impressionnant de maîtrise pour des petits nouveaux, ‘Gods Of The Earth’ vient installer The Sword plus loin dans le roc des groupes avec lesquels il va falloir compter. Et je ne vois pas de Lancelot à l’horizon pour venir les déloger d’ici peu. A conseiller à tous les fans nostalgiques du bon Black Sabbath, de Cathedral et de stoner au sens large. J’y retourne…


Rédigé par : Candiria-Thon | 15/20 | Nb de lectures : 11410